Depuis lundi, l’impulsivité des accusés ne surprend plus le tribunal. Pourtant, ce mardi, en milieu d’après-midi, lorsque Kamel Mouliem s’est adressé à la présidente en lui demandant : « Tiens, ton délire c’est de montrer à tout le monde que je suis violent ? », le - semblait s’être arrêté. Stoïque, le magistrat a relancé le dialogue. Tapotant sur les bords de sa boîte, l’homme, aujourd’hui âgé de 35 ans, n’a jamais saisi les bâtons qu’elle lui lançait.
Ongles cyanosés
Il est même revenu sur ses refrains de la veille, estimant « infondée » la thèse de l’étranglement ayant provoqué la mort de sa compagne, Clara, 18 ans, en août 2021, à Morlaix. Le président a rappelé que le médecin légiste oscillait entre l’hypothèse d’un traumatisme crânien ou d’une compression cervicale, énumérant les ongles cyanosés, les pétéchies (éruptions cutanées) sur la peau du défunt et la plus grande fluidité du sang, qui confortent plutôt la seconde hypothèse.
“Où est le pot de lissage ?” »
L’accusé n’a rien à voir là-dedans. « Ce ne sont que des taches ! » A chaque fois, vous êtes concentré sur l’étranglement ! », s’exclame-t-il. Le comble de la victimisation survient peu de - après, quand soudain il s’étonne, à propos de la boîte contenant les scellés de l’enquête : « Pourquoi ne l’ouvre-t-on pas ? Où est le pot du lisseur (une crème cosmétique qui, pour lui, prouve que la victime le trompait, NDLR) ? En fait, vous choisissez ce que vous voulez me facturer ! « .
Ex-toxicomane
Kamel Mouliem est né à Paris, de parents camerounais venus étudier en France. Ils ont divorcé quand il avait quatre ans. Il grandit ensuite entre la France et le Cameroun, et obtient un BTS en action commerciale, puis une licence. Il découvre le cannabis à 14 ans, puis s’essaye au crack, et devient accro aux drogues dures à 24 ans. Il développe de graves troubles psychologiques entre 2015 et 2019. Après plusieurs hospitalisations forcées, il arrive chez un oncle à Morlaix en 2019 et décroche un emploi. comme inséminateur de volailles. Son cousin le trouve alors « changé, beaucoup plus impulsif ». Lui dit qu’il est « entier ». Il rencontrera Clara par hasard, dans un bus, en juillet 2020…
« La prison, c’est dur »
Cet homme « entier » compte déjà deux mentions à son casier judiciaire. Il a été condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir agressé Clara le 17 février 2021. Le 29 novembre 2024, il a écopé de 12 mois de prison, et de la révocation de trois autres mois, pour avoir agressé un détenu avec trois complices. Kamel Mouliem l’a frappé et lui a écrasé la tête avec son pied car sa victime avait révélé au surveillant qu’elle avait été menacée de mort. Concernant cette procédure, il préfère se victimiser : « la prison, c’est dur. Je le prends, je le prends… ».
“Pas d’autocritique”
Le psychiatre qui l’a examiné n’a pas détecté de troubles psychiatriques mais « des traits de personnalité antisociaux, ancrés et très présents, et des traits pathologiques d’agressivité et d’impulsivité ». Selon lui, il ne développe « aucune autocritique à l’égard de la prise de substances toxiques. Il a vraiment un problème à ce sujet. Il a pris la décision de continuer à consommer malgré les risques pour sa compagne et son enfant. Nous sommes confrontés à un trouble d’usage grave et chronique. Tout apport de substances toxiques est susceptible d’induire des actes hétéroagressifs. « .
“Nous pouvons modéliser les femmes”
Le procureur général, Emmanuel Phelippeau, quitte les sphères médicales pour amener l’accusée à sa vision générale des femmes. Dans un message WhatsApp adressé à son beau-père, Kamel Mouliem a écrit : « On peut modéliser les femmes, quelle que soit leur origine. » Un autre message intrigue : le 15 juin 2021, Clara lui a demandé si elle pouvait enfiler une robe, car elle avait chaud. « Elle portait ce qu’elle voulait ! », élude-t-il. Emmanuel Phelippeau revient à la charge, constatant que la mère de Clara ne pouvait plus venir à l’improviste dans l’appartement de la cité Kerfraval, et que Clara n’avait pas été autorisée à se rendre à l’anniversaire d’une de ses amies. « Cela ressemble à une relation de contrôle, n’est-ce pas ? « . Le verdict est attendu mercredi soir.
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