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une autre couche de laine sur le mammouth

Christian Dubé semblait un peu ému hier, en conférence de presse, alors que Santé Québec entrera en service dimanche.

Nous le comprenons. Il y a un an, il a adopté sa loi.

Notre ministre de la Santé a le côté charmeur de serpents : il sait extraordinairement bien expliquer, voire justifier, ses retards ou autres objectifs non atteints.

Que nous soyons d’accord ou non avec ses opinions, personne ne peut nier l’ardeur qu’il met à tenter d’améliorer notre système de santé.

Mission impossible ? “Je ne dirais pas que j’en ai marre d’entendre parler du mammouth… mais c’est vrai que cet engin est difficile à déplacer”, a-t-il euphémisé hier.

Superposer et couper

Est-ce qu’il le fait bien ? Jusqu’à présent, il semble que sa grande agence ajoute simplement une autre couche de laine à l’animal géant.

Confier le « fonctionnement » à une agence pendant que le ministère s’occupe des « orientations », l’idée semblait évidente. En fait, les deux sont souvent liés, voire inextricables. Il y aura beaucoup de duplications.

Dubé affirme que la nouvelle équipe de direction de l’Agence « coordonnera mieux le travail de nos 35 PDG ». Ce qui entraînera un « changement culturel ». Pour l’instant, cela semble enfumé.

Les premières entrevues accordées par la grande leader Geneviève Biron n’ont pas entamé le scepticisme.

Ses quatre priorités semblaient d’une évidence aveuglante : 1. accès, 2. personnes, 3. efficacité et 4. causes… Avait-on vraiment besoin de managers de choc pour y parvenir ? Par ailleurs, la première année de fonctionnement coïncidera avec des tensions budgétaires : plus d’un milliard de dollars de déficit accumulé devra être résorbé.

« Ce n’est vraiment pas idéal », a admis Dubé hier, avant d’ajouter : « On regarde tout pour être sûr. […] que nous pourrons minimiser […] l’impact sur les services.

Les médecins

Pourquoi, depuis 1990, tous (ou presque) les ministres de la Santé se sont-ils sentis obligés de procéder à une réforme majeure ? MON. Côté (remettre le patient au centre du système, création d’autorités régionales), Rochon (déplacement des cliniques, rationalisation), Couillard (abolition des autorités, création d’agences), Barrette (abolition d’agences, création du CISS et CIUSS), et maintenant Dubé (création d’une agence unique).

Peut-être pour contourner les deux problèmes fondamentaux du mammouth ? Premièrement, la rigidité des syndicats. Et puis le statut singulier des médecins, mi-salariés, mi-entrepreneurs ou travailleurs indépendants.

Christian Dubé, assurant qu’il ne travaille pas pour être réélu, a promis de n’échapper à aucun tabou. Elle a déjà réduit les « heures supplémentaires obligatoires » (TSO) et l’influence des agences privées, et a obtenu une certaine flexibilité (non sans grandes difficultés).

Et hier, il a ouvert un autre front important en déclarant vouloir obtenir un contrôle de 40 % sur les salaires des médecins. Il n’en maîtrise actuellement que 5%. Les syndicats de médecins l’interprètent comme une déclaration de guerre. Mais il existe peut-être une clé pour déplacer le mammouth. Pour y parvenir, M. Dubé devra cependant faire appel à ses meilleurs talents de charmeur.

 
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