La loi de Murphy est vraie. Vendredi 29 novembre 2024 au soir, l’usine Liot Châtellerault 86, spécialisée dans la fabrication d’aliments pour animaux dans la zone nord de Châtellerault, a été victime d’un incendie et d’une explosion dans un silo. Un employé qui déchargeait des sacs de farine à proximité d’un séchoir a été blessé par le souffle de la détonation, selon les premiers éléments de l’enquête.
« L’usine condamnée à une amende en 2022 pour risques d’incendie »
Question : la catastrophe était-elle évitable ? En tout cas, la préfecture s’en doutait. Elle avait tiré la sonnette d’alarme en 2022, craignant déjà un risque « incendie ou explosion de courte durée ».
Dans l’arrêté préfectoral du 28 juin 2022, l’entreprise présidée par Pierre Liot avait, en ce sens, fait l’objet d’une mise en demeure d’effectuer des travaux de mise en conformité (janvier 2022) et d’une sanction administrative (juin 2022).
Concrètement, l’usine avait été condamnée à une amende de 450 euros par jour pour « infractions marquées » à la réglementation des installations classées pour la protection de l’environnement (1).
Aspect de la montre à grains
A l’époque, le PDG de Liot Châtellerault, Pierre Liot, avait répondu aux services de l’État qu’il remédierait aux manquements (2) sauf sur un point : les émissions de poussières. Pierre Liot expliquant qu’il n’a pas pu répondre aux exigences pour des raisons techniques et financières.
Ou, « l’utilisation de farines animales, non prévue au l’autorisation d’exploiter l’usine Liot à Châtellerault, n’a fait qu’amplifier les risques d’incendie et d’explosion, car les poussières de ces farines sont connues pour être très inflammables »réagit dans un communiqué daté de lundi 2 décembre, l’association Aspect, mobilisée depuis des années contre le projet et l’aménagement de l’élevage de 1.200 taureaux à Coussay-les-Bois.
Fin décembre 2022, dans un nouvel arrêté préfectoral, on apprenait que l’astreinte administrative était partiellement liquidée pour un montant de 10 000 €, payé par la société Liot. Une levée partielle car, constate la préfecture, « les installations sont (toujours) très poussiéreux » et “l’exploitant n’a pas justifié sa capacité à récupérer les eaux d’extinction en cas d’incendie […]. »
Truculent et lapidaire M. Liot
Contacté, le truculent industriel du sérail, Pierre Liot, 85 ans, propriétaire d’élevages bovins et d’usines d’aliments pour animaux a toujours le commentaire lapidaire. : « Il y a eu un problème électrique, je ne sais pas trop quoi exactement. Cela n’a rien à voir avec la poussière. Il n’y avait rien d’extraordinaire. Il n’y a rien d’autre à dire… Voilà, merci ! »
(1) La préfecture a notamment pointé du doigt « des installations très poussiéreuses », « l’absence de registre de nettoyage », « des déchets tels que des pneus et des palettes stockés sur des espaces enherbés », « des installations électriques non conformes » ou encore « la défaillance des installations électriques ». un système permettant la récupération des eaux d’extinction en cas d’incendie.
(2) La société Liot a déposé le 29 septembre 2024 une demande de permis de construire auprès de la mairie de Châtellerault pour la construction d’un hangar avec panneaux photovoltaïques.
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