Le Kazakhstan prévoit d’augmenter ses exportations de pétrole brut via l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), qui pourraient passer de 1,5 million à 20 millions de tonnes par an.
Le ministre de l’Énergie du Kazakhstan, Almasadam Sätqaliev, a déclaré que c’était l’un des axes « le plus prometteur »constatant une augmentation systématique du volume des livraisons de pétrole kazakh “à la fois de notre côté et de la part des partenaires azerbaïdjanais”.
Selon le ministre, les exportations totales de pétrole du Kazakhstan pour 2024 devraient atteindre 68,8 millions de tonnes, principalement via les routes russes, avec de plus petits volumes transportés via la mer Caspienne et des pipelines vers la Chine.
La production pétrolière du pays devrait s’élever cette année à 88,4 millions de tonnes (soit environ 1,82 million de barils par jour), ce qui est inférieur à l’objectif initial de 90 millions de tonnes. La baisse de production est due aux opérations de maintenance et aux engagements de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP+).
À partir de 2026, le Kazakhstan vise à dépasser les 100 millions de tonnes de production pétrolière annuelle grâce à la mise en œuvre de grands projets. Almasadam Sätqaliev a également souligné que les investissements généraux dans la production pétrolière s’élèveront à environ 21 milliards de dollars d’ici 2030.
Le ministre a également annoncé la conception d’une nouvelle raffinerie de pétrole dans le pays, d’une capacité de 10 millions de tonnes par an, dont la construction devrait commencer en 2032 pour éviter une pénurie de produits pétroliers légers prévue en 2036.
De nouveaux projets de production de bitume ont également été évoqués dans le rapport d’Almasadam Sätqaliev, qui souligne la nécessité de résoudre les problèmes liés à l’exportation du bitume kazakh en cas d’excédent sur le marché intérieur.
Augmentation des exportations vers l’Europe
Le Kazakhstan se dit prêt à augmenter ses exportations de pétrole vers l’Allemagne, répondant à la demande d’augmenter les livraisons à 2,5 millions de tonnes par an, soit plus du double du volume actuel. Berlin cherche actuellement à diversifier ses approvisionnements en pétrole pour remplacer les importations russes, désormais interdites par l’embargo de l’Union européenne.
Le Kazakhstan a commencé à fournir du pétrole à l’Allemagne via l’oléoduc Drouzhba début 2023 après avoir conclu un accord de transit avec le transporteur russe Transneft. Malgré les dommages signalés au pipeline dans l’ouest de la Pologne début décembre, les livraisons de pétrole n’ont pas été interrompues.
L’arrêt des importations de pétrole russe illustre l’importance croissante du Kazakhstan sur le marché européen de l’énergie. Les sanctions de l’UE contre Moscou ont incité les dirigeants du bloc à diversifier les sources d’énergie et à accélérer l’adoption des énergies renouvelables.
La Hongrie a exprimé son intérêt pour le pétrole kazakh en signant un accord avec la société nationale gazière et pétrolière KazMunayGas (KMG) sur l’exploration, la production, le transfert de technologie, l’approvisionnement en pétrole brut et les produits pétrochimiques.
La Hongrie a déjà investi environ 200 millions de dollars au Kazakhstan, dont une participation de 27,5 % dans le champ de gaz et de condensats de gaz de Rozhkovskoye, dont la production a commencé en décembre 2023, bien qu’il ait été découvert en 2008.
Le Kazakhstan est le neuvième exportateur mondial de pétrole brut et détient 3 % des réserves mondiales de pétrole. Le pays est également le troisième producteur de pétrole de la région de la mer Caspienne, après la Russie et l’Iran.
Relations avec Moscou
Alors que l’UE a rejoint la Norvège et les États-Unis après la guerre russe en Ukraine, le Kazakhstan est resté fortement dépendant des infrastructures russes, l’exposant à l’influence de Moscou.
Pour réduire cette dépendance, le Kazakhstan investit dans des corridors commerciaux alternatifs, comme le « Middle Corridor », un projet reliant le chemin de fer trans-kazakhstan au chemin de fer Bakou-Tbilissi-Kars, facilitant ainsi un lien direct avec le marché de l’UE.
Malgré ses liens historiques avec la Russie, le Kazakhstan s’est aligné sur les principes de l’UE, refusant de reconnaître les revendications de Moscou sur les régions ukrainiennes occupées, lui permettant ainsi d’élargir ses partenariats commerciaux et politiques avec l’Europe.
Mais si les corridors alternatifs ont le potentiel de réduire la dépendance du Kazakhstan à l’égard des routes pétrolières contrôlées par la Russie, leurs coûts élevés sont importants, en particulier pour l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan.
Le coût du transport via ce pipeline – environ 120 dollars la tonne – est trois fois plus élevé que celui du tracé du Caspian Pipeline Consortium (CPC), qui transporte le pétrole du champ de Tengiz jusqu’au port russe de Novorossiysk.
Même si les experts reconnaissent que le gazoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan a le potentiel de contourner entièrement la Russie, ils notent qu’il est sous-utilisé – malgré sa capacité à traiter jusqu’à 60 millions de tonnes par an. L’expansion de l’utilisation du pipeline nécessite des investissements importants dans les infrastructures.
Malgré les défis et les coûts, le développement de routes alternatives reste essentiel pour atténuer les risques géopolitiques. Le pétrole et le gaz représentant 60 % des recettes d’exportation du Kazakhstan, toute perturbation des routes de transport russes pourrait avoir de graves répercussions sur l’économie du pays.
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