Michel Barnier survivra-t-il à l’hiver ? L’avenir du Premier ministre, en poste depuis le 5 septembre, est suspendu à l’adoption des textes budgétaires pour l’année 2025.
Son gouvernement sera confronté lundi 2 décembre à un premier défi de taille, avec l’adoption du budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale. Anticipant l’absence de majorité parmi les députés, M. Barnier devrait probablement recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le texte sans vote. Cette stratégie risquée, qui pourrait conduire à son renversement par une motion de censure, fait également peser une menace sur la poursuite de la procédure d’adoption de tous les textes budgétaires (PLF, PLFSS, PLFFG).
Or, sans un budget voté et promulgué d’ici le 31 décembre 2024, les administrations publiques seraient incapables de payer les fonctionnaires, les fournisseurs de l’État, les factures, etc. Ce scénario d’arrêt – en référence à la cessation des activités des gouvernements faute d’accord sur le budget aux Etats-Unis –, sans précédent dans l’histoire politique moderne de la France, est-il inévitable ? Aperçu des scénarios possibles.
Si le gouvernement est renversé, tous les textes budgétaires sont définitivement rejetés. « Le gouvernement Barnier étant tombé, il ne pouvait qu’assurer l’envoi des « affaires courantes » »expliquent Aurélien Baudu, professeur de droit public à l’université de Lille, et son collègue de l’université Paris Cité, Xavier Cabannes.
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Que devient alors le projet de budget 2025 ?
En cas de censure, Emmanuel Macron doit nommer un nouveau Premier ministre. Mais compte tenu des circonstances politiques, et de la difficulté avec laquelle le nom de Michel Barnier a émergé, la possibilité d’avoir rapidement un nouveau locataire de Matignon reste incertaine.
Pour éviter la fermeture, reste un scénario encore plus hypothétique : l’activation de l’article 47 de la Constitution. Cela permet au gouvernement de promulguer son projet de loi de finances par ordonnance, sans vote, si le Parlement ne l’a pas voté au bout de 70 jours. Mais la possibilité qu’un gouvernement censuré puisse utiliser cet article divise les juristes. « Le gouvernement renversé ne pouvait pas recourir à une ordonnance de l’article 47, car lorsqu’un gouvernement tombe, toutes les factures qu’il porte tombent également »estimé Xavier Cabannes. « Nous avons peu de recul, encore moins de précédents, mais il existe une voie juridiquement possibleconsidère pour sa part le constitutionnaliste Benjamin Morel. En revanche, les conséquences politiques seraient très graves. »
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