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l’or de tous les désirs

L’Afrique de l’Ouest est l’une des régions, avec l’Australie et le Canada, qui possède le plus grand potentiel aurifère au monde. Et l’histoire semble le confirmer. La légende raconte même que le roi Kankan Moussa du Mali (XIVe siècle) serait l’homme le plus riche du monde… de tous les temps. Plus proche de nos jours, l’ancien nom donné par les colons britanniques au Ghana est Gold Cost, un nom qui n’appelle aucun commentaire. Légendes et réalité s’entremêlent pour illustrer la richesse aurifère de la région qui compte de nombreux sites, dont certains sont connus depuis le Moyen Âge.

Selon les données 2023 du World Gold Council, quinze pays africains figurent parmi les 45 plus grands producteurs d’or au monde, un classement dominé par la Chine (328,2 tonnes), la Russie (321,8 tonnes), l’Australie (293,8 tonnes), le Canada (191,9 tonnes). et les États-Unis (166,7 tonnes). La première nation africaine, 6ème mondiale, est le Ghana avec une production de 135,10 tonnes.

Dans ce classement, sur les 15 pays africains, huit sont d’Afrique de l’Ouest : le Ghana, le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Libéria et le Sénégal. Et dans cette région, le Ghana, le Mali et la Guinée constituent le quatuor d’or.

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En 2023, les quatre pays ont produit un total de 404 tonnes d’or. Et la production des huit pays de la région a atteint un total de 525,5 tonnes, contre 884 pour les 15 plus grands producteurs du continent. Et sachant que les statistiques de la région sont loin d’être exhaustives, en raison de l’importance de l’orpaillage et de l’insécurité dans certaines régions contrôlées par des groupes terroristes, on peut affirmer que la région représente à elle seule plus de la moitié de la production d’or de l’Afrique. continent.

Le top 15 des producteurs en 2023

Payer Classement Afrique Classement mondial Quantité (tonnes)
Ghana 1er 6e 135,1
Mali 2e 11e 105
Afrique du Sud 3e 12e 104,3
Burkina Faso 4e 13e 98,6
Soudan 5e 16e 72,5
Guinée 6e 18e 64,9
Tanzanie 7e 19e 52,0
Côte d’Ivoire 8e 20e 51,5
Zimbabwe 9e 22e 46,6
République démocratique du Congo 10° 23e 45,4
Niger 11e 29e 33,4
De la Mauritanie 12e 34e 21,8
Libéria 13e 35e 19,9
Sénégal 14e 38e 17,1
Madagascar 15e 39e 15,9

Source: Conseil mondial de l’or

Malgré ce poids, le potentiel de l’Afrique de l’Ouest reste encore largement sous-utilisé. Tandis que les mines d’Afrique du Sud, longtemps leader mondial de la production d’or, s’épuisent, celles d’Afrique de l’Ouest se développent. Cela justifie que le Ghana occupe depuis plusieurs années la première place en tant que producteur africain de métal jaune en provenance d’Afrique du Sud.

Actuellement, le Mali dépasse le géant sud-africain, qui chute au troisième rang des producteurs du continent. Une 3e place menacée par le Burkina Faso, dont la production est passée d’environ 50 tonnes en 2020 à 98,3 en 2023, doublant sa production en l’espace de seulement trois ans avec une quinzaine de mines d’or en exploitation. Ces progrès ont été réalisés malgré les impacts négatifs de la crise sécuritaire du Covid-19.

Un pays comme le Mali, 11e producteur mondial en 2023 avec 105 tonnes d’or, et qui contient des réserves estimées à 7 000 tonnes, peut encore améliorer sa position parmi les plus grands producteurs d’or au monde. Le classement des producteurs de la région devrait donc évoluer dans les années à venir.

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Outre le Mali et le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire monte également en puissance, ayant misé sur son potentiel minier pour diversifier son économie. Avec 51 tonnes produites en 2023, le pays a découvert plusieurs gisements d’or « de classe mondiale ». Dans le nord du pays, la société canadienne Montage Gold a découvert un gisement dont les réserves sont estimées à 5 millions d’onces, soit 155,5 tonnes d’or exploitables dans 20 ans. Cette mine, qui entrera en production en 2027, permettra d’augmenter considérablement la production du pays.

La production d’un autre gisement d’or appelé Tanda-Iguéla, découvert en 2022 par Canadian Endeavour Mining, débutera en 2028, avec une production totale de 150 tonnes d’or sur une période de 15 ans. Cette société a inauguré la mine de Lafigué en octobre 2024 avec une production attendue de 5,6 tonnes par an à partir de 2025.

