Mongolie – Par Lele Vianello – Éd. (…)

Le titre de ce deuxième et dernier opus est programmatique : nos aventuriers sont en effet en contact avec des forces occultes qui les dépassent.

Le Baron qui pensait être la réincarnation de Gengis Khan hante ce récit qui dénonce l’avidité des différents protagonistes à la recherche du trésor caché par ce fou mystique dans les montagnes avant sa mort.

L’histoire commence au Tibet où l’on retrouve le Dalaï Lama qui vient de faire un mauvais rêve…

L’ensemble de l’album peut aussi être vu comme un cauchemar dont le lecteur va se réveiller.

On suit le parcours des redoutables moines-guerriers Dob-Dobs chargés d’escorter l’ingénieur anglais Gordon pour récupérer le trésor maudit.

Hélas, un espion russe borgne a volé les plans à la fin du tome précédent. Nous la trouvons toujours aussi cynique à la recherche d’une nouvelle alliance impliquant le Parti communiste russe et le bandit Ever Khan. Quant au convoi de moines guerriers, la rencontre avec une patrouille anglaise va leur apporter une aide involontaire et inattendue…

Viannello est un auteur complet dont le scénario fait référence au personnage de Roman Von Ungern-Sternberg, surnommé le « Baron fou », découvert dans l’épisode Corto Maltese en Sibérie sur lequel il a collaboré avec Hugo Pratt .

Vianello nous mène au bout de la course avec une galerie de personnages anarchiques sans donner le premier rôle à aucun d’entre eux. Ils semblent être les marionnettes d’un destin farceur et nihiliste. Faut-il voir dans cette quête un processus d’exorcisme collectif, comme le suggère la fin énigmatique qui évoque un vol de corbeaux faisant écho au début du récit ?

Le style graphique de Vianello est toujours aussi saisissant, mêlant réalisme et abstraction, scènes de dialogue explicatif et scènes de contemplation. Il sait jouer avec le clair-obscur et ne surcharge jamais ses décors, atteignant une certaine pureté en privilégiant alternativement les fonds noirs et blancs. Les scènes du désert sont particulièrement réussies, avec souvent la lune en arrière-plan, telle une divinité maléfique qui va peser sur le destin des chercheurs de trésors.

Mongolie est une histoire qui se tient du début à la fin dans un registre historico-fantastique, une quête sans héros, un voyage au cœur de l’âme humaine désertée par le sens du sacré.