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Publié le 11 décembre 2024
L’Autorité de la concurrence vient de prononcer une sanction financière de 14,5 millions d’euros à l’encontre d’Air Caraïbes et d’Air Antilles. Entre 2015 et 2019, les deux compagnies aériennes se sont accordées à plusieurs reprises pour réduire le nombre de sièges disponibles et gonfler leurs prix de plusieurs dizaines d’euros sur des liaisons qu’elles étaient souvent les seules à exploiter.
« De graves pratiques de la part de deux opérateurs en situation de duopole sur un territoire insulaire à la clientèle captive également soumise au phénomène de cherté de la vie. » L’Autorité de la concurrence s’en prend à Air Antilles et Air Caraïbes et leur inflige une sanction financière de 14,5 millions d’euros. Parce que ces compagnies aériennes ont « entendu sur les tarifs et l’offre (créneaux horaires et fréquences) » de liaisons entre îles de la Caraïbe française et internationale à de multiples reprises entre 2015 et 2019. Ces accords secrets concernaient notamment les lignes « reliant Pointe-à-Pitre et Fort-de-France, ainsi que celles entre chacune de ces deux villes et Saint-Martin, Sainte-Lucie et Saint-Domingue » ».
feuilleton à rebondissements
Pour bien comprendre, remontons à 2015. A l’époque, les entreprises sortaient d’une période où leurs prix étaient orientés à la baisse (-10% en deux ans). Ils entament alors des discussions secrètes. « S’il ressort de ces discussions que la méfiance régnait entre les deux compagnies, ces échanges ont néanmoins effectivement conduit à des engagements pris par Air Antilles relatifs aux conditions applicables aux tarifs.explique l’Autorité de la concurrence, sans préciser l’impact concret sur les prix applicables aux voyageurs. Les relations se dégradent alors. » UN « le tarif était » puis s’ouvre « entre mars 2016 et mars 2017 ». Citée par l’Autorité de la concurrence, une agence de voyages décrit l’ambiance de l’époque : « Lorsqu’une entreprise faisait un tarif promotionnel, nous recevions quelques heures plus tard le même tarif inférieur d’un euro à celui du concurrent. De manière générale, Air Caraïbes a été à l’initiative des premiers tarifs attractifs. »
Barèmes de prix communs
Très vite, les prix des billets baissent. « Il ressort d’un procès-verbal du conseil d’administration d’Air Antilles qu’au cours de l’exercice 2016, le tarif affaires a baissé de 50 % et le tarif loisirs de 30 %, entraînant une augmentation de 15 % du nombre de billets vendus mais une baisse de chiffre d’affaires de 6 millions d’euros »note l’Autorité de la concurrence. Ces entreprises effectuent donc un virage à 180°. « Air Antilles et Air Caraïbes se sont réunies pour négocier des accords fixant les prix et les conditions tarifaires »signale l’autorité. Les discussions ont commencé dans la plus grande discrétion. Utilisation d’adresses email non professionnelles, utilisation de pseudonymes et noms de code, recours à des intermédiaires, etc. “Le degré de sophistication dans la dissimulation des échanges était élevé”, expose l’autorité. Car l’objectif était sulfureux : réduire l’offre et ajuster les grilles de prix sur les lignes où les entreprises s’affrontaient directement. « À partir d’avril 2017 et la reprise des échanges, [les prix moyens] connaît une très forte augmentation (de 30 à 80 % selon les raccordements) et atteint des niveaux supérieurs à ceux observés avant mars 2016. Autrement dit, le prix moyen d’un billet augmente de plusieurs dizaines d’euros ! Les discussions se sont même terminées « à partir de la saison hiver 2017/18, la mise en place de tarifs communs […]. Ces pratiques faisaient partie d’un « accord de non-agression » dont le volet tarifaire interdisait à chacune des deux sociétés d’être la moins-disante.met l’accent sur l’autorité. Cet accord a duré au moins jusqu’à fin 2019.
Pour couronner le tout, même lorsque l’ouragan Irma a frappé les Antilles et ravagé Saint-Martin en 2017 et qu’il a fallu désenclaver l’île au plus vite, ces entreprises ont coordonné leurs prix. « Suite à l’ouragan Irma, Air Antilles et Air Caraïbes ont discuté du « tarif compassionnel » à appliquer dans le cadre du « rapatriement humanitaire » et des entités chargées des secours et de la reconstruction »relate l’Autorité de la concurrence, qui souligne que pour le prix « rapatriement humanitaire »échanges internes au sein des entreprises « témoigner du caractère élevé du prix proposé ».
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