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La Belgique est-elle vraiment entrée dans l’ère du numérique ? « Les bases de la digitalisation ont été consolidées », affirme Mathieu Michel

Le rapport souligne qu’en Belgique, plus de 70 % des abonnements Internet fixes offrent des débits de 100 Mbps ou plus, plaçant le pays dans le top 10 européen. Toutefois, les connexions avec des débits d’au moins 1 Gbps restent rares (5,44% des familles contre une moyenne européenne de 18,52%). “La Belgique s’appuie depuis longtemps sur son réseau traditionnel efficace.ajoute Mathieu Michel. “D’autres pays, dotés d’un réseau moins avancé, sont rapidement passés à la 5G. Mais les mesures adoptées permettront de rattraper ce retard et de revenir dans le groupe européen dans les années à venir.»

Administration en ligne

L’e-gouvernement, ou accès aux services publics en ligne, connaît des progrès significatifs, puisque 69% des citoyens belges utilisent Internet pour interagir avec les administrations. Ce chiffre dépasse largement la moyenne européenne (36,65%) et dépasse également celui des pays voisins comme la et le Luxembourg. “Nous avons lancé MyGov, le portefeuille électronique, il y a six mois.Mathieu Michel se souvient. “110 000 personnes l’ont activé. Avec cette application, le citoyen n’aura plus besoin de se connecter à différents systèmes. MyGov rassemble tout, comme un portefeuille numérique centralisé.

Mathieu Michel précise également que les textes permettant la reconnaissance juridique du permis de conduire et de la carte d’identité numériques intégrés à MyGov sont désormais lancés. “Il faut aussi savoir que lors des négociations pour former le gouvernement de l’Arizona, il a été question de mettre MyGov au centre de la vie numérique des citoyens. Cela doit devenir un outil de simplification définitif, autour duquel toutes les administrations doivent se coordonner.”

Intelligence artificielle

En 2023, 12,5% des PME belges utilisaient au moins une technologie d’IA, soit une augmentation de 3,2 points de pourcentage par rapport à 2021. Le rapport met également en évidence une corrélation entre l’utilisation de l’IA et la taille des entreprises : 47,9% des grandes entreprises l’adoptent, contre seulement 10,6% des petits.

« Je pense qu’il existe des moyens de faire mieux, mais nous sommes extrêmement bien placés »commenta Mathieu Michel. “Collectivement, tant au niveau fédéral que régional, nous avons identifié ce problème assez tôt et avons travaillé sur des plans ambitieux pour mettre en œuvre l’intelligence artificielle.»

Commerce électronique

En 2023, 75,26% des Belges effectuaient des achats en ligne, plaçant la Belgique bien au-dessus de la moyenne européenne (69,60%). Mais 62,41% des particuliers ont acheté auprès de vendeurs établis dans d’autres pays de l’UE. “Si le client souhaite commander à 22h et être livré à 8h, cela implique un travail de nuit. Cependant, nos normes ne sont pas compétitives par rapport aux autres pays. »analyse Mathieu Michel. “On voit bien que les centres logistiques de certains géants du e-commerce se créent autour de la Belgique, mais pas en Belgique.»


« Les fondements de la digitalisation ont été consolidés »

Mathieu Michel, comment percevez-vous l’impact de l’intelligence artificielle dans les entreprises aujourd’hui ?

En tant que secrétaire d’État chargé de la numérisation, j’ai élaboré il y a deux ans un plan de convergence de l’IA qui mettait en évidence la nécessité d’accéder à des données de qualité ainsi que la nécessité de construire un réseau solide. Ce plan n’a pas vocation à remplacer ce que les Régions font déjà bien. En outre, ils ont lancé des campagnes de soutien locales pour aider les PME à intégrer l’IA dans leurs processus.

Dans le secteur technologique, certains déplorent l’absence d’une marque belge unique, comme la « French Tech » en France. Est-ce un regret pour vous ?

J’aimerais que la Belgique ait plus de conscience d’elle-même au niveau international. Mais la difficulté réside dans le fait que la Belgique est un pays décentralisé. De plus, les écosystèmes technologiques belges sont dispersés. Il existe par exemple un écosystème à Liège autour de la Grand Poste, un autre autour du Trakk à Namur ou encore le BeCentral à Bruxelles. J’ai essayé de les fédérer autour de la logique de la « Smart Nation »

Quel bilan personnel faites-vous de cette législature ?

