Une vague. Depuis la première Logan en 2004, Dacia, relancée par Renault, a multiplié ses ventes par 16 en moins de vingt ans, devenant ainsi la troisième marque la plus vendue en France, derrière Renault et Peugeot. Le label roumain a su répondre parfaitement au besoin exprimé par la clientèle française pour des véhicules économiques, acceptant qu’ils soient plus simples et moins équipés. La petite Sandero est donc le modèle le moins cher du marché. Avec un prix démarrant à partir de 12 240 euros, contre environ 19 000 pour une Renault Clio équivalente, elle est aujourd’hui le véhicule le plus populaire en France, si l’on ne compte que les ventes aux particuliers.
Ce succès se confirme à l’échelle européenne : « Les ventes totales de la marque vont plus que doubler en sept ans pour atteindre 650 000 unités attendues en 2024 »dit Denis Le Vot. Le directeur de la société Pitesti ajoute : « Les clients gardent longtemps leur véhicule [sept ans] et 70 % d’entre eux achètent une Dacia. » Soit un taux de fidélité 19 points supérieur en France à celui de Renault.
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L’engouement des Français pour les Dachas révèle leurs problèmes de pouvoir d’achat. “Cela correspond à la baisse des revenus des classes moyennes” explique Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et Stratégie à l’Ifop. « Les prix des véhicules en France ont augmenté de 24 % entre 2018 et 2022 en euros constants, alors que le niveau de vie est resté quasiment inchangé »ajoute Stéphane Magnin, directeur général de Suzuki France, également spécialisé dans les petits véhicules, mais plus chers que les Dacia.
L’écart de prix se réduit
Acheter une voiture neuve en France nécessite aujourd’hui en moyenne plus de 17 mois de Smic, contre seulement 14,7 en 2010. « Il fallait huit mois de smic pour acheter une Renault Super 5 » [commercialisée entre 1984 et 1996]mais aujourd’hui il en faut treize pour la Renault Clio”, precisa Jérôme Fourquet. “Avec Dacia Sandero on remonte neuf mois en arrière”, ajoute l’enquêteur et essayiste.
Le seul problème est que même les voitures bon marché ont souffert de la crise inflationniste. Depuis 2019, le prix de base d’une Sandero a augmenté de moitié, celui d’un SUV Duster de 60 %. Et si au fil du temps les Dacia sont devenues plus sûres et plus agréables à conduire, l’écart de prix avec les modèles comparables de marques concurrentes s’est considérablement réduit. « Nous avions un différentiel de 25 % en 2019, de 15 % en 2022 et actuellement il atteint 12-13 % »» avoue Xavier Martinet, directeur commercial et marketing de la marque. En 2019, la gamme Dacia variait de 7 990 à 21 300 euros. Aujourd’hui, les prix varient de 12 240 à 28 100 euros.
Plus vert, plus cher
Les raisons d’une telle inflation ? Dacia cherche décidément à augmenter ses marges. Mais les normes européennes sont plus draconiennes et plus coûteuses. Dernière nouvelle : les alertes de sécurité (aide au maintien dans la file, signaux sonores en cas de dépassement de la vitesse autorisée), obligatoires depuis juillet, ont fait augmenter les prix des véhicules d’entrée de gamme de plus de 500 euros. Car il fallait équiper les modèles qui en manquaient auparavant pour des raisons de prix d’un appareil photo sophistiqué.
Et ce n’est pas encore fini. Pour faire face à la multiplication des sanctions écologiques sur les voitures thermiques, Dacia propose dans ses modèles les plus récents les motorisations hybrides les plus vertueuses. Le problème : ce Duster plus écologique coûte 3 200 euros de plus que le modèle essence. Quant à la mini-Spring 100 % électrique, produite en Chine, son prix est 50 % supérieur à celui de la Sandero.
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Bref, la voiture (vraiment) bon marché est probablement révolue. Si les prix continuent d’augmenter, ces consommateurs n’auront d’autre choix que de recourir aux véhicules d’occasion. Dommage, car Dacia voulait, à ses débuts, être la solution alternative à l’achat de voitures d’occasion pour la classe moyenne.
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