Par
Margaux Desdet
Publié le
10 décembre 2024 à 19h26
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LE inondations d’octobre 2024provoquée par la tempête Kirk, a frappé la ville de Crécy-la-Chapelle, in Seine-et-Marnede front. Dans certaines habitations, la montée des eaux a atteint 1,70 mètre. La maire, Christine Autenzio, dresse un bilan accablant, mais insiste sur efforts de solidarité et de reconstruction qui font suite à cette catastrophe naturelle, qui laisse encore des séquelles deux mois plus tard.
Un impact bouleversant
« On était en période de guerre, quelque part : plus rien n’existait, tout était fermé, des gens se faisaient tuer… C’était un moment irréaliste, où la vie s’est arrêtée », confie Christine Autenzio, soulignant l’atmosphère de choc et de désolation qui a envahi la ville.
Nous avons été très impactés. D’habitude, Crécy-la-Chapelle est une ville animée, mais ici nous avons vécu une terrible épreuve.
Les chiffres sont impressionnants. Environ 250 foyers ont été touchés, 79 commerces fermés sur la centaine en activité et les coûts liés aux dommages estimés à environ 6 M€. Au total, 41 magasins n’ont toujours pas rouvert, et certains resteront encore fermés pour une durée indéterminée.
Les inondations ont également submergé des bâtiments publics, dont la mairie, touchée par la salle des mariages et la salle des fêtes, locaux associatifs qui ont également dû cesser leurs activités, l’église Saint-Georges ou la Collégiale rendant impossible la tenue des messes qui ont eu lieu depuis à Voulangis et Villiers-sur-Morin.
« C’est une catastrophe, tant humaine que matérielle. Les vieux Créçois n’ont jamais vu ça», ajoute l’élu, qui évoque la rareté et l’intensité d’un tel événement dans l’histoire de la ville.
Une accumulation de facteurs aggravants
Le phénomène exceptionnel, que la maire de Crécy-la-Chapelle Christine Autenzio espère être les crues centennales, a été provoqué par une accumulation de plusieurs facteurs climatiques inhabituels. En effet, les précipitations ont été particulièrement importantes avec 30% d’eau en plus par rapport aux autres années. Les sols et les champs étaient donc saturés d’eau lors du passage de la tempête Kirk le 9 octobre, déversant en une seule journée l’équivalent d’un mois de pluie. Tout cela ne favorisait donc pas le débit naturel du Morin.
Par ailleurs, la question suivante est au cœur des discussions : Crécy-la-Chapelle a-t-elle été victime collatérale d’un plan de gestion des risques visant à protéger Paris ? C’est en effet une question qui a été posée au député et ancien ministre, Franck Riester, qui a répondu par la négative.
Des mesures immédiates pour faire face
Face à la catastrophe, la priorité était deaider les habitants et les commerçants à se remettre sur pied. « Au lendemain des inondations, nous souhaitions que Crécy revienne à la normale », explique le maire. Les services municipaux ont immédiatement entrepris une nettoyage de la villedes fossés, ont mené une réhabilitation de certaines routes et des purges dans certaines rues. Pour tout remettre en place, 70 sauts ont été déposés dans les zones les plus touchées. Ce sont environ 60 m3 de stockage qui ont été constatés par les services techniques qui se sont déplacés, rue par rue, pendant plus d’un mois.
« Nous avons franchi cette étape avec l’aide du Département, de la communauté d’agglomération Coulommiers Pays de Brie et d’autres maires des alentours bénévoles. Il y avait de la solidarité», explique Christine Autenzio.
De la centres d’accueil d’urgence ont été mis en place pour permettre aux résidents d’identifier leurs besoins et de leur apporter un soutien financier et logistique. Là Cellule d’urgence médico-psychologique de Coulommiers prend également en charge certains citoyens et commerçants.
De son côté, Châteauform’ a libéré une cinquantaine de chambres pour les mettre à disposition des sinistrés à un tarif très préférentiel. Cet accompagnement temporaire a apporté un certain réconfort à une quinzaine de familles en détresse. « Quand on est dans cette situation et qu’on sent qu’il y a de la chaleur, qu’on est accueilli dans une jolie chambre, un bel environnement… Ça fait un peu du bien, on respire », raconte Christine Autenzio.
De plus, la municipalité a alloué 10 000 euros au Centre communal d’action sociale (CCAS) pour apporter un soutien direct aux familles.
Quant aux commerçants, la Chambre de Commerce a organisé des permanences téléphoniques pour les conseiller et les accompagner dans leurs démarches de redémarrage.
Les défis financiers de la reconstruction
La mairie estime 170 000 € le coût des dégâts supporté directement par la collectivité. “Pour nous, cela se passe d’une manière que nous n’avions pas du tout prévue financièrement”, souligne Christine Autenzio, qui a repris il y a deux ans une mairie fragilisée dans ce quartier. « L’année dernière, nous avons rééquilibré les chiffres, sans pouvoir faire de grands projets. Ces coûts s’ajoutent à notre situation et nous impactent encore plus. Nous verrons comment procéder limiter les dégâts sur le futur budget 2025 », explique-t-elle.
Des appels à subventions ont été lancés auprès de la Région Ile-de-France et du Département de Seine-et-Marne.
Gestion des risques à long terme
Alors que la ville commence lentement à se redresser, Christine Autenzio insiste sur la nécessité de une gestion des risques plus proactive. “La peur est permanente dès qu’il pleut”, explique-t-elle en désignant le vulnérabilité de Crécy-la-Chapelle aux inondations. Le phénomène de la « Venise Briarde », surnom de la commune, se répète régulièrement. Avec quatre inondations en 2024en février, août, septembre et octobre, le maire appelle à une planification sérieuse et à l’identification de bassins de rétention pour mieux gérer l’eau et éviter de nouvelles catastrophes. Tout cela, le Smage (syndicat d’aménagement et de gestion des eaux mixtes) du 2 Morin.
« Nous espérons qu’un programme, avec une chronologie, des dates, nous sera présenté, et qu’il sera accéléré », développe Christine Autenzio.
Il faut aussi protéger les communautés qui ont été touchées, sinon demain personne ne voudra s’installer ici et il serait dommage de laisser la communauté s’endormir alors qu’elle est bien vivante.
Le maire souhaite tout de même une précision : « Quand on habite dans une zone à risque, on sait qu’à un moment donné, une inondation est possible. Il faut donc au moins planifier… Il faut aider ceux qui en ont besoin à s’équiper préventivement, mais il faut aussi tout le monde prend ses responsabilités selon l’endroit où il habite. »
Regard vers l’avenir
Malgré l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir et un chemin de reconstruction encore long, Christine Autenzio exprime la volonté de donner de l’espoir à la ville. «Je voudrais rendre la ville heureuse. Il y a eu des défis, c’est fini, il faut réfléchir à la suite », conclut-elle. En cette période de fêtes de fin d’année, elle souhaite que la ville regarde vers l’avenir avec des projets joyeux et fédérateurscomme le marché de Noël. « La vie, c’est aussi ça. Il faut revenir à des choses plus légères », insiste-t-elle.
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