Ceux qui font le commerce du protoxyde d’azote font-ils quelque chose d’illégal ? C’est la question qui s’est posée lors du dossier d’un jeune homme de 22 ans, qui a comparu ce lundi 2 décembre devant le tribunal correctionnel de Pau. Le débat n’a pas été tranché à l’époque par les magistrats qui ont réservé leur décision au 6 février 2025.
La matérialité des faits n’est pas contestée. Le prévenu a reconnu avoir détenu, acheté et transporté du protoxyde d’azote du début 2023 au 6 octobre 2024. A cette date, il a été contrôlé par les gendarmes au péage de Pau au volant de sa voiture : à l’intérieur, les militaires ont découvert des ballons et plusieurs boîtes de cartouches de ce gaz hilarant inhalé à des fins récréatives, principalement par les jeunes.
Le prévenu revenait de Toulouse où les marchandises étaient moins chères. « J’allais en garder la moitié pour moi sur le long terme, l’autre moitié pour mes collègues. En soi, ce n’est pas difficile à trouver », explique le jeune Béarnais. Quelques mots-clés sur l’application Snapchat et le sourcing est possible.
48 kilos
Plus de 48 kilos ont été retrouvés entre le domicile et la voiture d’une personne qui se décrit comme un consommateur régulier. « Pour les effets euphorisants, détendez-vous entre collègues, mais sans vous saouler », précise l’étudiant en BTS commerce international qui n’a pas terminé ses études. « Il n’y a aucun risque de danger immédiat. Au bout de trois ou quatre minutes, ça redescend. »
“C’est une substance dangereuse dont la consommation est banalisée par les mineurs”
Les débats ont principalement porté sur l’existence ou non d’un délit. Le ministère public soutient que le prévenu a enfreint la loi : le protoxyde d’azote figure sur la liste des substances toxiques et appartient à la catégorie des produits présentant des risques pour la santé. « Addictions, séquelles neurologiques, risques d’étouffement », énumère la procureure Orlane Yaouanq.
“Ce n’est pas anodin”
En défense, Me Maxime Barnaba plaide l’acquittement et cite deux décisions récentes allant dans ce sens. « Ce protoxyde d’azote, denrée alimentaire, n’est pas celui mentionné dans cette liste et qui est à usage médical », précise l’avocat. Ce qui rappelle que le gaz est utilisé pour ses propriétés anesthésiques et analgésiques, dans les bombes à chantilly ou encore par les passionnés d’automobile pour augmenter la puissance des moteurs. Autant d’utilisations qui ne vous exposent à aucune procédure judiciaire.
« C’est une substance dangereuse dont la consommation est courante chez les mineurs. Mais nous sommes confrontés à des conséquences sanitaires importantes. Ce n’est pas anodin », prévient plus généralement le procureur. Voulant mettre « un terme définitif à ce type de délinquance », elle a requis deux ans de prison avec mandat de dépôt contre le prévenu, dont le casier judiciaire comporte une mention pour vol aggravé.
A la barre, le jeune homme, qui sera sous contrôle judiciaire jusqu’à la décision, affirme avoir arrêté sa consommation.
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