Le mardi 2 août 1988, la mère de Nathalie déjeune avec sa fille à midi, à Villefontaine, au nord de l’Isère. Le soir, surprise de ne pas voir revenir la collégienne de 15 ans, elle alerte la police. Les enquêteurs de Grenoble, Vienne et La Verpillière sont mobilisés. Le corps de la jeune fille a été retrouvé mercredi matin, sur un chemin de la commune de Saint-Quentin-Fallavier, à 800 mètres à vol d’oiseau de l’appartement familial, non loin de la ligne ferroviaire Lyon-Grenoble. Sa gorge a été sauvagement abattue. Sa mère l’identifie immédiatement. Selon les gendarmes chargés de l’enquête, cités dans des dépêches de l’AFP de l’époque, « la blessure mortelle a été causée par un poignard ou une arme à large tranchant. »
Calme, bonne élève, plutôt grande pour son âge
Originaire de La Réunion, la jeune fille est décrite comme calme, bonne élève et plutôt grande pour son âge. Au départ, les gendarmes pensaient même avoir affaire à une femme plus âgée, âgée d’au moins une vingtaine d’années. À l’époque, Nathalie Boyer avait fêté son anniversaire un mois plus tôt. Elle n’a que quinze ans et vit dans une famille d’accueil. Début août, elle retourne chez sa mère à Villefontaine, pour les vacances, et retrouver son frère et ses deux jeunes sœurs. Mardi, elle a passé une partie de l’après-midi dans l’appartement familial et est descendue dans la cour de son immeuble vers 17h30. « voir des amis ».
Elle est vue une dernière fois par des amis de son quartier de la Pivolière, avant de disparaître. De là, les enquêteurs ont perdu sa trace. Selon l’Agence France Presse de l’époque, les gendarmes sont sûrs de deux choses : « l’endroit où le corps de Nathalie a été retrouvé,[…] ce n’est pas celui où elle a été tuée puisqu’ils n’ont pas trouvé de traces de sang sur le sol ». De plus, les mobiles criminels et sexuels sont exclus : Nathalie n’avait pas d’argent sur elle au moment du meurtre et, selon l’autopsie, l’adolescente n’avait pas d’argent sur elle. « n’a pas subi d’abus sexuels ». Pour les gendarmes, Nathalie a probablement été saisie sous les bras et traînée sur plusieurs centaines de mètres, car une de ses chaussures n’a pas été retrouvée.
Ni motif sexuel ni méchant
Selon les archives du journal que nous avons consultées, un ami de Nathalie affirme qu’elle a été tuée “parce qu’elle savait des choses sur les gens« . Cette piste, prise au sérieux, va conduire à l’arrestation d’un couple de voisins, accusés d’avoir projeté des films pornographiques devant des adolescentes – dont Nathalie – et même d’avoir violé l’une d’entre elles. Mais leur emploi du temps les exonère du décès de Nathalie.
Ainsi, faute d’informations nouvelles, l’enquête s’est arrêtée et le dossier a été classé en 1993. Il a été rouvert en 1994 lorsqu’un homme de 32 ans, de nationalité algérienne, a été arrêté en août près de Manchester, en Angleterre. . Le 10 mai 1994, les journaux Aujourd’hui en France et Soirée France raconte comment il a tenté d’entrer en Grande-Bretagne avec de faux papiers et a gardé dans son portefeuille une coupure de presse vieille de six ans consacrée à la mort de Nathalie. Placé en détention provisoire, il a finalement été libéré cinq mois plus tard. Le soir du meurtre, il avait un solide alibi : il travaillait dans un hôtel britannique.
ADN trouvé dans deux affaires non résolues
En septembre 2022, le dossier a été repris par la cellule crimes en série et non résolus, basée à Nanterre et créée un peu plus tôt dans l’année. Deux ans plus tard, le 25 novembre 2024, un suspect est interpellé à Dijon (Côte-d’Or) et placé en garde à vue. Agée d’une soixantaine d’années, son ADN a été retrouvé sur les scellés d’une autre affaire : le meurtre d’une mère, Laïla Afif, tuée en 2000 à La Verpillière, à quelques kilomètres de la maison de Nathalie. Il devrait comparaître dans les prochains jours devant la juge d’instruction Sabine Khéris, chargée des cold cases au centre de Nanterre. Pour, peut-être, enfin savoir ce qui s’est passé le mardi 2 août 1988, il y a trente-six ans.
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