Le débat sur les « repentis » relancé en France ? Le statut italien de « collaborateur » de la justice a permis à un chef mafieux d’avouer un crime commis en Corse et de faire tomber des dizaines de personnes. Il devrait être adopté en France, ont plaidé lundi à Marseille les procureurs italiens et français.
Le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, a convoqué lundi trois procureurs italiens à la presse, après l’arrestation, début décembre, de quatre personnes en Corse et de quatorze en Italie dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Paul-Félix. Paoli, gestionnaire de plage, en août 2023, sur l’Île de Beauté.
Une première
Arrêté en 2024 en Corse après plusieurs mois de cavale, Marco Raduano, le patron de la Società Foggiana, un groupe mafieux actif dans les Pouilles (sud), « a accepté de collaborer » et a reconnu devant les autorités italiennes être « l’auteur direct » de cet assassinat, a rapporté Nicolas Bessone.
“C’est la première fois qu’un collaborateur de justice étranger reconnaît des faits sur le territoire national”, a indiqué Nicolas Bessone, ajoutant : “Si Marco Raduano était français, il ne pourrait pas bénéficier du statut de collaborateur puisque, comme vous le savez, , notre législation exclut les auteurs de crimes de sang et les sponsors du bénéfice de ce statut. »
Pour son homologue de Bari, Roberto Rossi, « c’est une erreur de considérer que la collaboration pour les crimes les plus graves est scandaleuse : nos collaborateurs sont des outils pour éradiquer le crime organisé ».
“Cela nous aide à gagner des procès”
Le procureur national adjoint italien, chargé de la lutte contre la mafia, Michele Prestipino, a ajouté : « Rien ne vaut les déclarations d’un collaborateur de justice », parce que « cela nous aide à construire et à gagner les procès mais aussi parce que leur existence démontre que les mafias peuvent être battus, ne sont pas invincibles et qu’il est possible de s’en sortir autrement que d’être tués. » Le parquet a également indiqué que cette enquête avait révélé des liens, jusqu’alors inconnus, entre les milieux criminels des Pouilles et de Sardaigne et la mafia nationaliste corse.
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Marco Raduano a en effet indiqué avoir assassiné Paul-Félix Paoli “dans le cadre d’un échange de services avec des membres de ce mouvement nationaliste corse qui l’avaient aidé à s’exfiltrer de Sardaigne et à assurer sa fuite en Corse”, a précisé Nicolas Bessone. Dans le cadre de cette enquête, Marc Furfaro, ancien candidat indépendantiste à la mairie de Lucciana (Haute-Corse), a été arrêté, accusé d’avoir aidé Marco Raduano dans sa fuite.
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