Le 2 décembre 2024, les pays signataires de la Convention de Berne réexamineront le statut de protection du loup en Europe.
L’Europe facilitera-t-elle l’abattage des loups ? C’est ce que vont examiner les pays signataires de la Convention de Berne mardi à Strasbourg, suscitant l’appréhension des scientifiques et des associations.
“Nous généralisons à l’Europe ce que la France pratique déjà à titre dérogatoire”
Le comité permanent de la Convention, qui vise à assurer la protection des espèces sauvages, réfléchit à la possibilité de déclasser le loup de l’espèce « strictement protégé » Ha “protégé”suite à une proposition présentée fin septembre par l’Union européenne.
« Cela reviendrait à généraliser à l’Europe ce que la France pratique déjà à titre dérogatoire, à savoir la possibilité d’abattre les loups selon des règles à définir au niveau national »résume Yann Laurans, directeur du programme WWF-France pour l’AFP.
Les loups peuvent donc être tués pour protéger les troupeaux, dans des conditions bien précises.
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Un danger « pour le bétail et, potentiellement, pour l’homme »
Dans sa proposition, l’UE, qu’elle prétend s’appuyer sur « une analyse approfondie de la situation » carnivore sur son territoire, fait état d’une population en croissance, atteignant 20 300 individus en 2023, notamment dans les Balkans, les pays nordiques, l’Italie et l’Espagne.
Selon Bruxelles, cette expansion a entraîné des difficultés «du point de vue de la coexistence avec les activités humaines, notamment en raison des dommages causés au bétail, qui ont atteint des niveaux importants».
L’année dernière, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a parlé de la « un réel danger » du loup « pour le bétail et, potentiellement, pour les humains ».
Certains soupçonnent qu’il en veut aux chiens parce que l’un d’eux a tué un poney sur sa propriété dans le nord de l’Allemagne. Mais elle n’est pas la seule.
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« Frapper » illégalement des loups
En Haute-Saône, dans l’est de la France, des dizaines d’éleveurs ont déploré début novembre des attaques contre leurs animaux et dénoncé le refus des services de l’État de procéder à des tirs défensifs.
Le président de la Chambre d’agriculture du département voisin du Doubs a de son côté invité fin septembre les agriculteurs à s’armer et à “cône” des loups illégalement, pour protéger leurs troupeaux.
« Le retrait des loups des troupeaux est en réalité négligeable, de l’ordre de 1 % » Sur le total des attaques en Europe, Yann Laurans s’énerve, d’autres animaux s’attaquent aussi au bétail.
Déstabiliser « une organisation sociale très précise » ce qu’un pack risquerait de créer « un comportement plus désordonné » de cela envers les troupeaux, selon lui.
Une espèce « fragile ».
La proposition de l’UE « est largement considéré comme illégal, dépourvu de justification scientifique et violant les principes de participation démocratique »plusieurs ONG, dont l’association de défense des animaux One Voice, ont alerté dans une lettre adressée au secrétaire de la Convention, Mikaël Poutiers, fin novembre.
Cette proposition « est basé sur certaines informations fournies par un rapport unique, non évalué par des pairs, produit par un cabinet de conseil dans le cadre d’un contrat de services, sous-traité et financé par la Commission européenne »ils continuent.
« La population de loups, jugée à tort en bonne santé par la Commission européenne, est en réalité encore assez fragile »dit Yann Laurans.
« En affaiblissant les espèces qui constituent le summum du système écologique européen, nous risquons d’affaiblir la santé globale de l’écosystème européen, déjà assez faible »prévient.
Un « moment clé » pour augmenter les abattages selon Michel Barnier
Lors de sa visite au Sommet de l’élevage début octobre, le Premier ministre Michel Barnier a estimé que la nouvelle estimation officielle du nombre de loups en France, attendue d’ici fin 2024, pourrait représenter un potentiel « moment clé » pour augmenter les abattages.
Le nombre estimé de loups en France en 2023 était de 1 003 individus, en baisse de 9 % en un an. Environ 20 % de la population est massacrée chaque année.
La décision sera prise lors de la réunion du Comité de la Convention de Berne, qui aura lieu du 2 au 6 décembre au siège du Conseil de l’Europe à Strasbourg.
S’il est adopté, il entrera en vigueur trois mois plus tard dans les pays qui ne se sont pas opposés au vote.
La Convention de Berne rassemble les 46 Etats membres du Conseil de l’Europe, à l’exception de Saint-Marin, et quatre Etats africains : le Burkina Faso, le Maroc, le Sénégal et la Tunisie.
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