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Après la chute d’Assad, “Israël n’a qu’un intérêt : protéger ses frontières”

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Narratif Selon les experts israéliens, l’État hébreu entend saisir l’opportunité du changement de régime syrien pour détruire les infrastructures militaires de son voisin.

Personne en Israël n’aurait imaginé, il y a à peine deux jours, que des troupes pourraient franchir la frontière syrienne. Cependant, lundi 9 décembre, des chars de Tsahal sont entrés dans la zone démilitarisée entre les deux États. Le lendemain, des sources locales affirmaient les avoir aperçus bien au-delà des quelques kilomètres touchés, alors qu’en moins de douze heures l’État hébreu a touché pas moins de 100 cibles. Au total : 250 depuis la prise de Damas par les rebelles syriens quelques jours plus tôt. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a confirmé que Tsahal visait des cibles stratégiques dans le pays. Usines d’armes, stocks, base navale de Lattaquié, aéroports… Au point que l’envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie a demandé à l’État hébreu de cesser ses opérations militaires.

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Officiellement en guerre avec la Syrie depuis sa création en 1948, Israël ne dispose plus de troupes terrestres depuis 1974. Un calme relatif s’est maintenu entre les deux Etats, hormis quelques attaques israéliennes ciblées occasionnelles qui s’étaient concentrées ces derniers mois sur les forces libanaises du Hezbollah sur place.

Mais la chute du régime de Bachar al-Assad après l’offensive éclair des rebelles islamistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTC) a accéléré la décision israélienne d’intervenir.

Même si le renversement du dictateur syrien n’a pas fonctionné, l’État juif porte une part de responsabilité dans les soulèvements syriens. Le succès de l’offensive contre le Hezbollah libanais, protecteur de Bachar al-Assad, a en effet donné l’occasion aux rebelles du HTC de lancer leur attaque.

Crainte concernant les stocks d’armes syriens

Mais pour les Israéliens, l’effondrement du régime n’est pas « ni bonne ni mauvaise nouvelle »» déclare Avraham Levine du Centre de recherche Alma spécialisé dans l’analyse du front nord, lors d’une réunion à la frontière libanaise. « Israël a réussi à garder ses distances avec les bouleversements politiques qui surviennent en Syrie depuis 2011. Nous n’avons pas fait de choix entre un dictateur et le chaos pendant toutes ces années. Et même aujourd’hui, nous resterons à distance. Aucun des acteurs n’est en notre faveur.”souligne le chercheur. Il rappelle que « Al-Joulani », le nom de guerre du leader du HTC, signifie « du Golan », le plateau du sud de la Syrie annexé par Israël en 1982. Le souvenir, pour lui, d’un objectif exprimé par le combattant islamiste.

La crainte de voir les stocks d’armes syriens tomber entre de mauvaises mains et la déstabilisation durable du pays inquiètent le gouvernement israélien et l’état-major de Tsahal. « Le démantèlement du pays est tout à fait possible aujourd’hui, estime Uzi Rabi, directeur de l’Institut Moshe Dayan, spécialisé sur le Moyen-Orient. Et quel que soit le scénario que nous prévoyions, il pourrait y avoir un écart considérable entre notre vision et la réalité. » Cette grande incertitude, conjuguée à la menace du chaos, a poussé l’État juif à profiter de la confusion générale pour mener à bien ses opérations. Pour Avraham Levine, « L’armée israélienne n’a d’autre choix que d’intervenir en Syrie pour assurer la sécurité du pays. Israël n’a qu’un seul intérêt : protéger ses frontières. ».

Maintien des positions israéliennes dans la zone démilitarisée

Au point d’occuper le sud du pays ? Kobi Michael, expert de l’Institut d’études stratégiques nationales (INSS), ne croit pas à cette option : « Il existe d’autres moyens de maintenir la sécurité à la frontière, notamment en développant une bonne coopération avec les Syriens dans la zone frontalière. Une approche déjà adoptée au début de la révolution syrienne en 2011 ». Le chercheur, qui n’exclut pas le maintien de certaines positions israéliennes dans la zone démilitarisée, ne croit pas qu’Israël veuille pousser davantage la situation à son avantage d’un point de vue territorial. Mais il insiste : « Après le 7 octobre, plus que jamais, Israël s’efforcera de préserver ses intérêts vitaux. »

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Le 10 décembre au soir, Tsahal estimait que 80 % des capacités stratégiques de l’armée syrienne avaient été détruites et indiquait qu’elle se préparait à étendre sa présence dans la zone démilitarisée.

Par Céline Lussato (envoyée spéciale d’Israël)

 
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