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Qui est Serge Atlaoui, ce Français condamné à mort en Indonésie et dont Paris réclame le retour ?

Il est en prison depuis 19 ans. Selon Jakarta, la capitale indonésienne, Paris a officiellement demandé le rapatriement de Serge Atlaoui, un Français de 60 ans condamné à mort en 2007 pour trafic de drogue qu’il a toujours contesté, dans un pays où la législation antidrogue fait partie des priorités. la plus grave au monde.

“L’ambassade de a remis une lettre du ministre français de la Justice au ministre indonésien de la Justice, datée du 4 novembre, contenant une demande de transfert du prisonnier français nommé Serge Atlaoui”, a déclaré à l’AFP Yusril Ihza Mahendra, ministre indonésien chargé de la Justice. Affaires juridiques et droits de l’homme.

Serge Atlaoui, 60 ans, a été arrêté en 2005 dans une usine où de la drogue avait été découverte à l’extérieur de Jakarta, les autorités l’accusant d’être un « chimiste ». Initialement condamné à la prison à vie, il a vu la Cour suprême alourdir la peine, le condamnant à la peine de mort en appel.

Travail «sous la table» dans une usine

Cet artisan soudeur, père de quatre enfants – trois adultes et un garçon aujourd’hui adolescent, né de son union avec son épouse Sabine – a toujours nié être un trafiquant de drogue, affirmant qu’il n’avait fait qu’installer des machines industrielles dans ce qu’il croyait. être une usine d’acrylique. Serge Areski Atlaoui est né à Metz en 1963, il est l’aîné d’une dizaine de frères et sœurs.

Soudeur, il a longtemps travaillé pour l’usine de véhicules industriels Renault d’Annonay (Ardèche), puis dans des usines du Nord et de Lorraine. En 2005, il se lance à son compte et s’installe avec Sabine aux Pays-Bas pour gagner sa vie dans la construction métallique. En septembre de la même année, il accepte de partir en Indonésie pour effectuer un travail « au noir » dont les conditions physiques sont très exigeantes mais payé 2 000 euros par semaine.

A Tangerang, dans la banlieue de Jakarta, Serge Atlaoui est chargé de souder des mélangeurs, des pompes et des machines à distiller dans ce qu’il croit être une usine d’acrylique mais qui est en réalité une usine clandestine de MDMA, le principal principe actif de l’ecstasy. Selon lui, il s’y est rendu deux fois : une première fois pendant six semaines, puis une seconde fois, pendant deux matinées. “La première fois, l’usine était vide”, raconte Sabine en 2015. La deuxième fois, “il a vu qu’il y avait eu des transformations dans les locaux, (…) puis il a entendu une conversation” qui lui a fait comprendre qu’il avait mis les pieds dans un bourbier. Il n’a pas le temps de partir, selon elle.

Les faits pour lesquels il a été condamné

Le laboratoire clandestin a été démantelé par les forces spéciales indonésiennes le 11 novembre 2005, deux mois après l’arrivée sur place de Serge Atlaoui. Une trentaine de personnes ont été arrêtées, dont le Français, un Néerlandais et cinq Chinois. Messin affirme n’avoir aucune connaissance de l’usage qui allait être fait des machines qu’il allait installer. Le procès a lieu l’été suivant et un an après son arrestation, le soudeur, qui clame son innocence, est condamné en première instance à la réclusion à perpétuité. Quelques mois plus tard, la cour d’appel de Banten confirmait cette sentence. Selon le Quai d’Orsay, lors du premier procès, Atlaoui ne disposait pas d’interprète.

En mai 2007, à la suite d’un pourvoi en cassation lancé par le parquet, Serge Atlaoui est condamné à mort. Le même sort est réservé au ressortissant néerlandais. Tous deux furent ensuite incarcérés sur l’île de Nusakambangan, au sud de Java, une prison surnommée « l’Alcatraz » indonésienne. Son codétenu décède en détention.

En janvier 2015, six personnes, dont cinq étrangers, ont été abattues pour trafic de drogue. Le nouveau président, Joko Widodo, rejette la demande de grâce présidentielle sur laquelle les avocats d’Atlaoui avaient placé de grands espoirs. Il a été transféré à Tangerang pour être exécuté aux côtés de huit autres condamnés. Le 29 avril, huit personnes ont été exécutées. Deux Australiens (Andrew Chan et Myuran Sukumaran), trois Nigérians (Sylvester Nwolise, Okwudili Oyatanze, Raheem Salami), un Ghanéen (Martin Anderson), un Brésilien (Rodrigo Gularte) et un Indonésien (Zainal Abidin) ont été abattus peu après minuit.

Mobilisation diplomatique

Après plusieurs mobilisations internationales, deux noms ont été rayés de la liste : ceux de Serge Atlaoui et de Mary Jane Veloso, une Philippine également reconnue coupable de trafic de drogue. A la voix de Corinne Breuzé, ambassadrice de France à Jakarta, qui avait annoncé des « conséquences » sur les relations bilatérales avec l’Indonésie si Serge Atlaoui était exécuté comme prévu, s’ajoutent celles de François Hollande, président de la République, de Manuel Valls, Premier ministre, et Laurent Fabius.

Appelant à un « geste de clémence », le ministre des Affaires étrangères rappelle que les Indonésiens « qui ont dirigé cette affaire de drogue n’ont pas été condamnés à la même peine ». Et le Quai d’Orsay rappelle « les conditions extrêmement discutables » du procès en première instance, au cours duquel Serge Atlaoui « n’avait pas d’interprète ».

VidéoÉpouse de Serge Atlaoui : « La situation reste très préoccupante »

Mais officiellement, Serge Atlaoui a obtenu ce sursis grâce à un dernier recours administratif déposé le 25 avril par son avocat pour contester le rejet de sa grâce présidentielle. Cette demande sera rejetée par le tribunal administratif de Jakarta.

Depuis, Atlaoui a changé plusieurs fois de lieu de détention ; il est actuellement dans une prison à Jakarta.

La peine de mort toujours en vigueur dans le pays

Les dernières exécutions en Indonésie remontent à 2016 : un Indonésien et trois Nigérians reconnus coupables de trafic de drogue ont été fusillés. Aucun Français n’a été exécuté par l’Indonésie depuis 1979. Deux ressortissants ont failli l’être : Félix Dorfin, arrêté sur l’île touristique de Lombok, a été condamné, au-delà des réquisitions, à la peine de mort en 2019, pour trafic de drogue qu’il a toujours nié. La peine a ensuite été commuée en 19 ans de prison, qu’il purge actuellement. Michaël Blanc, condamné à la prison à vie après avoir été arrêté sur l’île de Bali en 1999 pour trafic de drogue, est rentré libre en France en 2018.

 
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