Son odeur d’œuf pourri sauve des vies ! Le méthanethiol, plus connu sous le nom de méthylmercaptan, est ajouté au gaz naturel pour lui donner une odeur détectable par le nez humain même à de très faibles concentrations, et ainsi prévenir les dangers liés aux fuites de gaz (INRS). Cette substance se retrouve également dans les organismes vivants, dans les milieux terrestres mais aussi marins.
Cependant, les océans captent et redistribuent non seulement la chaleur du soleil, mais produisent également des gaz qui forment des particules (aérosols) ayant des effets climatiques immédiats, par exemple en éclaircissant les nuages réfléchissant la chaleur.
Parmi ces gaz de refroidissement se trouve le méthanethiol. Dans les océans, les chercheurs n’ont découvert cette substance que récemment, car difficilement mesurable sur le terrain, notamment dans les régions polaires. La nouvelle étude, publiée le 27 novembre dans la revue Science Advances, est la première à quantifier l’origine océanique de ces émissions.
En accord avec une théorie révolutionnaire
Ces résultats représentent un « grand tournant » par rapport à l’une des théories les plus révolutionnaires proposées il y a 40 ans sur le rôle de l’océan dans la régulation du climat de la Terre, selon un communiqué de presse de l’Université d’East Anglia en Angleterre, où le Dr Charel Wohl, co-auteur de l’étude, maintenant travaux.
Cette théorie suggérait que le plancton microscopique vivant sur les surfaces marines produisait du soufre sous forme de gaz, le sulfure de diméthyle, qui, une fois dans l’atmosphère, s’oxydait et formait de petites particules appelées aérosols.
Les aérosols réfléchissent une partie du rayonnement solaire vers l’espace et réduisent ainsi la chaleur retenue par la Terre. C’est ce qu’on appelle « l’équilibre radiatif ». Cet effet de refroidissement est amplifié lorsque ces particules participent à la formation des nuages – avec un effet opposé, mais de même ampleur, à celui des gaz à effet de serre connus pour leur effet réchauffant, comme le dioxyde de carbone.
Les auteurs de l’étude ont regroupé toutes les mesures disponibles de méthanethiol dans l’eau de mer, auxquelles ils ont ajouté celles réalisées dans l’océan Austral et sur le littoral méditerranéen. Ensuite, ils ont mis ces mesures en relation statistique avec les températures de l’eau de mer obtenues par satellite.
Ainsi, des chercheurs espagnols et britanniques ont pu conclure que, chaque année et en moyenne mondiale, le méthanethiol augmente les émissions de soufre marin connues de 25 %.
« Cela peut sembler peu, mais le méthanethiol est plus efficace pour oxyder et former des aérosols que le sulfure de diméthyle et, par conséquent, son impact climatique est amplifié. »souligne dans le communiqué le Dr Julián Villamayor, chercheur à l’Institut Blas Cabrera de chimie physique (IQF-CSIC), en Espagne, co-directeur de l’étude.
L’océan à lui seul ne peut pas résoudre nos problèmes…
L’équipe a également intégré les émissions marines de méthanethiol dans un modèle climatique de pointe pour évaluer leur effet sur le bilan radiatif de la planète – l’impact est encore plus notable dans l’hémisphère sud.
Ce résultat peut s’expliquer par la proportion plus élevée de surface océanique par rapport à la surface terrestre dans cette région, ainsi que par moins de soufre provenant des combustibles fossiles, en raison d’une moindre activité humaine.
Selon les chercheurs, ces nouveaux travaux améliorent notre compréhension de la régulation du climat de la planète « illustrant l’importance cruciale des aérosols soufrés ». Les auteurs soulignent également l’ampleur de l’impact des activités humaines sur le climat : « Si rien n’est fait, la planète va continuer à se réchauffer »préviennent-ils.
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