L’Areine de l’Aubrac, premier tiers-lieu de l’Aubrac, vient d’être inaugurée à Recoules-d’Aubrac. Pour créer du lien, et plus encore s’il y a des affinités.
Recoules-d’Aubrac, sa maison de retraite et récemment sa… troisième place. Le village entre Saint-Urcize dans le Cantal et Nasbinals en Lozère, à deux pas de l’Aubrac Aveyronnais, abrite l’Areine de l’Aubrac qui compte s’étendre sur tout le plateau. « Le but c’est de reconnecter les gens, de donner du sens à ce qu’on fait »» raconte Marjory Mayo, présidente de l’association et « reine » du projet, qui a créé deux espaces de travail partagés (coworking dans la langue de Shakespeare) à Lyon. Convaincus de la nécessité de cette démarche après avoir identifié les besoins, un groupe de particuliers s’est constitué pour transformer un appartement vide face à la mairie en premier tiers-lieu de l’Aubrac. « Quand j’ai vu l’enthousiasme de Marjory pour ce projet, nous avons retroussé nos manches »confie Fred qui, avec son épouse Carole, a quitté Orléans pour une retraite active avec un projet d’hébergement près de Nasbinals sur la route de Saint-Jacques. Carole, spécialisée en médecine chinoise, a déjà pris le relais en partageant un espace bien-être avec Virginie, thérapeute. « Il faut mailler le territoire pour créer des lieux chaleureux où les gens ont envie de se retrouver et de partager avec les équipements mis à disposition »continue Marjory. Deux grands écrans permettent d’organiser des séminaires sous les toits ou de suivre un cours de yoga, ou encore de réaliser des vidéos avec la cuisine d’à côté pour la convivialité. Le monde de demain, au moins, est une promesse pour la ruralité.
433 en Occitanie
La Région dispose également de son réseau de tiers-lieux animé par La Rôsée. Celui-ci recense 433 implantations tierces sur le territoire (dont 40 % en milieu rural) contre 3 500 en France. Échanger des savoir-faire, faciliter, s’entraider, le réseau organise deux événements par an pour se rencontrer. Le dernier en date était à… Najac. La prochaine réunion aura lieu à Toulouse le 13 décembre. « Le mouvement s’amplifie de plus en plus avec des porteurs de projets pour tous types de scénarios appelant chaque semaine à l’aide ou à un entretien »note Lise Combes chargée d’animer le réseau régional. Et de rappeler l’objectif initial de la troisième place, à savoir, «Reviens à la vie. »
Renforcer les liens sociaux
La voisine, Marie, n’est pas partie depuis qu’elle a appris qu’un bar à tapas ouvrirait au printemps prochain à côté du troisième lieu et l’ancien facteur est heureux de pouvoir trouver quelqu’un à qui parler. Face à la fracture sociale, la troisième place est une clé. De nombreux tiers-lieux sont en préparation en Aubrac : Montézic, Laguiole avec Convivadis, Golinhac et Le Fel l’année prochaine… « Il faut intégrer les habitants, trouver un public, créer des communs. Un tiers-lieu fonctionne avec une gouvernance partagée qui doit être animée »ajoute Marjory, épanouie au-delà de toutes ces attentes – “mieux que dans mes rêves”– par l’affluence lors de l’inauguration avec des gens de tous horizons, tout en étant lucide sur la situation : « Le modèle économique est encore fragile car hybride. » En effet, un tiers lieu ne coche pas une case mais plusieurs cases. Une opération horizontale faite de lien social et de compétences au service d’une démocratie participative pour l’intelligence collective. Moins d’espace de travail partagé (coworking) comme cela se fait en ville, le premier tiers-lieu de l’Aubrac entre dans l’arène à vocation sociale face à la chute démographique et donc économique du territoire. « Établissez des liens car le monde attire le monde »conclut Marjory, qui nourrit un doux rêve de butiner sur le plateau comme dans le jardin d’Arvieu, exemplaire à cet égard. Elle ne pense pas qu’elle le dit si bien. Deux salariés de Google venus d’Asie venus filmer l’Aubrac ont pu trouver refuge à Areine pour travailler. Preuve que la demande peut venir de partout pour ceux qui savent ouvrir leur (troisième) lieu de vie.
Une pièce du puzzle de l’attractivité
«C’est une autre pièce du puzzle de l’attractivité»résume Marc Bories, maire de Saint-Geniez où a été créée la troisième place, Corum. « Cela correspond à une clientèle quittant les villes, un mouvement accentué par le Covid. » Et de confier : « J’ai des amis toulousains qui viennent travailler là-bas deux jours par semaine. Les familles profitent aussi des vacances. Ce n’est pas révolutionnaire mais ça marche. »
Le Département de l’Aveyron a bien compris l’intérêt du tiers-lieu en ayant assimilé son réseau « Cowork Aveyron » au sein de son agence départementale d’attractivité et de tourisme (Adat). Quinze tiers-lieux y sont répertoriés avec leurs spécificités où se conjuguent activité économique et médiation numérique, formation, action sociale, insertion ou encore activités. D’autres projets de tiers-lieux sont actuellement en chantier, comme le château de Latour-sur-Sorgues.
Contacter au 05 65 63 82 47.
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