Michel Barnier est revenu sur certaines mesures du projet de loi de finances 2025 pour répondre aux exigences de Marine Le Pen et éviter la censure. Reste que le RN continue de faire pression sur le gouvernement et lui donne jusqu’à lundi pour satisfaire deux dernières conditions.
L’essentiel :
- Le gouvernement Barnier sera-t-il renversé la semaine prochaine ? Il est menacé d’une motion de censure alors que le projet de loi de finances portant budget 2025 ne semble pouvoir être adopté qu’avec le recours au 49.3. Le vote d’un texte sur le budget de la Sécurité sociale le 2 décembre pourrait accélérer le processus de censure du Premier ministre. La date du 4 décembre a été avancée.
- La censure gouvernementale dépend essentiellement du vote du Rassemblement national (RN) qui fait pression sur Michel Barnier. Pour séduire le parti d’extrême droite, Michel Barnier a renoncé à deux mesures du budget 2025 pour s’aligner sur les positions de l’extrême droite : il a annoncé la « baisse des prix de l’électricité de 14 % » et celle du budget alloué à l’assistance médicale de l’État. aide.
- Des concessions qui n’ont pas suffi à faire tressaillir Marine Le Pen. Le chef des députés RN a lancé un ultimatum au Premier ministre, le prévenant qu’il “a jusqu’à lundi” pour satisfaire aux quatre lignes rouges du parti, dont deux n’ont pas encore été entendues par le gouvernement : indexation totale des retraites à partir de Le 1er janvier 2025 et la renonciation à la réduction de remboursement des médicaments. Dans le cas contraire, le RN se dit « prêt » à censurer le gouvernement.
- Les revirements de Michel Barnier ont suscité de vives réactions dans les partis de gauche qui pointent le « déshonneur » de Michel Barnier en « négociant » avec Marine Le Pen pour son maintien à Matignon.
Et directement
09:21 – Une « trahison » si le RN ne censure pas le gouvernement
« Si le RN ne censure pas [le gouvernement de Michel Barnier]ils vont encore une fois trahir les Français», a déclaré ce vendredi matin le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, sur BFMTV. Une déclaration faite en réponse aux négociations en cours entre le parti d’extrême droite et le gouvernement et après les concessions du Premier ministre aux exigences de l’extrême droite. Le chef de LFI qui sait qu’une motion de censure ne peut aboutir que si le Le RN vote pour, espère que le parti de Marine Le Pen soutiendra le texte de renversement. le gouvernement malgré les profonds désaccords entre les deux partis.
Manuel Bompard a également fustigé la décision de Michel Barnier de céder aux exigences de Marine Le Pen, notamment sur la question de l’aide médicale d’État accessible aux sans-papiers qui sera « considérablement » réduite. “C’est un non-sens économique et sanitaire, et c’est une honte morale”, a déclaré l’insoumis sur BFMTV, estimant que “M. Barnier a choisi le déshonneur pour éviter la censure.»
09:03 – Les concessions de Barnier sont une « victoire » ou un « bricolage » selon les députés RN
Tous les députés RN saluent les concessions faites par Michel Barnier sur le budget 2025, mais certains se montrent plus enthousiastes que d’autres : tandis que le porte-parole du parti à l’Assemblée nationale, Gaëtan Dussausaye, parlait de « victoire » sur France Inter, le vice-président du parti, Sébastien Chenu, a parlé sur Franceinfo de mesures « à faire soi-même » pour s’aligner sur les lignes rouges du RN. Tous deux, comme l’ensemble des membres du parti, sont cependant unanimes sur le fait que les annonces faites hier par le Premier ministre ne suffisent pas et qu’à ce stade le RN envisage de voter une motion de censure contre le gouvernement. Sébastien Chenu a toutefois affirmé que « tout est possible dans la vie » y compris le fait que l’extrême droite ne soutient finalement pas le renversement de l’exécutif.
