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A la recherche d’un Premier ministre, Emmanuel Macron change-t-il (vraiment) de méthode ?

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STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP Emmanuel Macron, le 29 novembre, lors de la dernière visite des lieux de Notre-Dame de Paris avant sa réouverture (photo d’illustration)

STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP

Emmanuel Macron, le 29 novembre, lors de la dernière visite des lieux de Notre-Dame de Paris avant sa réouverture (photo d’illustration)

POLITIQUE – On prend (presque) les mêmes et on recommence. Après le bref intermède lié à l’inauguration de Notre-Dame de Paris, le président de la République Emmanuel Macron a poursuivi ce lundi 9 décembre les consultations avec les partis politiques dans la recherche d’un nouveau chef de gouvernement. Comme un air de déjà vu, avec quelques différences, dont une majeure : l’absence du Rassemblement national de discussion. Le parti lepéniste est de fait exclu de la réunion aux allures de conclave convoquée ce mardi 10 décembre par le chef de l’Etat.

Quant à la insoumise, elle refuse de se lancer dans l’aventure, au nom de sa fidélité au programme du Nouveau Front populaire (et dans l’espoir d’une élection présidentielle anticipée). Raison pour laquelle l’Élysée indique que tous ceux qui se placent « dans une logique de compromis en vue de constituer un gouvernement d’intérêt général ou de permettre », sont invités ce mardi avec l’objectif « avancer sur un accord sur une méthode ». Une feuille de route déjà esquissée par écologistes et communistes ce lundi à l’issue de leurs entretiens bilatéraux respectifs. Autour de la table, on devrait donc retrouver ces derniers, accompagnés des socialistes, du camp présidentiel (Renaissance, MoDem et Horizons), des Républicains et des parlementaires du groupe LIOT.

Nouveaux calculs

Et avec un effet automatique : la marginalisation du RN, cette fois réduit au rang de spectateur. Emmanuel Macron » a été très clair sur le fait que le Rassemblement National, pour lui, n’était pas à la portée des partis qui souhaitaient discuter”, Marine Tondelier l’a assuré ce lundi, indiquant que “la solution ne pouvait plus ou non reposer sur un accord avec le Rassemblement national”. Une différence majeure avec l’été dernier, lorsque le parti d’extrême droite et son allié Éric Ciotti étaient venus à l’Élysée poser les conditions (devenues obsolètes trois mois plus tard) de la non-censure d’un Premier ministre de droite et revendiquer un rôle d’arbitre. dans les choix de l’exécutif.

Pourtant, le RN réclame toujours une audience. “Je demande à être reçu avec Marine Le Pen pour que nous puissions exprimer très clairement nos lignes rouges” qui n’ont pas “pas varié”a déclaré Jordan Bardella sur le tournage de Dimanche en politiqueDimanche 8 décembre. Une demande restée lettre morte, puisque le chef de l’Etat cherche clairement à bâtir un gouvernement loin d’une formation politique qui a eu le scalp de Michel Barnier, malgré les multiples concessions accordées.

Au-delà de la petite revanche, laisser le RN sur la touche est surtout le signe que le président de la République fait de nouveaux calculs. Puisque le parti Lepéniste a voté la censure et que Marine Le Pen n’exclut pas, dans les colonnes de Figarorécidiver si son « lignes rouges » ne sont pas respectés par le prochain gouvernement, autant se passer de votre épée de Damoclès. Dans cette configuration, le président de la République n’a d’autre choix que de se tourner de l’autre côté de l’hémicycle.

“Une victoire de la gauche”

Ce qui est perçu comme une petite réussite par certains. ” Le fait que le président de la République semble exclure le RN des discussions est une différence avec l’été – c’est le RN qui a fait le choix de Barnier en septembre – et une victoire de la gauche. Socialistes, communistes et écologistes disent la même chose », confie à HuffPost un cadre socialiste. D’autant plus que ce « nouvelle méthode » pourrait s’appuyer sur une histoire : la transformation en gouvernement d’intérêt général du « front républicain » érigé lors des élections législatives.

Après tout, le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Boris Vallaud, n’a-t-il pas motivé le vote de censure de ses troupes en expliquant qu’il s’agissait de « gouverner sans plus jamais négocier avec l’extrême droite » ? Il n’en reste pas moins que « nouvelle méthode » ou pas, l’issue de ces négociations s’annonce particulièrement incertaine. La nomination d’un Premier ministre de gauche, préalable aux écologistes et aux socialistes, se heurtera à plusieurs vetos. A droite, celle de Laurent Wauquiez qui ne veut pas entendre parler de programme NFP, même si les dirigeants de gauche se disent prêts à faire des compromis. “J’ai l’intention de militer en faveur d’un programme de travail clairement à droite, et donc cette hypothèse (de travailler avec un Premier ministre socialiste, ndlr) n’est pas crédible à mes yeux”, il a balayé Le Figaro Dimanche 8 décembre.

Pourtant, le député de la Haute-Loire a informé ses adjoints ce lundi soir qu’il se rendra à l’Élysée » dans l’esprit de non blocage qui est le nôtre », afin de discuter du cadre. ” Considérant les participants à la réunion, nous avons précisé qu’il s’agissait uniquement d’une réunion sur la méthode pour obtenir la non-censure, et en aucun cas d’une négociation sur la participation à un gouvernement, ou sur un programme gouvernemental. », a-t-il ajouté.

Du côté du camp présidentiel, l’opposition sera tout aussi forte pour préserver l’héritage macroniste, même si la gauche n’entend pas participer à un gouvernement sans le remettre en cause, même partiellement, – notamment sur la réforme des retraites. Par ailleurs, Emmanuel Macron, tenté de recomposer son bloc central, a démontré à plusieurs reprises que sa préférence allait à la droite. Là “nouvelle méthode” semble avoir ses limites, même en faisant de l’exclusion du RN un dénominateur commun. “ Les voies du Seigneur ne sont pas toujours pénétrables »» a ironisé le président du groupe communiste à l’Assemblée, André Chassaigne, à la sortie de l’Élysée. Le conclave de ce mardi s’annonce animé. Et les risques de fumée blanche sont particulièrement faibles.

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