Je suis très satisfait d’avoir atteint tous les objectifs que je m’étais fixés. Les bases de la numérisation des services publics ont été posées. Il y a aussi un dossier, né de la présidence belge du Conseil de l’Union européenne, dont je suis particulièrement fier : la Déclaration de Louvain-la-Neuve. Ce faisant, les 27 États membres s’engagent à créer des outils pour mettre en ligne la responsabilité individuelle. Sur cette base, la Commission européenne travaille sur un outil technologique pour authentifier les profils. Un appel d’offres public a été lancé pour développer un premier outil capable de distinguer un majeur d’un mineur sur Internet.

Durant cette législature nous avons également assisté à la difficile réforme du Garant de la Protection des Données Personnelles (DPA)…

En effet, j’ai rencontré des obstacles. Je me suis retrouvé au milieu d’un jeu politique. Mais au final, le texte répond aux attentes.

Vous avez été l’objet de moqueries au début de la législature…

Pourtant, lorsque j’étais responsable du numérique dans la province du Brabant wallon, j’avais déjà une expérience dans ce secteur. Je pense que certains ne voulaient pas voir arriver un troisième Michel sur la scène politique.

Un nouveau gouvernement arrive. Que ferez-vous dans quelques semaines ?

Peu importe où je suis, je ferai de mon mieux. Et j’envisage de travailler sur un combat essentiel : l’impact de l’intelligence artificielle sur les démocraties. La manière dont les algorithmes peuvent influencer les opinions est inquiétante. Nous devons soutenir cette technologie en établissant la responsabilité de son utilisation, de sa distribution et de sa construction. Si nous ne le faisons pas, la démocratie elle-même est en danger.


Quelques autres leçons…

DONNÉES OUVERTES

Le rapport souligne que la Belgique a obtenu un score de 72 % dans l’indice de maturité des données ouvertes en 2023, se classant 27e sur 35 pays. Cet indice évalue quatre dimensions : politique, portail, impact et qualité. Pour rappel, l’Open Data désigne la mise à disposition publique de données générées par les institutions publiques. Ils peuvent ensuite être utilisés par des entreprises, des chercheurs ou des citoyens pour créer des services, des analyses ou des innovations. « La faille de l’open data est liée, une fois de plus, à la fragmentation des institutions », analyse Mathieu Michel. « La nouvelle loi, présentée au Parlement en mars 2024, permet de contraindre les services publics à rendre les données directement disponibles. Depuis des années, nous adoptons un peu partout des textes législatifs sur les données ouvertes, mais il n’existe pas de plateforme commune où nous puissions tous trouver des données ouvertes, ce qui complique les choses. La nouvelle loi ne vise pas à obliger les institutions à rendre les données accessibles sur demande, mais à les rendre directement disponibles.»

RÉPARTITION NUMÉRIQUE

La fracture numérique en Belgique diminue, mais persiste. En 2023, 94,5% des foyers belges disposaient d’une connexion Internet, soit un chiffre supérieur à la moyenne européenne de 93,1%. Cependant, 3,2% des Belges âgés de 16 à 74 ans n’avaient jamais utilisé Internet auparavant, même si ce pourcentage est en diminution par rapport à 2022. L’utilisation régulière d’Internet atteint 93,6%, contre 90,3% dans l’Union européenne. La fracture numérique reste particulièrement marquée chez les personnes âgées et les femmes, ces dernières généralement moins connectées que les hommes. « Les données montrent que la fracture numérique se réduit à une vitesse incroyable », explique Mathieu Michel. Pour faciliter l’adoption des services en ligne, nous avons créé un outil appelé Conectoo, suffisamment efficace pour former tout agent du service public qui souhaite contribuer à réduire la fracture numérique. Après quelques heures de formation, l’agent reçoit un certificat qui le valide. ses compétences, notamment pour aider les citoyens à passer au numérique. C’est un vrai projet à effet boule de neige qui fonctionne extrêmement bien.

 
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