L’Emmental français est en danger. Bien qu’il soit le fromage le plus consommé en France, il est cependant de plus en plus importé. Derrière de nombreux emballages se trouve désormais une simple étiquette « UE », que les consommateurs remarquent à peine. Les grandes marques nationales jouent le jeu et continuent de produire en France. Mais les marques distributeurs, de leur côté, n’hésitent pas à aller voir ailleurs pour gagner la bataille des prix.
L’Emmental importé en France provient principalement de Suisse, d’Allemagne, de Belgique et des Pays-Bas. Selon le magazine Linéaires, plus de 25 % de l’Emmental mis en vente en France provient de l’étranger. La différence ? Une différence de 0,17 euros le kilo en moyenne entre un Emmental d’origine française et un Emmental importé.
« Les gens voudraient consommer français, mais le porte-monnaie ne suit pas »
Selon les estimations, les Français consomment en moyenne 80 000 tonnes d’Emmental chaque année. Cela représente près de 3,2 kg par an et par consommateur. Dans les sandwichs, les gratins, sur les plateaux de fromages ou râpé sur les pâtes : c’est l’ingrédient le plus apprécié du pays. Acheter français est un grand oui pour les consommateurs. Mais à quel prix ?
“C’est malheureusement un problème de prix, je pense que les gens aimeraient consommer français, mais leur portefeuille n’arrive pas à suivre”» confie un internaute à propos de X. « Si le produit importé coûte moins cher, j’achète le moins cher »assure un autre sans aucune hésitation. “C’est là qu’intervient le dilemme entre le pouvoir d’achat des Français et le niveau de ressources des agriculteurs.”
« Désolé mais on ne parle pas assez du prix de l’Emmental râpé »agace un internaute sur X. Justement, c’est tout le sujet. Au cours de la dernière décennie, le prix de l’Emmental a en fait augmenté, en grande partie en raison de facteurs tels que la hausse des coûts de production, la crise du Covid-19, l’impact de la guerre en Ukraine ainsi que les tensions sur les marchés internationaux. Il y a dix ans, le prix de l’Emmental était d’environ 8 euros le kilo. En 2023, il s’élèverait en moyenne à 10,50 euros le kilo, selon la marque et le type de produit. En 10 ans, le prix de l’Emmental a donc augmenté d’environ 30-40%… Ce qui pousse donc les amateurs de ce fromage à acheter le moins cher du rayon, mais aussi le moins français. « Comment peut-on gagner sa vie dans ce pays sans dépenser une fortune ?demande à un utilisateur des informations sur
« Les prix ont certes augmenté, mais acheter de l’Emmental Eco+, c’est stupide, je suis désolé. Il n’y a rien de plus dégoûtant. Et ce ne seront pas les agriculteurs et éleveurs français qui diront le contraire…
Les producteurs laitiers étaient préoccupés par ces importations
Si les clients semblent être les seconds à souffrir de ces importations, les producteurs de lait sont en réalité les premières victimes de ces produits en provenance d’autres pays. L’importation de fromage à des prix souvent inférieurs (en raison des subventions agricoles dans certains pays ou de la baisse des coûts de production) rend difficile la compétitivité des producteurs locaux.
Mi-novembre, les coopératives U et Sodiaal ont annoncé qu’elles allaient unir leurs forces pour défendre l’Emmental français et ses producteurs locaux. Pour ce faire, plusieurs actions doivent être mises en œuvre :
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La promotion de l’Emmental français, mettant en valeur la qualité et la spécificité de cette production.
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La création d’une marque commune dédiée à l’Emmental français, afin de renforcer la visibilité de ce dernier et de le différencier des produits étrangers.
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Des salaires plus équitables pour les producteurs laitiers français.
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Lancement de campagnes de communication mettant en avant le rôle de l’Emmental français dans la préservation des emplois en milieu rural et le maintien d’une agriculture durable et respectueuse de l’environnement.
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Elle garantit la traçabilité des produits et leur qualité.
Dans le même esprit, le groupe Les Trois Mousquetaires a annoncé il y a quelques semaines vouloir soutenir davantage les producteurs laitiers français. « Plus de 70 agriculteurs bénéficieront de notre accompagnement avec des aides concrètes pour des projets d’installation, de remplacement et de réduction d’énergie à travers les appels d’offres Agrimousquetaires »» a-t-il assuré au groupe. Pour cela, 500 000 euros devraient être mis à disposition.
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