La police anti-émeute géorgienne a tiré vendredi 29 novembre des gaz lacrymogènes contre des manifestants protestant contre la décision du gouvernement de reporter à 2028 les négociations d’adhésion à l’Union européenne (UE), ont constaté des journalistes de l’AFP.
Le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidzé a assuré jeudi 28 novembre que son gouvernement reportait à 2028 son ambition d’adhésion à l’UE, accusant Bruxelles de ” chantage “ sur fond de crise politique après les élections législatives de fin octobre.
Cette annonce intervient quelques heures après l’adoption par le Parlement européen d’une résolution non contraignante rejetant les résultats des élections législatives du 26 octobre qui ont donné la victoire au parti Rêve géorgien – au pouvoir depuis 2012 -, dénonçant « d’importantes irrégularités ».
Le Parlement européen demande « De nouvelles élections auront lieu d’ici un an sous contrôle international et des sanctions seront imposées aux hauts responsables géorgiens, dont Irakli Kobakhidze ».
En réponse, Irakli Kobakhidze a accusé le Parlement européen et « certains hommes politiques européens » de ” chantage “. « Nous avons décidé de ne pas mettre la question de l’adhésion à l’Union européenne à l’ordre du jour avant fin 2028 »» annonça-t-il.
Il s’est toutefois engagé à poursuivre la mise en œuvre des réformes nécessaires, en veillant à ce que « D’ici 2028, la Géorgie sera mieux préparée que tout autre pays candidat à ouvrir des négociations d’adhésion avec Bruxelles et à devenir État membre en 2030 ».
Suite à cette annonce, des milliers de personnes se sont rassemblées dans la capitale Tbilissi et dans les villes de Géorgie.
Selon le ministère de l’Intérieur, “43 personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre pour désobéissance aux ordres légaux de la police et pour vandalisme”. 32 policiers ont également été blessés « suite aux actions illégales et violentes des manifestants ».
La légitimité du Parlement remise en question
Depuis lundi 25 novembre, les députés de l’opposition pro-occidentale refusent de participer au nouveau parlement élu à l’issue des élections législatives d’octobre.
La présidente du pays, Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement du Rêve géorgien – accusé par l’opposition de détourner le pays de son ambition d’adhésion à l’UE et d’une dérive autoritaire pro-russe – a déclaré « inconstitutionnel » le nouveau parlement, en attendant une réponse à sa demande à la Cour constitutionnelle d’annuler les résultats des élections du 26 octobre.
Mais le parti au pouvoir semble vouloir passer outre le refus de la présidente, même si elle est la seule autorisée, selon la Constitution, à convoquer la première session du Parlement en tant que présidente.
Les élus de Georgian Dream ont voté jeudi à l’unanimité pour qu’Irakli Kobakhidze conserve son poste de Premier ministre, qu’il occupe depuis février, malgré le boycott du vote par l’opposition.
Toutefois, selon les experts en droit constitutionnel, tout vote pris par le nouveau parlement ne pourra être officialisé que lorsque la requête de Salomé Zourabichvili auprès de la Cour constitutionnelle n’aura pas été étudiée.
Face aux députés jeudi, le Premier ministre a présenté son programme qui évoque une volonté d’adhérer à l’Union européenne d’ici 2030, mais à condition d’obtenir de l’UE que“il respecte nos intérêts nationaux et nos valeurs traditionnelles”.
Ancienne république soviétique, la Géorgie a officiellement obtenu le statut de candidate à l’adhésion en décembre 2023, mais Bruxelles a depuis gelé le processus, accusant le gouvernement du Rêve géorgien de procéder à un sérieux retour en arrière démocratique.
[Édité par Anne-Sophie Gayet]
Related News :