Une photo historique à l’Élysée avec Donald Trump et Volodymyr Zelensky, une entrée grandiose et un discours à Notre-Dame devant un parterre de chefs d’État et de personnalités… Emmanuel Macron, tout sourire et aux anges, s’est offert samedi un parenthèse enchantée en pleine crise institutionnelle.
Faire de Paris le lieu de la première poignée de main entre le président élu des Etats-Unis et son homologue ukrainien depuis l’élection américaine du 5 novembre n’était encore qu’un espoir un peu fou samedi matin pour le président français.
Elle s’est finalement concrétisée vers 18 heures, dans la cour de l’Élysée. La main posée sur les épaules de ses deux interlocuteurs, Emmanuel Macron savoure : le coup diplomatique rêvé prend forme lors de cette journée dédiée à la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, reconstruite en cinq ans après avoir été ravagée par un incendie en avril 2019. .
Ce qui était initialement annoncé comme une succession d’entretiens bilatéraux, avec Donald Trump puis Volodymyr Zelensky, s’est finalement transformé en une rencontre tripartite d’environ 35 minutes, dans le secret du salon doré de l’Élysée, en anglais et sans traducteur.
Pouce levé, sourire aux lèvres, le président français semblait retrouver de vieilles habitudes aux côtés de Donald Trump : en témoignent les poignées de main viriles que se sont livrées les deux hommes samedi, très souvent suivies d’accolades très franches.
C’était sans compter sur la cérémonie grandiose à laquelle le président allait participer, non pas en simple spectateur mais en acteur n°1.
Car c’est depuis le chœur de la cathédrale Notre-Dame qu’Emmanuel Macron s’est adressé à des dizaines de chefs d’État, et non sur le parvis de l’édifice, comme initialement prévu.
Emmanuel Macron ne pouvait réprimer un sourire jubilatoire
L’Élysée en rêvait, les planètes alignées grâce à… la météo capricieuse, qui a perturbé la programmation des soirées sur l’Île de la Cité. L’intégralité de la cérémonie s’est donc déroulée en salle, au risque de froisser les plus fervents défenseurs de la laïcité.
Le lent cortège derrière l’archevêque de Paris Laurent Ulrich, aux côtés de la Première dame Brigitte Macron et d’Anne Hidalgo, la Maire de Paris, restera comme une autre image forte : une mise en scène savamment orchestrée, où tous regardent les invités tournés vers cet espace politico-religieux insolite. procession.
Quelques instants plus tôt, sous une pluie battante et malgré les rafales, Emmanuel Macron ne pouvait réprimer un sourire jubilatoire, au moment solennel de l’ouverture des portes de la cathédrale.
Derrière ces portes massives, l’élite mondiale, déjà bien installée, attendait depuis de nombreuses minutes son entrée. Là même où Napoléon fut couronné empereur il y a 220 ans presque jour pour jour, en présence du pape Pie VII…
Juste avant, c’est encore le président français qui accueillait sur la place ses homologues du monde entier, multipliant les accolades et les messages d’affection.
Nous avons redécouvert ce que les grandes nations pouvaient faire : réaliser l’impossible
il a salué, exprimant gratitude de la Nation Française
dans un discours prononcé sur un ton sérieux.
Et pour clôturer cette somptueuse journée, M. Macron a reçu les chefs d’Etat pour un dîner à l’Élysée, parvenant à réunir MM. Trump et Zelensky trois fois dans la même journée.
Après la cérémonie réussie, l’urgence de nommer un Premier ministre
Une omniprésence présidentielle qui contraste fortement avec la disparition du chef de l’Etat sur le plan national, depuis sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale en juin.
C’est une pièce dans laquelle le président n’est ni metteur en scène ni acteur
notait ces derniers jours un de ses proches, à propos de la censure non moins historique du Premier ministre Michel Barnier après trois mois de mandat.
Car derrière le faste d’une cérémonie réussie, le chef de l’État va vite devoir répondre à une urgence sans précédent, celle de doter la France d’un Premier ministre capable de résister à une Assemblée nationale fragmentée en trois blocs.
Selon plusieurs proches et interlocuteurs du président interrogés vendredi et samedi, celui-ci envisage de nommer un nouveau Premier ministre lundi. Mais il a très souvent habitué ses équipes à prendre leur - pour mener à bien ce type de décision capitale.
Après le ballet diplomatique, le bal des concertations élyséennes va reprendre, avec des rencontres prévues lundi entre les dirigeants des Ecologistes, du Parti communiste (PCF) et du groupe indépendant Liot.
Les dirigeants de La France insoumise, qui réclament avec force la démission du président, ont de leur côté décliné l’invitation. Retour brutal à la réalité institutionnelle du moment.
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