Selon différents médias, dont le célèbre quotidien britannique L’Indépendant et Voix de l’AmériqueNomma Zarubina est accusée d’avoir collaboré secrètement avec les services de renseignement russes pour entretenir des relations jugées « utiles » avec des Américains jugés « utiles », comme des journalistes et des militaires, qui pourraient être potentiellement sensibles à « la façon de penser russe ».
Selon les documents produits au tribunal, rapportent encore divers médias, elle aurait d’abord fait de fausses déclarations, niant ses liens avec le FSB, avant de changer d’avis, affirme-t-on.
La femme de 34 ans, qui se présente comme assistante d’un conseiller politique, a été arrêtée à New York, deux jours après sa visite à Ottawa. Son nom de code serait « Alyssia » ou « Alice ».
« Repenser la Russie »
L’événement qui a attiré Nomma Zarubina à Ottawa s’appelait Repenser l’avenir de la Russie et a été organisé par le groupe Free Nations PostRussia Forum. Ce dernier dit travailler en amont à la reconstruction et à la transformation structurelle de la Russie, à travers le développement économique et politique de ses différentes régions, dans une perspective autonomiste post-Poutine, fondée sur l’indépendance de 41 Etats autonomes.
Jeudi dernier, le groupe d’intérêt parlait, sur le réseau X, de son « infiltration par des agents du Kremlin », évoquant directement le cas « Alice ».
« Toutes les institutions démocratiques, ainsi que les universités, les médias, les groupes de réflexion et les ONG, doivent s’engager dans une surveillance plus systémique pour contrer l’espionnage et les perturbations du Kremlin », peut-on lire dans la publication. [notre traduction].
Députés du Bloc et conservateurs présents
Outre René Villemure (Trois-Rivières) et Shuvaloy Majumdar (Calgary Heritage), le conservateur James Bezan (Selkirk—Interlake—Eastman) et le chef du Bloc Alain Therrien (La Prairie) ont également été félicités pour leur participation à l’événement. à partir du 19 novembre. Les parlementaires ont prononcé un discours de bienvenue, selon le programme officiel. Il est toutefois impossible de dire si l’un ou plusieurs d’entre eux ont eu des contacts directs avec l’agent russe présumé*.
Le forum d’une journée, auquel ont participé l’agent double présumé et le groupe de parlementaires, s’est tenu à l’édifice Wellington, un édifice fédéral en face de la Colline du Parlement.
Le nom de Mme Zarubina n’apparaît pas dans la programmation officielle du forum, mais des clips vidéo la montrent s’exprimant lors d’au moins une table ronde. La page personnelle de la Sibérienne témoigne également de son séjour dans la capitale nationale.
Jeudi dernier, la femme qui a depuis été arrêtée par le FBI a publié une publication évoquant ouvertement son arrestation, appelant à la prudence face aux fausses informations qui pourraient circuler à son sujet. “Je ne me cache nulle part et je ne m’enfuis pas”, assure-t-elle [original en russe, traduction de Facebook].
L’exemple canadien
Paradoxalement, le groupe Free Nations PostRussia Forum, qui n’hésite pas à critiquer la Fédération de Russie, ne semble pas propice au recrutement de sympathisants du Kremlin. Des images qu’il relaye sur ses différentes plateformes montrent notamment Vladimir Poutine en uniforme nazi.
Le groupe d’intérêt considère la nation canadienne comme une Source d’inspiration pour ses objectifs autonomistes. Dans le programme de l’événement d’Ottawa, il a été affirmé que « le Canada est un exemple précieux, avec les peuples autochtones et leur droit à se gouverner eux-mêmes. Après des années de lutte, les Inuits ont pu recouvrer leur droit de contrôler leurs terres et leurs ressources. Le Nunavut peut servir d’exemple aux nations captives colonisées en Russie.
Nos tentatives pour joindre M. Villemure* et M. Besan n’avaient pas donné de résultats au moment d’écrire ces lignes. Nous attendions également un retour de la Gendarmerie royale du Canada.
Selon L’Indépendant, Nomma Zarubina a versé une caution de 25 000 $ pour recouvrer sa liberté. Celle dont la feuille de route semble nébuleuse aurait reçu l’ordre de rendre son passeport et se serait vu interdire d’avoir des contacts avec des représentants de gouvernements étrangers, autres que ceux du consulat russe. Elle devra comparaître devant le tribunal le 23 décembre, est-il indiqué.
Le Forum PostRussia des Nations Libres réagit [mise à jour]
Le Forum PostRussia des Nations Libres a répondu à notre demande de réaction après la mise en ligne de la première version de ce rapport
Le groupe d’intérêt affirme que Nomma Zarubina s’est exprimée lors d’un des événements précédents de l’organisation, le 16 avril 2024, à la Jamestown Foundation, un groupe de réflexion américain basé à Washington.
« Lors des deux événements, à Ottawa et à Washington, elle a exprimé des opinions impérialistes anti-russes, confirmé le droit des nations captives et des régions coloniales (toujours occupées par Moscou) à l’autodétermination et à l’indépendance, et a proclamé son soutien à l’Ukraine dans sa lutte contre la Russie. “Agression russe”, affirme le Free Nations PostRussia Forum dans le message qui nous a été envoyé. [nous traduisons].
Le groupe d’intérêt affirme offrir sa plateforme à toute personne partageant son point de vue. Il semble que ce soit Mme Zarubina qui ait contacté le groupe après avoir entendu parler de l’événement d’Ottawa, afin de prendre la parole.
« Nous sélectionnons les participants du mieux que nous pouvons en utilisant des outils accessibles au public, mais nous ne sommes pas une agence gouvernementale qui a accès aux outils nécessaires pour effectuer des vérifications complètes des antécédents que seules les agences gouvernementales peuvent effectuer », note ailleurs le Free Nations PostRussia Forum.
Selon le groupe d’intérêt, Nomma Zarubina disposait de visas américains et canadiens, ce qui la laisse croire que les deux pays avaient effectué les vérifications nécessaires avant de la laisser entrer sur leur territoire. “Aucune agence gouvernementale ne nous a signalé son implication présumée dans le FSB, ce qui l’aurait bien sûr automatiquement disqualifiée de participer à nos événements”, a-t-il ajouté.
Le Free Nations PostRussia Forum voit dans ces événements la confirmation que son organisation perturbe le régime russe. «Les organisateurs de l’événement, le Canada et les États-Unis, sont dans le même bateau», affirme le groupe d’intérêt.
*Mercredi matin, le Bloc Québécois nous a fait parvenir cette réponse écrite :
“M. Villemure a d’ailleurs participé à ce Forum, où sont intervenus plusieurs chercheurs et acteurs liés à la question russe. Mme Zarubina a ensuite transmis son mémoire sur cette question au bureau de M. Villemure. M. Villemure l’a remerciée et n’a plus eu d’échanges avec elle.
Soulignons également que le député Alain Therrien n’a eu aucun contact ni échange avec le présumé agent russe. Il est également rapporté que l’élu n’a pas participé directement à l’événement, mais qu’il a rencontré les participants du forum, en marge de sa présentation.
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