News Day FR

«Je suis en mission d’infiltration dans le cadre d’un trafic de drogue…» Les délires d’un petit voleur qui se prend pour quelqu’un d’autre

l’essentiel
Arrêté par les gendarmes après un accident avec des armes et un outil de communication des pompiers, Bryan retourne devant le tribunal correctionnel de Toulouse. Cinq mois après sa condamnation, en juin, ce passionné de sécurité apparaît plus délirant.

En février, Bryan a « emprunté » un casque et une radio portative à la caserne de pompiers de Caraman. Il a fini par exaspérer les équipes de secours qui le retrouvaient lors de chaque intervention sur le secteur de Muret. La semaine dernière, repéré lors d’un accident sur l’autoroute Tarbes-Toulouse, à Saint-Elix-le-Château, il a rapidement expliqué aux policiers qu’il était “en mission”. Et il a remis des armes, des pistolets airsoft.

« Pour infiltrer le trafic de drogue », réaffirme Bryan, 22 ans, devant le tribunal dont les juges hésitent entre le sourire et la colère. Le suspect évoque le Muret SR, qui n’existe pas, tout comme le BR. Et même prévenir la brigade anticriminalité de Toulouse ! Les gendarmes contrôlent toujours mais « l’informateur » est inconnu des policiers. « Fariboles ! », intervient le procureur, à peine surpris par le délire suivant : l’« infiltré » travaillait sous les ordres d’un membre du parquet de Toulouse.

A lire aussi :
Il rêvait d’être policier mais jouait au pompier en volant son casque et sa radio

Sa passion pour les armes a poussé un de ses voisins, inquiet, à tirer la sonnette d’alarme. « Vous en aviez encore une dizaine chez vous », explique le président. Et Bryan s’entête à se précipiter au moindre incendie ou accident, gyroscope en action. « Pour prendre des photos », revendique celui qui se dit « photographe d’urgence ». « Vous prenez des risques qui obligent les pompiers, qui ont autre chose à faire, à vous surveiller », prévient Me Martin Vatinel, avocat du SDIS. «Souvent, on a des gens dans le box qui insultent ou s’en prennent aux pompiers. Là, nous avons quelqu’un qui les aime. Mais qui les aime trop !

Au point de revenir, de nuit, « visiter » un centre de secours. Celui de Massat, à Muret, où ce passionné de tendances éclairé a volé des films parlants cryptés. « Sur un véhicule qui avait peu de chance de sortir », assure ce garçon, renvoyé de l’armée après avoir été arrêté, et condamné, pour vente de cannabis.

La défense « ne veut pas rire »

« On pourrait sourire de cette version digne des parodies de films d’espionnage mais elle vole du matériel sensible et important pour les équipes de secours. Et si c’était lui qui le disait, ce mythomane ne s’en vanterait pas ici ! », dénonce le procureur, surtout agacé « par un homme qui n’entend rien des avertissements successifs émis par la justice ». Il requiert 6 mois de prison, plus la révocation de 6 mois de la peine avec sursis prononcée en juin avec maintien en détention.

«Je suis probablement la seule dans cette salle à ne pas vouloir rire», prévient Me Agnès Dufetel-Cordier. L’avocat de la défense regrette « le manque d’expertise. En juin, le psychiatre évoque les débuts d’une double personnalité. Cela aurait été intéressant d’en savoir plus. Son client souhaitait être jugé « immédiatement ». Alors l’avocat se débat : « Parce que la réponse de la justice n’ira peut-être pas en prison ! »

Argument retenu : 4 mois de prison plus révocation de six mois sans maintien en détention. «C’est une dernière chance», prévient le président. « Restez tranquille ! » Dans son box, Bryan, qui devra aussi indemniser les pompiers, sèche ses larmes. Illustration d’un retour à la réalité ? Ou l’émotion provoquée par sa chance de poursuivre sa mission ?

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :