(Le Caire) L’annonce mardi d’un accord sur la formation d’un comité palestinien chargé d’administrer la bande de Gaza après la guerre suscite des doutes au vu de l’hostilité affichée par de hauts responsables du Fatah à l’égard de ce projet.
Mis à jour hier à 17h52
Lundi soir au Caire, des représentants du mouvement islamiste palestinien Hamas et du Fatah, le parti du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, se sont mis d’accord sur la formation d’un comité chargé d’administrer la bande de Gaza après la guerre, selon les négociateurs des deux côtés.
Au terme de discussions sous l’égide des autorités égyptiennes, les frères ennemis palestiniens ont approuvé un projet d’accord qui sera validé par un décret présidentiel de M. Abbas, membre de l’équipe de négociations du Hamas et un autre du Fatah.
Mais à peine annoncé, ce projet a été rejeté par Jibril Rajoub, l’influent secrétaire général du Fatah, qui y voit un facteur de « division » des Palestiniens.
« Nous voulons un gouvernement [palestinien pour la Cisjordanie et la bande de Gaza, NDLR]un seul dispositif de sécurité et une seule politique. Toute discussion ou tout effort en dehors de ce cadre est une erreur”, a-t-il déclaré aux journalistes à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne (AP), en Cisjordanie occupée.
Selon le texte du plan consulté par l’AFP, le comité, composé de 10 à 15 personnalités non affiliées à aucun des deux mouvements, aurait autorité sur toutes les questions liées à l’aide humanitaire, à l’éducation, à la santé, à l’économie et à la reconstruction, en coordination avec le gouvernement de l’Autorité palestinienne à Ramallah.
Le comité serait également chargé d’administrer la partie palestinienne du point de passage de Rafah entre la bande de Gaza et l’Égypte, seule porte d’entrée de ce petit territoire vers un pays autre qu’Israël.
Le comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), institution dominée par le Fatah et à laquelle le Hamas n’appartient pas, s’est réuni mardi soir, mais s’est abstenu d’approuver ou de rejeter publiquement l’accord du Caire.
“Personne ne signera”
« Les informations qui circulent [au sujet du comité pour Gaza] sont inexactes”, a déclaré à l’AFP l’un de ses membres sous couvert d’anonymat : “Il n’y a pas eu d’accord sur [sa] formation. »
« La délégation du Fatah [au Caire] n’a pas accepté l’accord », et « personne dans le comité [exécutif de l’OLP] Je ne signerai pas un tel accord », a-t-il ajouté.
Quoi qu’il en soit, « comment cet accord serait-il mis en œuvre alors qu’Israël contrôle militairement Gaza ? », demande Ghassan Khatib, analyste palestinien et ancien membre du gouvernement.
“Si cet accord est mis en œuvre, il libérera Israël de ses obligations d’occupant”, a déclaré M. Khatib, professeur à l’Université de Birzeit (Cisjordanie).
L’annonce de l’accord intervient dans le contexte d’une reprise de l’initiative diplomatique pour mettre fin à la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas lancée le 7 octobre 2023 contre Israël, dont les représailles militaires ont dévasté la bande de Gaza, désormais en proie, selon le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à une situation « apocalyptique ».
Ces efforts, sous l’égide des Etats-Unis, en coordination avec le Qatar, l’Egypte et la Turquie, selon Washington, interviennent dans la foulée de l’entrée en vigueur d’une trêve fragile au Liban entre Israël et le Hezbollah, allié du Hamas. .
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu, l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël, a fait de la destruction du Hamas l’un de ses objectifs de guerre, mais a également exprimé à plusieurs reprises sa ferme opposition au retour de l’Autorité palestinienne à Gaza.
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