Malgré les menaces du Premier ministre accusant ses rivaux politiques et les ONG d’« orchestrer la violence », des milliers de manifestants pro-européens se sont rassemblés dans la capitale géorgienne, Tbilissi. Ils contestent la décision de la Cour constitutionnelle, saisie par le président pro-occidental, qui a décidé de maintenir inchangé le résultat des élections législatives d’octobre remportées par le parti au pouvoir Rêve géorgien mais contesté par l’opposition. Ils critiquent également le gouvernement, qui selon eux a des liens avec le Kremlin, pour avoir reporté à 2028 l’ambition de ce pays du Caucase d’adhérer à l’Union européenne.
Même si les personnes présentes étaient un peu moins nombreuses que les jours précédents, pour cette sixième nuit consécutive de mobilisation, la soirée a été une nouvelle fois ponctuée de violences. Les manifestants ont lancé des feux d’artifice sur le Parlement et la police tout en brandissant des drapeaux géorgiens et européens. En réponse, la police a utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser la foule.
Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur a accusé les manifestants d’avoir lancé « différents types d’objets contondants, des engins pyrotechniques et des objets inflammables » sur la police. De son côté, la présidente Salomé Zourabichvili, qui soutient le mouvement de contestation, a dénoncé le X un usage « disproportionné » de la force par la police, « des arrestations massives et des mauvais traitements ».
De son côté, le commissaire aux droits de l’homme Levan Ioseliani a accusé la police d'”actes de torture” contre des manifestants, après avoir rendu visite à des manifestants détenus et blessés. La plupart présentaient des « blessures graves » à la tête ou aux yeux, a indiqué le défenseur public. « Des violences graves et délibérées infligées à titre punitif constituent un acte de torture », a-t-il déclaré. Levan Ioseliani a notamment cité le cas d’un étudiant de 21 ans dont l’état est « grave ».
Selon le ministère de l’Intérieur, 293 manifestants ont été arrêtés et 143 policiers ont été blessés depuis le début du mouvement. Des manifestants et des journalistes ont également été blessés ces derniers jours.
L’opposition et les ONG accusées d’avoir fomenté des affrontements
Quelques heures plus tôt, le Premier ministre Irakli Kobakhidze avait accusé l’opposition et les ONG d’être à l’origine des affrontements avec la police et avait prévenu qu'”elles ne se soustraient pas à leurs responsabilités”.
Son parti, qui assure ne pas abandonner l’UE malgré l’annonce du report des négociations, estime que les Géorgiens mécontents ont “mal compris” et que l’intégration européenne “progresse”.
VidéoViolents affrontements entre la police et des manifestants pro-européens à Tbilissi, en Géorgie
Il avait pourtant refusé la veille toute négociation avec l’opposition, qui réclame de nouvelles élections législatives, dénonçant des fraudes lors du scrutin du 26 octobre, tout comme Bruxelles, qu’Irakli Kobakhidzé a qualifié de “chantage”.
De son côté, l’opposition accuse le gouvernement de vouloir se rapprocher de Moscou et d’imiter ses méthodes répressives et autoritaires. « Partout en Géorgie, les gens se rebellent contre le régime fantoche russe », a salué lundi soir la présidente Salomé Zourabichvili. Cette ancienne diplomate française a assuré la semaine dernière qu’elle refuserait de renoncer à son mandat comme prévu fin décembre et qu’elle resterait à son poste jusqu’à l’organisation de nouvelles élections législatives.
Malgré des pouvoirs très limités, Salomé Zourabichvili séduit les manifestants, dont le mouvement, largement spontané et organisé en ligne, ne dispose ni de leader politique dominant ni de véritable structure.
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