Devant la morgue de N’Zérékoré, lundi 2 décembre, des dizaines de familles attendent de pouvoir identifier les corps de leurs proches. Ils réclament également des réponses sur la façon dont le match de football qui s’est déroulé la veille au stade de la ville, le deuxième de Guinée, aurait pu se transformer en un piège mortel pour des dizaines, voire des centaines, de supporters. Le bilan provisoire faisait état, lundi après-midi, de 56 morts et plusieurs blessés.
Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Guinée, le système D, comme Doumbouya
Lire plus tard
“La morgue est pleine »a expliqué un médecin local à l’Agence France-Presse, sous couvert d’anonymat, estimant “que là [avait] une centaine de morts ». Plusieurs photos et vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des corps inertes au sol, à l’intérieur de la morgue.
Dimanche après-midi, les équipes de N’Zérékoré et de Labé se sont affrontées dans un match symbolique ; la finale du trophée « Général Mamadi Doumbouya », un concours dédié au chef de la junte, arrivé au pouvoir par un coup d’État, en septembre 2021. « Il y avait des fous dans le stade »assure Moussa Kounady Camara, correspondant local du média Guinéenews. « C’était un grand match. Les gens se sont mobilisés. Beaucoup n’avaient pas accès au stade. C’était plein à craquer »assure un jeune qui a assisté à la réunion, mais ne souhaite pas donner son nom. Non seulement les tribunes de ce stade en construction depuis quinze ans étaient pleines, mais la foule s’est également rassemblée au bord du terrain.
« Les plus faibles ont été piétinés »
Deux incidents d’arbitrage ont fait dérailler le match, auquel assistait une délégation gouvernementale représentée par le ministre de la Jeunesse et des Sports ainsi que le ministre de l’Agriculture. Tout d’abord un carton rouge en milieu de seconde période, finalement annulé suite à l’intervention d’un des ministres auprès de l’arbitre. Puis un penalty litigieux, sifflé dans les dix dernières minutes. Cette décision a provoqué la fureur des partisans de Labé. Des pierres ont été lancées et le terrain a été envahi.
Les policiers ont alors tiré des gaz lacrymogènes, selon plusieurs sources présentes dans le stade, ce qui a provoqué un important mouvement de foule. Des vidéos montrent des centaines de spectateurs – pour la plupart des mineurs – escaladant le terrain du stade pour échapper à la foule. «C’était une déroute. Les gens se dirigeaient vers l’unique porte du stade, se bousculaient (…) Les plus faibles ont été piétinés »assure un jeune supporter, qui a perdu un ami proche dans la grande bousculade.
Il vous reste 47,73% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
Related News :