Lundi 16 décembre, le Conseil de l’Union européenne a adopté un 15e paquet de sanctions économiques contre la Russie. Mesures contre des entités ou personnalités mises en place à la suite de l’invasion de l’Ukraine, débutée en février 2022, afin de freiner l’effort de guerre de Moscou.
Parmi les nouvelles sanctions, la liste des navires soumis à une interdiction d’accès aux ports européens et à une interdiction de fournir une large gamme de services liés au transport maritime a été allongée. Pas moins de 52 nouvelles unités ont été ajoutées, portant le nombre total de navires désignés à 79. Cette mesure vise notamment « les pétroliers non européens qui font partie de la flotte fantôme de Poutine qui contourne le mécanisme de plafonnement des prix du pétrole ou qui soutiennent l’énergie russe ». secteur, ou des navires chargés de transporter du matériel militaire pour la Russie ou impliqués dans le transport de céréales ukrainiennes volées », précise le Conseil de l’Union européenne.
Parmi les nouveaux navires visés figure le Christophe de Margerie, premier de la flotte de méthaniers Arc7 construits pour exporter le gaz liquéfié produit par le terminal méthanier de Yamal, projet porté par le groupe russe Novatek (60%), Total (20%) et China National Petroleum Corporation, mise en service fin 2017. En juin de la même année, le Christophe de Margerie, construit par le chantier coréen Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering, a été mis en service. inauguré en grande pompe à Saint-Pétersbourg, en présence de Vladimir Poutine. Appartenant à l’armateur russe Sovcomflot et géré directement par Yamal LNG, ce navire a été nommé en l’honneur de l’ancien président du groupe français Total, décédé dans un accident d’avion à Moscou à l’automne 2014. Long de 299 mètres, capable de transporter 172 600 m3 de GNL et capable de traverser des glaces de plus de 2 mètres d’épaisseur, le Christophe de Margerie était le premier d’une série de 15 navires, les autres étant exploités par des compagnies internationales. armateurs, tels que Mitsui OSK Line, Teekay et Dynagas. Une flotte chargée de transporter le GNL produit sur la péninsule sibérienne de Yamal depuis le port de Sabetta vers l’Europe ou l’Asie via l’Arctique. Les ports européens ont été les premiers et principaux clients de ce trafic de GNL, en partie transbordé sur des navires méthaniers traditionnels pour approvisionner différents marchés internationaux. En France, les terminaux méthaniers de Dunkerque et de Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire, ont reçu de nombreux Arc7 de Yamal depuis 2018, dont le Christophe de Margerie, pour des approvisionnements directs ou des transbordements.
Christophe de Margerie arriving in Saint-Nazaire in 2018.
Le Christophe de Margerie au terminal méthanier de Montoir en avril 2018, transbordant sa cargaison de GNL sibérien à bord du Grace Cosmos.
Cette flotte de méthaniers brise-glace a permis à la Russie d’exporter des millions de m3 de GNL vers l’Europe ou, via elle, via des transbordements, d’atteindre d’autres marchés internationaux. Une activité qui n’était pas encore tombée sous le coup des sanctions, ces approvisionnements étant considérés par certains pays européens comme nécessaires. A tel point que, si les expéditions de gaz russe vers l’Europe via des gazoducs ont quasiment cessé depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, les arrivées de GNL dans les ports français, ou encore à Zeebrugge en Belgique, se poursuivent. Il a fallu attendre le 14e paquet de sanctions, approuvé le 20 juin, pour que l’Union européenne commence à s’attaquer à cette activité. Ainsi, les opérations de transbordement de GNL en provenance de Russie seront interdites dans les ports de l’UE à partir de mars 2025. Les approvisionnements directs des besoins européens pourront néanmoins se poursuivre.
Le Christophe de Margerie en escale technique à Brest en 2021.
Outre ses opérations commerciales, il est à noter que le Christophe de Margerie ne pourra plus effectuer ses escales techniques en Europe, comme ce fut le cas en 2021 au chantier Damen de Brest, qui avait assuré sa révision quinquennale. et accueille régulièrement d’autres méthaniers de type Arc7.
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