08:31 – Après un pas vers le RN, le gouvernement attend un effort de Marine Le Pen
“Pour trouver des compromis, il faut être deux”, a déclaré la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon ce vendredi sur France 2 à propos du projet de loi de finances et d’un accord entre Michel Barnier et Marine Le Pen dans le but d’éviter une motion de censure. « En renonçant à l’augmentation de la taxe sur l’électricité » ce jeudi, Michel Barnier a franchi « une étape majeure », estime le ministre qui appelle désormais le parti d’extrême droite à faire de même. Maud Bregeon va jusqu’à s’interroger sur les ambitions de la cheffe des députés RN : « Madame Le Pen et le Rassemblement national souhaitent-ils vraiment allouer un budget à la France ? Ou bien Marine Le Pen et le Rassemblement national veulent-ils envoyer la France dans le mur ?
08:20 – « Il a jusqu’à lundi » : Le Pen lance un ultimatum à Barnier
“Toutes les cases doivent être cochées” pour que le RN ne soutienne pas la censure du gouvernement Barnier, a prévenu jeudi 28 novembre le député Jean-Philippe Tanguy. Pour l’heure, deux ont été remplies après les concessions du Premier ministre sur la réduction. sur le prix de l’électricité et la suppression des taxes prévues, ainsi que sur la réduction du budget de l’aide médicale de l’État. Mais il reste encore deux mesures que le RN pose comme lignes rouges : l’indexation totale des retraites à partir du 1er janvier 2025 et le renoncement à la réduction du remboursement des médicaments. Marine Le Pen partage cet avis et assure que sans respecter ses lignes rouges, son parti votera une motion de censure. « C’est jeudi. Il a jusqu’à lundi » pour répondre à ces revendications, a-t-elle déclaré hier soir dans Le Monde, à l’attention de Michel Barnier.
28/11/24 – 23h30 – Emmanuel Macron « devrait réfléchir à sa démission », estime François Ruffin
FIN DU DIRECT – Toujours au micro de BFMTV ce soir, le député de la Somme s’est montré peu tendre envers Marine Le Pen, le Premier ministre Michel Barnier, mais aussi le président Emmanuel Macron. Alors que la menace de la censure plane sur le gouvernement, François Ruffin a jugé qu’Emmanuel Macron, qui est à ses yeux “le seul responsable”, “devrait réfléchir à sa démission”.
28/11/24 – 22:39 – L’abrogation de la réforme des retraites, pas parmi les lignes rouges de Le Pen, inquiète Ruffin
Dénonçant le « chantage » du Rassemblement national, le député NFP de la Somme, François Ruffin, a remis en cause les fameuses lignes rouges du RN : « Comment se fait-il que Madame Le Pen ne place pas la retraite à 60 ans après 40 rentes, qu’elle le fasse ? ne place-t-il pas l’abrogation de la réforme des retraites de Macron parmi ses lignes rouges et sur sa liste de courses ?» » s’interroge celui pour qui « Michel Barnier a été installé [à Matignon] parce qu’il était compatible avec le Rassemblement National ».
28/11/24 – 22:01 – Marine Le Pen « n’appuiera pas cette fois sur le bouton de la censure », estime Richard Ramos
Sur le plateau de BFMTV jeudi soir, le député MoDem Richard Ramos a déclaré ne pas croire que Marine Le Pen, “qui est seule à décider”, choisirait d’appuyer “sur le bouton de la censure”. Pour lui, la motion de censure ne sera pas votée car elle n’est pas dans l’intérêt de Marine Le Pen. « Ce qui rassure les marchés, ce qui fait la différence en France, c’est : premièrement, notre capacité à augmenter les impôts, et deuxièmement, notre stabilité politique. Et aujourd’hui, Madame Le Pen ne peut pas ajouter davantage d’instabilité politique si elle veut être crédible pour 2027 », a-t-il expliqué.
Pour aller plus loin :
Le Premier ministre, qui déclare régulièrement aux médias avoir accepté sa nomination sans nourrir aucune ambition personnelle, pourrait renoncer à son tablier avant la fin de l’année. Pour quoi ? Car l’adoption du budget 2025 ne trouve pas de consensus parmi les parlementaires. D’ailleurs, selon les informations du Parisien, même Emmanuel Macron confie en coulisses que le « gouvernement va tomber », misant sur la censure du RN, « plus tôt qu’on ne le pense ». Une information officiellement démentie par l’Elysée, mais qui fait courir le bruit que le président prépare déjà l’après-Barnier.
