La nouvelle réglementation sur le CO2 suscite une opposition croissante au sein de l’Union européenne. Le principal groupe politique conservateur au Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE), appelle à une approche technologiquement neutre et à avancer d’un an les clauses de révision.
Alors que l’industrie automobile est confrontée à une crise sans précédent, l’Europe doit assouplir ses règles. C’est le message véhiculé par le Parti populaire européen qui, dans une prise de position adressée à la Commission, appelle à une révision approfondie des différentes réglementations européennes sur le CO2.
Qu’il s’agisse des voitures particulières ou des poids lourds, le PPE estime nécessaire d’élargir le spectre des solutions alternatives en prévoyant « dérogations spécifiques » pour des technologies comme l’e-Fuel, ou les biocarburants, dont le bioGNV. Le document mentionne notamment l’introduction de nouvelles méthodes de calcul des émissions de CO2 comme le Carbon Correction Factor.
Premières révisions
Le groupe, qui compte parmi ses membres la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, appelle également à une révision rapide de la législation afin d’apporter une meilleure visibilité au secteur.
La révision de la réglementation CO2 pour les véhicules légers, qui prévoit actuellement la fin de l’énergie thermique en 2035, serait ainsi avancée à 2025, au lieu de 2026, tandis que celle pour les poids lourds pourrait débuter fin 2026, au lieu de 2026. fin 2027. Dans les deux cas, l’approche doit être technologiquement neutre afin de reconnaître le rôle de tous les carburants alternatifs.
Le PPE recommande d’associer ces révisions à un renforcement des objectifs du nouveau règlement Afir concernant les infrastructures pour les carburants alternatifs, afin d’accélérer leur déploiement tant pour les voitures que pour les poids lourds.
« Les actions du secteur au sens large commencent à porter leurs fruits. Et nous espérons que le pragmatisme, la neutralité technologique et un large mix énergétique feront bientôt pleinement partie des stratégies nationales de décarbonation. » a réagi Erwan Cotard, président de France Mobilité Biogaz, lors du 30e anniversaire de l’association, célébré ce mardi 4 décembre en région parisienne.
Des amendes remises en cause
La pression exercée par les nouvelles limites d’émissions, accompagnées de lourdes amendes pour les constructeurs ne respectant pas ces normes, est également critiquée. Initialement conçues pour accélérer la transition vers les véhicules électriques, ces sanctions sont désormais jugées contre-productives dans un contexte de ralentissement des ventes de véhicules électriques en Europe.
Le PPE estime que cette stratégie punitive affaiblit encore davantage une industrie déjà confrontée à la concurrence des véhicules électriques chinois, souvent moins chers. Une position qui fait écho aux déclarations de nombreux grands constructeurs automobiles qui, à l’exception de Renault, ont récemment émis des avertissements concernant une baisse de leurs bénéfices.
Des positions partagées par d’autres acteurs européens
Plusieurs pays membres, dont l’Italie et la République tchèque, soutiennent cette demande de révision. Dans une déclaration commune, les ministres de l’Industrie de sept pays ont appelé à des mesures de soutien, telles que des incitations financières pour les consommateurs afin d’encourager l’adoption des véhicules électriques.
Des personnalités politiques comme Giorgia Meloni, la Première ministre italienne, ou le chancelier allemand Olaf Scholz, ont également exprimé leurs inquiétudes quant à la trajectoire actuelle. Meloni a qualifié l’interdiction de « politique autodestructrice », tandis que Scholz a soutenu la suppression des amendes afin de ne pas pénaliser davantage une industrie automobile allemande déjà affaiblie.
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