Les fils des détonateurs s’étendent à l’intérieur du tunnel, dans les entrailles d’une des mines d’or illégales situées sur les hauteurs de Cali, la troisième ville de Colombie.
Les feux d’artifice de la police activent la charge depuis l’extérieur. L’explosion brise les parois de l’étroit passage creusé dans la roche.
Au cœur du parc national des Farallones, dans les montagnes des Andes qui surplombent Cali, finit – du moins pour un - – cette mine d’or illégale qui rapportait des millions de pesos aux groupes armés opérant dans la région. .
Quiconque souhaite revenir devra déblayer des tonnes de débris.
©AFP Le camp d’ingénieurs, de policiers et de fonctionnaires responsables de cette opération contre les mines d’or illégales, dans le parc naturel des Farallones près de Cali, Colombie, le 29 novembre 2024 |
Les ingénieurs, policiers et agents de la mairie chargés de cette opération contre les mines d’or illégales qui percent cette montagne comme un fromage suisse sont arrivés ici, à 3.400 mètres d’altitude, après 10 heures de marche.
Pour séparer les pierres précieuses des sédiments sans valeur, les mineurs illégaux utilisent du mercure, un métal lourd qui pollue l’eau qui coule jusqu’à Cali, une ville de 2,2 millions d’habitants.
« Sept rivières »
©AFP Des employés et des experts gravissent la montagne du parc naturel national des Farallones à Cali, en Colombie, le 28 novembre 2024, accompagnés de mules. |
« Tout ce mercure se dépose dans le sol » et est « emporté par la rivière. Et donc, cette eau polluée en aval nous affecte directement », explique l’ingénieur en charge de l’exploitation, qui préfère ne pas révéler son nom pour des raisons de sécurité.
L’AFP a suivi cette opération de trois jours, en parcourant des montées raides avec des mules pour transporter le matériel.
Pendant que les ingénieurs préparent les détonateurs dans un enchevêtrement de fils rouges, les soldats, fusils à la main, gardent les alentours. Les explosifs ont été transportés au sommet de la montagne par hélicoptère.
©AFP Rien qu’en 2023, près d’une tonne de mercure a été utilisée dans le parc naturel national des Farallones de Cali. |
La nuit, soldats et techniciens bivouac sous des hamacs dans des camps de fortune, observant au loin les lumières de la ville, qui a accueilli fin octobre la COP16 sur la biodiversité et ses milliers de délégués, un moment menacé par la dissidence des Farc (Révolutionnaire). Forces armées de Colombie).
Les opérations de ce type, contre les mines illégales et la présence de groupes armés, se sont intensifiées ces derniers mois, selon les autorités. Le sous-secrétaire à la sécurité de la ville de Cali, Alvaro Pretel, assure que 27 galeries et 11 mines entières ont été détruites.
Le site que l’AFP a pu visiter était déjà abandonné après les précédentes opérations.
“Ici naissent les sept rivières” qui alimentent la ville en eau douce, explique M. Pretel.
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©AFP Un minerai d’or provenant d’une galerie située dans le parc naturel des Farallones de Cali, le 29 novembre 2024 |
Rien qu’en 2023, près d’une tonne de mercure a été utilisée dans ces mines selon lui. Le métal « finit par arriver tôt ou tard aux habitants de Cali, qui boivent cette eau », souligne-t-il.
Les Parcs naturels nationaux de Colombie (PNN), l’entité chargée de protéger ces réserves naturelles, ont recensé en 2019 environ 420 galeries ou mines illégales dans le parc national des Farallones.
En 2022, l’ONU a détecté plus de 69 000 hectares de végétation affectés par l’exploitation minière illégale en Colombie.
« Limites maximales » –
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©AFP En 2022, l’ONU a identifié plus de 69 000 hectares de végétation affectés par les mines d’or illégales en Colombie. |
Les employés de PNN prélèvent des échantillons d’eau pour mesurer la quantité de mercure qu’elle contient.
La zone du parc Farallones, en théorie sous protection de l’État, s’étend sur 196 000 hectares, répartis entre Cali et d’autres municipalités voisines.
En mai, le bureau du procureur général a averti qu’il avait trouvé des niveaux de mercure et d’arsenic – également utilisés dans l’exploitation minière – « dépassant les limites maximales autorisées » près de l’aqueduc de la ville.
En montagne, chaque opération est soigneusement calculée, car la zone est dangereuse. Dans le parc des Farallones, le contrôle est exercé par “différentes structures et organisations criminelles”, souligne M. Pretel.
Selon les experts, l’exploitation illégale des mines d’or est aussi rentable pour les guérilleros et autres cartels que le trafic de cocaïne.
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©AFP Des experts se préparent à faire sauter l’entrée d’une mine d’or illégale |
L’armée fait parfois face à des centaines de « creuseurs » hostiles, retranchés dans les galeries, qui tentent de les repousser à coups de pierres et autres projectiles, raconte le major Gustavo Escobar, commandant du groupe d’opérations spéciales contre les mines. de l’or illégal de la police.
« Il est également difficile d’accéder au terrain. Il faut marcher plusieurs heures. L’altitude, le froid provoquent des situations qui, d’une manière ou d’une autre, peuvent vous affecter », explique-t-il. .
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