Il faut dire que c’est assez clair pour tout le monde : Marine Le Pen vise désormais à faire tomber le gouvernement sur la présentation du budget. Le président des députés RN, interviewé sur RTL le 20 novembre, avait posé des impératifs à Michel Barnier, exigeant de manière assez vague que le « pouvoir d’achat des Français soit préservé ». Ce lundi 25 novembre, l’étau s’est resserré. Marine Le Pen s’est entretenue dans la matinée avec le chef du gouvernement et elle ne semble avoir obtenu aucune garantie : « Michel Barnier m’a semblé à la fois courtois et ferme dans ses positions. J’ai répété les lignes rouges du RN», a-t-elle dit, considérant comme très probable l’hypothèse que le RN vote la motion de censure en cas de recours au 49.3. “Nous verrons si nos paroles ont gagné du terrain, mais rien n’est moins sûr”, a-t-elle déclaré. “Si le gouvernement persiste et ne veut pas discuter, alors ce gouvernement tombera”, a prévenu le président du RN, Jordan Bardella, mercredi 27 novembre au micro de BFMTV.
La présidente des députés RN sait désormais qu’elle est au centre du jeu. Mais ses revendications sont très nombreuses : « Faire appel aux entreprises et aux retraités est inacceptable, […] l’augmentation de 6 milliards qu’il prévoit sur le prix de l’électricité est inacceptable pour nous», a-t-elle déclaré. Et ses revendications peuvent donner des sueurs froides au gouvernement : le moindre impact sur le pouvoir d’achat des Français serait considéré comme une ligne rouge. Compte tenu des 40 milliards d’économies – dont les mesures sur le remboursement de la santé – et des quelque 20 milliards d’impôts présentés par le Ministres de Bercy, cela ne semble faire aucun doute. que le pouvoir d’achat des Français sera atteint. «C’est une ligne rouge. Et si cette ligne rouge est effectivement franchie, eh bien nous voterons la censure », a insisté Marine Le Pen.
M. Barnier a confirmé mi-novembre dans les colonnes de Ouest-France qu’il demanderait “probablement” des comptes à son gouvernement en recourant à l’article 49.3 de la Constitution, qui permettrait l’adoption du budget sans vote au Parlement. « Le problème n’est pas celui du 49.3. Le problème est de savoir ce qu’il y aura dans le budget. M. Barnier respectera-t-il l’engagement qu’il a pris pour que les groupes « puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ? » a demandé Marine Le Pen le 20 novembre.
Quelle victoire pour Marine Le Pen ?
Le Premier ministre peut-il encore convaincre Marine Le Pen dans les prochains jours ? Pour ce faire, il faudrait lui proposer des engagements et des mesures qu’elle pourrait présenter comme une victoire politique. “Il a l’embarras du choix”, explique à Politico un partisan politique de Michel Banier, qui qualifie le contre-budget de “très raisonnable et crypté” du RN. Selon les informations de BFMTV, l’extrême droite tranchera lors du vote du budget en Commission paritaire (CMP), qui tentera de réunir députés et sénateurs après le 12 décembre.
Reste que Marine Le Pen peut décider de l’avenir politique du locataire de Matignon, mais aussi de la manière dont s’écriront les prochains chapitres du feuilleton politique. Les ministres de Michel Barnier ont désormais les yeux rivés sur l’heure : il est probable que le Premier ministre mettra fin au débat, anticipant un blocage, en utilisant l’article 49.3, sans doute à l’issue des discussions au CMP. Et puis il n’aura plus le contrôle.
Si le RN provoque la chute du gouvernement, il satisfera très probablement de nombreux électeurs et militants de son parti, dont beaucoup ne comprennent pas le soutien tacite du RN à Michel Barnier. La crise politique provoquée pourrait aussi servir les intérêts de Marine Le Pen, qui changerait de priorités politiques au moment où sa condamnation pour détournement de fonds publics est attendue début janvier.
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