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A Kiryat Shmona, les Israéliens testent le terrain pour un éventuel retour

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Sur le site d’une attaque à la roquette du Hezbollah libanais, à Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël, le 27 novembre 2024. JONAS OPPERSKALSKI POUR « IL MONDO »

Elad marche au centre de la ville, un peu hésitant, comme quelqu’un qui s’aventure dans une eau encore trop froide. « C’est généralement très animé ici. Mais il est vide depuis un an. Et je me suis habitué à ce silence”», raconte ce charpentier de 39 ans, qui explore Kiryat Shmona mercredi 27 novembre, premier jour du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

Ville de 25 000 habitants située au nord de l’État hébreu, à 2 kilomètres de la frontière libanaise, elle fait partie de la zone laissée par 60 000 Israéliens, évacués depuis le 8 octobre 2023, date à laquelle le Hezbollah a attaqué Israël. « en solidarité avec les Palestiniens »suite au massacre perpétré par le Hamas la veille près de Gaza.

Depuis, Kiryat Shmona n’a pas été abandonnée, mais vit dans une forme de temps suspendu, en attente d’être réveillée par le retour de ses habitants. Depuis quatorze mois, le Hezbollah tire des roquettes sur une ville militarisée. Les soldats israéliens séjournent dans les écoles de la ville et garent leurs véhicules dans l’un des principaux centres commerciaux.

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De corpulence robuste, cheveux bruns, Elad, qui ne veut pas dévoiler son nom de famille, vit dans le kibboutz Kfar Szold, à dix minutes en voiture, en dehors de la zone évacuée ; il a fini par reconnaître les effets d’une roquette tombée la veille, dans le quartier où ses grands-parents possèdent un appartement. Le projectile a fait exploser certaines fenêtres du centre commercial et a laissé plusieurs bâtiments pleins d’éclats d’obus. En contrebas, des voitures filent à toute allure sur la route principale, déserte et mouillée. Dans ces premières heures du cessez-le-feu, aucun signe du retour des habitants évacués.

Le bruit des outils de jardinage

Elad venait souvent, pendant ces quatorze mois de guerre, voir l’état de la ville. «Je suis entré, je suis sorti. Mais cette fois je reste un peu plus longtemps. Nous verrons si le cessez-le-feu tient. Mais je ne pense pas que vous puissiez beaucoup améliorer. Ce n’est pas seulement Israël qui décide. Nous ne sommes pas seuls dans la région. J’espère en tout cas que c’est le début d’un processus qui permettra le retour des personnes déplacées. »» dit Elad avec un demi-sourire.

La fusée a épargné l’appartement de ses grands-parents. Il y entre pour la première fois depuis quatorze mois. Tout va bien. L’électricité fonctionne. Il n’y a eu aucune perte. C’est comme les locataires il avait quitté le logement la veille. Soudain, de l’autre côté de la crête surplombant Kiryat Shmona, des tirs nourris de mitrailleuses résonnent. Mais cela ne suffit pas à effacer le demi-sourire d’Elad. Les rafales s’arrêtent et, bientôt, d’autres bruits prennent le relais, ceux des outils des jardiniers venus tailler les haies et ramasser les feuilles. Non pas en vue d’un éventuel retour, mais dans le cadre d’un entretien régulier, explique Mohammed Higazi, un habitant de Tamra, ville voisine où vivent 35 000 Palestiniens venus d’Israël. Il souhaite simplement le retour de la paix, et surtout de l’ordre public, au sein d’une communauté arabe dévorée par une criminalité endémique, que les autorités israéliennes laissent prospérer.

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