En février dernier, Emmanuel Macron avait suscité un tollé en affirmant qu’il ne fallait pas « exclure » à l’avenir l’envoi de troupes occidentales sur le terrain en Ukraine. Quelques mois plus tard, selon le journal Le MondeLa France et le Royaume-Uni réfléchissent à la mise en place d’une coalition européenne axée sur la sécurité en Ukraine. Cette réflexion fait particulièrement écho à l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche et compte tenu de ses déclarations défavorables aux intérêts de Kiev.
Selon Le Monde, cette idée de coalition franco-britannique a été lancée lors de la rencontre entre le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président Emmanuel Macron lors des cérémonies du 11 novembre. Si Berlin reste réticent, d’autres pays comme les pays baltes et la Pologne pourraient soutenir cette initiative. Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a souligné la nécessité de ne pas fixer « lignes rouges » concernant le soutien à l’Ukraine afin de laisser le doute stratégique. Interrogé par la BBC, il n’exclut pas d’envoyer des soldats français sur le terrain, tout en insistant sur la flexibilité des options étudiées.
Mais pour les experts, « Il ne s’agit pas d’envoyer des soldats se battre. comme expliqué au JDD General Jérôme Pellistrandi, Defense consultant. Il continue : “l’idée est de réfléchir à ce qui se passera après la guerre pour donner des garanties de sécurité à l’Ukraine, car la nouvelle administration américaine veut trouver une paix rapide ». Pour Volodymyr Zelensky, obtenir des garanties de sécurité de la part des alliés reste une priorité avant toute négociation et la cessation des hostilités. L’envoi de troupes pourrait répondre à cette exigence, notamment pour superviser un éventuel cessez-le-feu et dissuader une nouvelle offensive russe.
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Cette perspective pose donc la question d’un engagement militaire direct des Européens. Selon le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée française, une coalition de troupes européennes pourrait être envisagée pour surveiller la ligne de front et empêcher toute relance offensive de la Russie. Ce scénario, inspiré du modèle dit du « tripwire », consiste à déployer des forces avancées pour dissuader toute escalade, sans toutefois déclencher une intervention massive.
Le leadership européen mis à l’épreuve par Trump
Mais l’idée d’un tel déploiement pose des défis majeurs. En l’absence d’un leadership clair de l’Allemagne, fragilisée par ses crises politiques internes, la France et le Royaume-Uni apparaissent comme les seuls candidats naturels pour diriger une coalition. Leur statut de puissance nucléaire et leur capacité à projeter des forces confèrent de la crédibilité à cette ambition.
Une évolution majeure
Par ailleurs, des entreprises comme Défense Conseil International (DCI), affiliée à l’État français à hauteur de 34%, se disent prêtes à intensifier leurs activités en Ukraine, notamment en matière de maintenance des équipements français envoyés à Kiev. Composée à 80 % d’anciens militaires, DCI serait également prête à poursuivre la formation des soldats ukrainiens en Ukraine, comme elle le fait déjà en France et en Pologne. Leur partenariat avec des entreprises britanniques comme Babcock pourrait accélérer cette coopération. Par ailleurs, l’administration Biden a récemment levé l’interdiction faite aux sociétés militaires privées américaines d’opérer en Ukraine, ouvrant la voie à une présence occidentale plus visible pour la maintenance des armes militaires transférées à Kiev, comme les missiles Patriot ou les F-16.
Alors que les États-Unis commencent à redéfinir leur rôle et que Moscou maintient la pression militaire, les enjeux dépassent le champ de bataille et l’Europe se trouve confrontée à un choix crucial : assumer un rôle de leadership stratégique ou rester dans l’ombre d’un conflit dicté par d’autres.
L’envoi de troupes ou de contractuels, bien qu’encore hypothétique, marque une évolution majeure dans l’approche européenne. Une étape qui pourrait redéfinir non seulement le rôle de l’Union européenne dans ce conflit, mais aussi sa capacité à s’imposer comme un acteur militaire crédible sur la scène internationale. Comme le rappelle le général Schill : « il faut pouvoir peser « . Reste à savoir si l’Europe en a la volonté politique – et les moyens.
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