Au cours d’une année qui devrait être la plus chaude jamais enregistrée, les catastrophes naturelles ont causé des pertes économiques de 310 milliards de dollars dans le monde sous l’influence toujours croissante du changement climatique, a estimé jeudi Swiss Re.
Ce montant représente une augmentation de 6% par rapport à l’année dernière, explique le groupe suisse qui fait office d’assureur pour les assureurs.
Les dommages couverts par les assureurs devraient atteindre 135 milliards de dollars, en hausse de 17% sur un an, les ouragans Hélène et Milton alourdissant la facture, a indiqué jeudi le réassureur suisse dans un communiqué.
Les coûts des assureurs en cas de catastrophes naturelles dépassent ainsi le seuil des 100 milliards de dollars “pour la cinquième année consécutive”, note Balz Grollimund, responsable de la couverture catastrophe chez Swiss Re, dans le communiqué.
Cette augmentation des coûts est en partie due à la concentration des actifs à assurer dans les zones urbaines et à l’augmentation des coûts de reconstruction, mais selon lui, “le changement climatique joue également un rôle croissant”.
Dans le communiqué de presse, Swiss Re a noté qu’avec une augmentation des températures moyennes mondiales « de 1,54°C par rapport aux niveaux préindustriels, 2024 est en passe de devenir l’année la plus chaude jamais enregistrée ».
Or, « le réchauffement climatique favorise la survenance de nombreuses catastrophes naturelles observées en 2024 », poursuit le géant de la réassurance, citant notamment les inondations.
Le groupe suisse fait référence aux mesures de l’Organisation météorologique mondiale, un organisme des Nations Unies, qui a annoncé en novembre que la température moyenne mondiale avait dépassé les niveaux préindustriels de 1,54°C entre janvier et septembre, dépassant temporairement l’objectif de l’Accord de Paris, prévu par l’accord. effet, entre autres, d’un épisode d’El Niño, qui favorise une augmentation des températures.
En novembre, le service européen Copernicus a averti que 2024 pourrait être la première année où le réchauffement serait de 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels, affirmant même qu’il était « probable » que le réchauffement dépasse 1,55 °C au cours de l’année civile.
13 milliards de dollars jetés à la poubelle
Selon les premières estimations de Swiss Re, les pertes assurées suite aux ouragans Helene et Milton qui ont frappé la Floride fin septembre et début octobre se situent actuellement sous la barre des 50 milliards de dollars.
Son concurrent allemand Munich Re a également publié récemment une estimation des ouragans dans l’Atlantique Nord et des typhons dans le nord-ouest du Pacifique, citant une saison de cyclones tropicaux “exceptionnelle” avec des pertes totales de 133 milliards de dollars, dont 51 milliards assurés.
Les ouragans dans l’Atlantique Nord sont traditionnellement les catastrophes les plus coûteuses pour les assureurs, mais depuis plusieurs années, Swiss Re n’a cessé d’avertir que les coûts d’autres catastrophes, comme les inondations ou les tempêtes de grêle, augmentent régulièrement.
Depuis janvier, les pertes assurées dues aux inondations ont totalisé près de 13 milliards de dollars. Selon Swiss Re, il s’agit de la troisième année la plus coûteuse en inondations au monde et la deuxième en Europe.
Parmi les inondations qui ont entraîné des coûts importants pour les assureurs, le groupe suisse cite les fortes pluies du mois d’avril qui ont provoqué d’importantes perturbations à l’aéroport de Dubaï, le plus grand aéroport du monde.
L’année 2024 a également été marquée par la tempête Boris en septembre, qui a frappé la République tchèque, la Pologne et l’Autriche mais aussi la Slovaquie, la Roumanie, l’Italie et la Croatie, puis par les inondations meurtrières qui ont frappé l’Espagne en octobre.
« Les pertes vont probablement augmenter à mesure que le changement climatique intensifie les phénomènes météorologiques extrêmes », prévient le réassureur.
Le groupe suisse soutient l’adoption de mesures de protection telles que des barrages, des digues et des écluses, soulignant que ces mesures peuvent être « jusqu’à 10 fois plus rentables que la reconstruction ».
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