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Netanyahu menace de « guerre intensive » si la trêve au Liban est violée

(Beyrouth) Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a menacé jeudi d’une “guerre intensive” en cas de violation de la trêve avec le Hezbollah au Liban, entrée en vigueur la veille et déjà mise à l’épreuve.


Publié à 6h27

Mis à jour à 15h15

Aya ISKANDARANI avec Anne-Sophie LABADIE à Jérusalem

Agence -Presse

L’armée israélienne avait annoncé quelques heures plus tôt avoir mené une frappe aérienne contre une installation du Hezbollah au sud du Liban, la première depuis le début de la trêve ayant mis fin à la guerre avec le mouvement armé allié à l’Iran. .

Dès l’entrée en vigueur du cessez-le-feu mercredi à l’aube, des dizaines de milliers d’habitants déplacés se sont précipités pour regagner leurs foyers au sud et à l’est du Liban ainsi que dans la banlieue sud de Beyrouth, fiefs du Hezbollah, où ils ont découvert d’immenses destructions.

L’armée libanaise, qui a commencé à déployer des troupes et des blindés dans le sud du pays, a accusé jeudi Israël d’avoir violé l’accord de cessez-le-feu « à plusieurs reprises ».

“Si nécessaire, j’ai donné pour instruction” à l’armée de mener, “en cas de violation du cessez-le-feu, une guerre intensive”, a déclaré M. Netanyahu dans un entretien au média israélien Channel 14.

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PHOTO MOHAMED AZAKIR, REUTERS

Un homme marche parmi les décombres dans la banlieue de Beyrouth, au Liban, le 28 novembre 2024.

L’armée israélienne a annoncé avoir imposé un couvre-feu entre 17 heures jeudi et 7 heures vendredi dans le sud du Liban, frontalier du nord d’Israël, après avoir « ouvert le feu » en direction de « suspects ». […] ne respectant pas les conditions du cessez-le-feu.

Jeudi, un avion de chasse a visé “une zone forestière non accessible aux civils” dans la commune de Baïssariyé, a indiqué à l’AFP Nazih Eid, le maire de cette localité libanaise.

L’armée israélienne a déclaré avoir identifié une installation utilisée par le Hezbollah « pour stocker des roquettes à moyenne portée dans le sud du Liban » et avoir « contrecarré la menace » par une frappe aérienne.

Elle a ajouté que ses forces « sont restées dans le sud du Liban et ont agi pour faire respecter » la trêve.

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PHOTO AZIZ TAHER, ARCHIVES REUTERS

L’armée libanaise au sud du Liban, le 27 novembre 2024.

Des tirs israéliens ont également blessé deux personnes dans le village de Markaba, au sud du Liban, selon l’agence de presse libanaise Ani.

Pendant ce temps, l’armée libanaise poursuit son déploiement dans le sud du pays où elle “installe des postes de contrôle”, a indiqué jeudi à l’AFP une Source militaire, précisant que les soldats “n’avancent pas dans les zones où l’armée israélienne est toujours présente”.

Dans le village chrétien de Qlaaya, les soldats libanais ont été accueillis mercredi soir par des habitants en liesse qui leur ont lancé des fleurs et du riz.

Le Parlement a prolongé jeudi d’un an le mandat du commandant en chef de l’armée Joseph Aoun, qui devait prendre sa retraite en janvier.

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PHOTO MOHAMED AZAKIR, REUTERS

Les gens se trouvent au milieu des dégâts au deuxième jour du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

« Prêt à affronter » Israël

L’accord de cessez-le-feu vise à mettre fin au conflit meurtrier débuté en octobre 2023 entre Israël et le Hezbollah, qui a provoqué le déplacement de 900 000 personnes au Liban et 60 000 dans le nord d’Israël.

Le Hezbollah a ouvert un front de « soutien » au Hamas contre Israël au début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien.

Après des mois d’échanges de tirs de part et d’autre de la frontière israélo-libanaise, Israël a lancé le 23 septembre une campagne de bombardements massifs sur les bastions du mouvement libanais, suivie d’opérations terrestres au sud du Liban, affirmant vouloir sécuriser sa frontière nord et permettre le retour des personnes déplacées.

Selon les autorités libanaises, au moins 3 961 personnes ont été tuées depuis octobre 2023, la plupart depuis fin septembre. Côté israélien, 82 soldats et 47 civils sont morts en 13 mois, selon les autorités.

Parrainé par les États-Unis et la France, l’accord de cessez-le-feu prévoit le retrait sous 60 jours de l’armée israélienne du Liban.

Le Hezbollah doit se replier au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière, et démanteler ses infrastructures militaires au sud du Liban.

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PHOTO MOHAMED AZAKIR, REUTERS

Une banderole « made in USA » est accrochée sur un bâtiment détruit par les frappes israéliennes, au Liban.

Ces dispositions sont basées sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU qui a mis fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006.

Israël a déclaré qu’il se réservait « une totale liberté d’action militaire » au Liban, « si le Hezbollah viole l’accord et tente de se réarmer ».

Le Hezbollah a proclamé sa « victoire » mercredi, affirmant que ses combattants « resteront pleinement prêts à affronter […] aux attaques de l’ennemi israélien.

Bien que décapité par les frappes israéliennes, le mouvement chiite reste un acteur incontournable au Liban. Elle pourrait ainsi débloquer l’élection d’un président dont le pays est privé depuis plus de deux ans en raison de rivalités politiques.

Le Parlement doit se réunir le 9 janvier pour ces élections, selon Ani.

« La réalité est plus dure »

Les habitants du sud continuaient jeudi, dans un flux incessant, de regagner leurs villes et villages dévastés.

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PHOTO ADNAN ABIDI, ARCHIVES REUTERS

Une famille s’embrasse à Tyr, après le début du cessez-le-feu, le 27 novembre 2024.

Dans la ville portuaire de Tyr, dont les sites antiques sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, la destruction d’infrastructures vitales rend certains quartiers inhabitables.

“Il n’y a plus d’eau ni d’électricité, même les générateurs privés ne fonctionnent plus, les câbles ont été coupés”, raconte Sleiman Najdé, un homme de 60 ans revenu dans l’appartement familial avec les portes et fenêtres arrachées.

« Je ne m’attendais pas à de tels dégâts. On avait vu les images, mais la réalité est plus dure », confie Dounia Najdé, sa belle-fille de 33 ans.

Dans la banlieue sud de Beyrouth, Ali Mohammad Abbas est venu se recueillir sur la tombe de son frère, dans un cimetière dévasté par les bombes israéliennes. “J’attendais le cessez-le-feu”, raconte cet habitant de la Bekaa, dans l’est, qui n’a pas pu assister aux funérailles “car les routes n’étaient pas sûres”.

Un peu plus loin, Ahmad Aki Mansour se réjouit de la reprise des activités de son commerce maraîcher ambulant. D’autant qu’il va falloir reconstruire : « les maisons de mes trois fils ont été détruites », raconte-t-il.

 
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