l’essentiel
Alors que de la neige est attendue ce week-end, les autorités ont pris la mesure de la multiplication des interventions en montagne, rappelant les consignes de sécurité avant l’hiver.
Dans les Hautes-Pyrénées, la montagne tue autant de personnes que la route. Un constat amer qui indique, par ailleurs, des tendances opposées. Si la sensibilisation sur les routes a permis de réduire le nombre de victimes ces dernières années, les accidents en montagne se multiplient depuis le Covid. Une tendance encore accentuée cet été, avec plus de 300 interventions aux mois de juillet et août pour les secouristes du PGHM de Pierrefitte-Nestalas et du CRS Pyrénées, qui veillent à tour de rôle sur les sommets. Aussi, alors que le premier épisode hivernal est attendu ce week-end sur le massif, le préfet des Hautes-Pyrénées Jean Salomon a tenu à rappeler que la « montagne est un lieu de danger. Les gens ne mesurent pas toujours à quel point ce milieu naturel peut être hostile, au moindre accident dramatique, malgré la très bonne coordination des services spécialisés de secours en montagne.»
Cet été, les secours ont procédé à plus de six interventions par jour, enregistrant le décès de dix personnes et un disparu. Si l’augmentation des accidents dans les parcs à vélos observée les années précédentes s’est stabilisée au prix d’une campagne de prévention liée aux territoires, les accidents de VTT en campagne se multiplient, comme ceux liés à la pratique du canyoning qui ont donné lieu à d’importantes interventions auprès des les CRS. “Pour notre part, l’évacuation de 38 personnes coincées dans le funiculaire du Pic du Jer lors des tempêtes et la prise en charge des sinistrés lors des inondations de début septembre ont été les plus significatives” a résumé le Major David Sicilia du PGHM.
610 heures de vol pour Choucas 65
Désormais seul avion à opérer en priorité dans le département (jusqu’à l’été dernier, l’hélicoptère Dragon 64 armait les CRS de Gavarnie), le Choucas 65 n’a donc pas chômé, comme le confirme le major Norbert Billia, commandant de la section aérienne de gendarmerie : “Nous avons réalisé 420 sauvetages, soit 70 de plus que l’été précédent, tout en maintenant le nombre d’heures de vol, autour de 610 heures sur l’année.” Sachant qu’une intervention mobilise en moyenne l’hélicoptère armé d’un médecin Samu 65 et de secouristes pendant 40 minutes. De quoi renforcer la réorganisation aérienne, précipitée cet été par la mobilisation liée notamment aux Jeux de Paris. « Le positionnement d’un hélicoptère à Gavarnie n’était plus justifié par rapport aux lieux d’intervention, a précisé le préfet. L’expérience de cet été nous rassure, avec une optimisation des délais d’intervention et une égalité de traitement entre les services.
Deux fois plus d’hommes parmi les victimes
Aussi, à la veille du premier épisode hivernal, les autorités ont tenu à rappeler la nécessité de préparer les sorties en hiver, y compris la randonnée qui représente un tiers des interventions en hiver. « On ne pratique pas comme en été, prévient le major Sébastien Abadie du CRS Pyrénées. L’humidité forme rapidement des plaques de glace, d’où la nécessité d’avoir une paire de crampons dans le sac. De même, le sac inférieur est encore plus important en hiver. Il faut avoir de quoi se couvrir et se protéger de l’humidité et du froid. Ce n’est pas une question de confort mais de survie. Un autre risque hivernal concerne les avalanches, même si une seule a nécessité une intervention d’urgence l’année dernière. « Il faut se munir d’un DVA, d’une pelle et d’une sonde si vous vous aventurez en dehors des zones. L’auto-sauvetage est indispensable car au mieux, les chances de survie ne sont que de 30 % après 30 minutes d’enterrement. Pour cela, les pratiquants doivent se réapproprier leur matériel, et s’entraîner lors des premières sorties, sans stress. informer contacter les secours ou faire appel à un professionnel de la montagne.
Un autre outil à disposition des utilisateurs est le BERA, le bulletin de risque avalancheux diffusé quotidiennement par Météo France sur deux zones identifiées du département. « Il faut le lire dans son intégralité », insiste le préfet. « Par exemple, un risque de 3/5 reste un risque marqué, précisent les majors. Et selon l’exposition ou l’altitude, le risque peut varier du simple au double. A noter qu’en montagne, les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes parmi les victimes.
Bien communiquer…
Avant de s’aventurer en montagne, les autorités rappellent la nécessité d’informer ses proches de son itinéraire mais aussi l’impossibilité d’utiliser son téléphone, faute de réseau. « Nous recevons d’innombrables appels de personnes qui n’ont pas eu de nouvelles de leur proche et qui sont inquiètes, même si l’absence de message n’est pas forcément critique. Mais nous devons répondre à toutes ces demandes, parfois au détriment d’autres interventions plus urgentes.» Le revers de la médaille d’une société hyperconnectée…
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