Nous voterons pour censurer le gouvernement
a déclaré la figure de proue de l’extrême droite Marine Le Pen, lundi 2 décembre. Les voix du Rassemblement national (RN) et celles de l’alliance de gauche, qui a également déposé une motion de censure, sont suffisantes pour faire tomber le gouvernement de centre droit manquant une majorité à l’Assemblée.
Peu auparavant, le Premier ministre Michel Barnier avait en effet tenu son gouvernement pour responsable de l’adoption sans vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
Devant un hémicycle chauffé, M. Barnier, engagé depuis plusieurs jours dans de laborieuses négociations, a déclaré avoir été à la fin du dialogue avec tous les groupes politiques
.
Nous sommes à un moment de vérité qui confronte chacun à ses responsabilités
dit-il. Je pense que les Français ne nous pardonneraient pas de préférer des intérêts particuliers à l’avenir de la nation.
il a ajouté.
Quelques instants plus tard, la gauche radicale a quitté l’hémicycle et a annoncé le dépôt d’une motion de censure, puis l’extrême droite a fait de même, tout en précisant qu’elle voterait également pour la motion de gauche. Le texte sera examiné mercredi au plus tôt.
Le gouvernement Barnier devrait donc tomber, malgré les concessions qu’il a faites ces derniers jours à l’extrême droite, l’arbitre du jeu : pas d’augmentation des taxes sur l’électricité, réduction de l’aide médicale de l’État aux étrangers, renoncement à un moindre remboursement des médicaments…
Lundi, peu avant l’ouverture de la séance à l’Assemblée, le RN a posé une nouvelle condition en réclamant des mesures sur les retraites pour ne pas censurer le gouvernement.
Les Français jugent que leur pays est en « déclin »
L’adoption d’une motion de censure serait une première depuis la chute du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement Barnier, formé en septembre après de longues et douloureuses négociations, deviendrait alors le plus court de l’histoire de la Ve République. .
La France continue de s’enfoncer dans la crise politique déclenchée par la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron en juin, qui a conduit à un hémicycle fragmenté en trois blocs, dont aucun ne dispose de majorité absolue.
Le pays est confronté à une dette épouvantable et au risque d’une crise financière. Immédiatement après que Michel Barnier ait tenu le gouvernement pour responsable, l’écart entre les taux d’intérêt des emprunts de la France et de l’Allemagne s’est fortement creusé sur les marchés.
La différence entre ces deux taux, appelée propagé
et baromètre de confiance des investisseurs dans la signature française, s’élève à 0,88 point de pourcentage, un niveau comparable à 2012.
Sans le projet de loi de financement de la sécurité sociale que nous examinons aujourd’hui, le déficit des comptes sociaux atteindrait l’an prochain près de 30 milliards d’euros.
a prévenu le ministre du Budget Laurent Saint-Martin à l’hémicycle.
Le président du groupe macroniste à l’Assemblée Gabriel Attal avait auparavant appelé les oppositions ne pas céder à la tentation du pire et donc ne pas voter la censure du gouvernement
.
Dans ce climat délétère, les Français sont surtout préoccupés par le pouvoir d’achat et 87% jugent leur pays en déclin
selon une enquête annuelle Ipsos-Sopra Steria publiée lundi.
Interrogés sur les questions qui les préoccupent le plus à titre personnel
les Français placent en tête difficultés en termes de pouvoir d’achat
(38%), devant protection de l’environnement
(23 %) et le niveau de délinquance
(22%), selon cette enquête sur Fractures françaises
.
Selon cette enquête d’opinion, près d’un tiers des Français (31%) souhaitent une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale après celle décidée le 9 juin, tandis que 52% d’entre eux sont favorables à la démission d’Emmanuel Macron.
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