Au total, une dizaine de mines d’or sont actuellement opérationnelles en Côte d’Ivoire, et d’autres devraient suivre dans les années à venir pour propulser le pays parmi les plus grands producteurs d’or d’Afrique.

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La région est loin de révéler tout son potentiel aurifère car elle est jusqu’à présent sous-explorée. Néanmoins, la région attire de plus en plus de multinationales. Cela est de bon augure pour les pays de la région, à l’heure où le prix du métal atteint des niveaux historiquement élevés. L’or se négocie actuellement à 2 650 dollars l’once, après un sommet historique de 2 790 dollars.

Mais cet or, qui devrait stimuler leur développement, ne profite que marginalement aux pays ouest-africains. Pour le Ghana, le métal jaune est le principal produit d’exportation avec un chiffre d’affaires de 7,6 milliards de dollars en 2023, ce qui représente 45 % des recettes d’exportation du pays, bien plus que les revenus du pétrole et du cacao.

L’or est également le principal produit d’exportation du Mali et du Burkina Faso, avec d’importantes recettes fiscales provenant de l’exploitation aurifère. Cette situation s’explique principalement par le fait que les sites miniers sont généralement gérés par des multinationales, notamment canadiennes (Barrick Gold, Iamgold, Endeavour Mining Asante Gold, Galiano Gold, Golden Star, etc.), australiennes (Perseus Mining, Resolute Mining) . ..),…

Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce paradoxe. Premièrement, les pays ne détiennent que des participations négligeables dans le capital des sociétés chargées de l’exploitation des mines d’or. Ces parts se situent autour de 10 %, ce qui signifie que les États ne profitent que très peu des bénéfices générés par les sociétés minières aurifères.

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Il y a ensuite le faible niveau des redevances, taxes et droits, dû à des codes d’investissement qui profitent le plus aux multinationales. Cet écart fait que les États tirent peu de profit de l’exploitation de leurs mines. Par ailleurs, une part importante de l’or extrait dans la région est commercialisé à l’état brut, sans valeur ajoutée.

Enfin, une partie importante de l’or est extraite par des unités informelles dont la commercialisation s’effectue à travers des circuits parallèles qui approvisionnent les raffineries occidentales, les Émirats arabes unis, l’Inde… et qui profitent également aux réseaux extra-régionaux et aux organisations terroristes. Selon Suissaid, «entre 32% et 41% de l’or total produit en Afrique n’a pas été déclaré pour la production en 2022».

Une situation qui s’explique aussi par l’absence, jusqu’à récemment, de raffineries d’or en Afrique, hormis en Afrique du Sud. Par ailleurs, la raffinerie sud-africaine Rand, qui existe depuis plus d’un siècle, raffine actuellement une partie importante de l’or produit en Afrique de l’Ouest, notamment celui du Ghana, du Mali, de la Guinée…

Face à cette situation, les pays de la région tentent, tant bien que mal, de changer la donne. Tout d’abord, en revoyant les contrats signés avec les multinationales qui exploitent ces ressources dans des conditions qui ne laissent que des miettes aux pays de la sous-région.

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Au Mali par exemple, l’État et le secteur privé local détiennent désormais jusqu’à 35 % du capital des sociétés exploitant l’or du pays. Selon le nouveau code minier, après deux ans d’activité, les sociétés qui gèrent des mines d’or doivent céder 20% du capital à l’Etat malien et 5% à des particuliers locaux, en plus des 10% auxquels elles avaient droit de droit. . du projet en tant que propriétaire de la ressource. Le Mali et le Burkina Faso sont engagés dans un bras de fer avec certaines multinationales pour faire évoluer les règles de fonctionnement.

Par ailleurs, conscients que l’exportation de l’or brut ne profite pas aux pays de la région mais uniquement aux étrangers possédant des raffineries d’or (Suisse, Royaume-Uni, Émirats arabes unis, etc.), de nombreux pays de la région se lancent désormais dans des projets d’exploitation aurifère. le raffinage pour créer de l’or à plus forte valeur ajoutée en raffinant localement l’or extrait des mines industrielles contrôlées par des multinationales et des mines informelles aux mains des mineurs d’or.

Ainsi, après que le Ghana a inauguré sa première raffinerie d’or, la Royal Ghana Gold Refinery, en août 2024, le Burkina Faso et le Mali font de même avec le soutien des Russes. Ces différentes actions auront assurément un impact positif sur les ressources générées par l’exploitation aurifère dans les années à venir.

 
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