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cet analyste politique, auteur d’une enquête sur le RN, est revenu à Marmande

Fils d’un maire et d’une famille de hauts fonctionnaires, Arnaud Benedetti a la politique dans le sang. Depuis plusieurs années, Agenais décrypte l’actualité parlementaire à la télévision, dans la presse et sur les ondes. Auteur d’un livre sur la montée du Rassemblement national, il revient à la conférence à l’hôtel Campanile, devant l’assemblée générale du think tank Dea Dia, pour évoquer la situation politique et institutionnelle qui attend le pays en 2025.

Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de « Aux portes du pouvoir », qui analyse la montée du RN ?

C’est une thématique qui m’a semblé importante, compte tenu du poids croissant du parti dans la vie politique et dans les dynamiques sociologiques et territoriales. J’ai passé quelques mois à enquêter pour comprendre comment il progressait et comment il était perçu, mais aussi pour comprendre les stratégies potentielles du Rassemblement national dans sa quête du pouvoir, ainsi que ses limites, en écoutant des dirigeants politiques comme François Hollande. Il s’agit d’une analyse clinique et sans jugement. Les scénarios révélés se sont révélés possibles.

D’ailleurs, il est sorti en avril et vous avez prédit la dissolution de l’Assemblée nationale, enregistrée en juin…

C’est vrai qu’à l’époque je n’imaginais pas des changements aussi intenses après sa sortie, donc on peut dire que c’est un travail qui a bien fonctionné.

Au début de cet ouvrage, l’accent est mis sur Marine Le Pen, désormais impliquée dans la justice. Est-ce que cela change votre analyse ?

Quand j’ai terminé le livre, nous savions que ce serait un sujet qui aurait beaucoup de poids. Aujourd’hui, on voit clairement qu’il y a une inquiétude quant à l’avenir politique du MLP, en attendant le 31 mars. Mais l’effet sur l’opinion publique est nul : ceux qui votent pour le Rassemblement National se disent victimes d’acharnement judiciaire. L’impact est assez direct sur la vie du parti. Je constate cependant que de nombreux dirigeants politiques, même très opposés idéologiquement, ont pris sa défense, estimant que la question de l’inéligibilité immédiate pourrait poser un véritable problème démocratique.

N’est-ce plus parce qu’ils ont peur d’affronter Jordan Bardella ?

Non, je ne le pense pas, car l’expérience politique du MLP lui est favorable. Le point fort du Rassemblement national est la complémentarité du tandem Le Pen-Bardella. Elle s’est éloignée de sa figure paternelle, tout en incarnant une certaine continuité, et a la possibilité de toucher des générations beaucoup plus jeunes et le monde de l’économie. Ils n’ont actuellement aucun intérêt à se séparer.

En parlant de Jordan Bardella, que pensez-vous du choix du maire de Marmande, Joël Hocquelet, de refuser au président du RN une salle municipale pour son meeting ?

D’une manière générale, je ne suis pas favorable aux interdictions, pour autant qu’elles concernent les forces politiques qui participent à la vie parlementaire. À mon avis, ce n’est pas ainsi que nous les combattons. Ensuite je ne connais pas les raisons du maire de Marmande, mais il faut pouvoir accepter la contradiction.

Boualem Sansal ? Il faut tout faire politiquement pour le libérer !


L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 75 ans, a été arrêté mi-novembre. Il est en détention pour « atteinte à la sûreté de l’État ».

Joël SAGET/AFP

La vit cette semaine une situation inédite : quel est votre pronostic ?

Cette situation était déjà incluse dans les résultats des élections législatives de juillet, car pour la première fois nous avons un gouvernement minoritaire qui peut être renversé par une coalition. La dissolution de l’Assemblée a été une boîte de Pandore ouverte par Emmanuel Macron, qui a mis au jour un ensemble de maux et qui a fragilisé les institutions du V.e République, dans un pays qui se trouve aujourd’hui en grave difficulté économique dans divers secteurs et ne dispose pas des moyens politiques pour mettre en œuvre des réformes. La question n’est pas tant de savoir si la motion de censure sera adoptée, mais plutôt de savoir ce qui se passera ensuite. Je ne jette pas la pierre au 49.3, ni aux motions de censure qui sont des instruments. Quoi qu’il arrive, le vice de l’instabilité est toujours présent.

Dans un tout autre genre, vous animez un comité de soutien à la libération de l’écrivain Boualem Sansal…

C’est un ami cher, dont le seul défaut est la liberté d’expression. C’est une grande voix de la littérature franco-algérienne et méditerranéenne, mais c’est aussi l’un des plus grands romanciers de ces trente dernières années. Il dénonce l’islamisme avec courage et porte une vision critique du pouvoir algérien. Tout doit être fait politiquement pour le libérer : c’est un enjeu crucial. Aujourd’hui, nous sommes plus de 400 dans le comité de soutien à sa libération. Nous sommes très inquiets, mais nous faisons confiance à la voie diplomatique.

Sur une note plus heureuse, vous serez nommé président d’honneur de Goddess Dia – qu’est-ce que cela implique ?

Je suis heureux de servir un département qui me tient à cœur et qui constitue un groupe de réflexion composé d’anciens dirigeants politiques de qualité de tous bords.

Vendredi 6 décembre à 18h30 au Campanile, avenue Mitterrand à Marmande. ENTRÉE LIBRE.

 
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