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“J’avais un pied dans le bien et un autre dans le mal”, raconte Ludovic Bertin

« Qui es-tu Ludovic Bertin ?» lui demande d’emblée le président de la cour d’assises de l’Isère, à Grenoble. Pendant plus de deux heures, l’accusé va se livrer assez facilement et parler de son enfance difficile avec une mère violente qui l’a chassé de chez elle alors qu’il avait 16 ans. Il a acheté une vieille voiture sur « Le Bon Coin » pour y dormir. n’a aucun souvenir de son père, qui ne l’a jamais reconnu. est mort quand il avait 9 ans.

«J’étais le cancre de la classe»

Il raconte une scolarité chaotique. A l’école primaire de Bonnefamille, il est le seul noir de sa classe. “J’ai été insulté comme si tu étais noir comme caca” il se souvient. Au collège, il se fait des amis mais pour être accepté, il fait des bêtises. «J’étais le cancre de la classe qui faisait rire tout le monde.» Il est viré et se lance dans une tuile CAP, qu’il lâche également. Il entame une relation avec une jeune femme qu’il a rencontrée quand ils avaient 14 ans. Ils ont eu un fils ensemble, aujourd’hui âgé de 5 ans. “Je ne le vois plus», confie Ludovic Bertin, d’une voix émue. “J’aime mon fils, il me manque mais je connais sa mère (dont il est divorcé, ndlr) prends-en bien soin.

Dualité

Cependant, pendant que les Dartois le dévisagent, il ne peut pas les regarder ni leur présenter ses excuses en leur parlant directement. « Ce n’est pas facile de m’exprimer devant tout le monde. Je sais que ce que je peux dire est inaudible parce que ce que j’ai fait est indescriptible. Pourtant, lorsque le président lui rappelle sa passion pour les armes, ses violences contre les femmes et notamment la sienne, son goût pour la pornographie, l’alcool et les drogues, notamment la cocaïne qu’il consomme quotidiennement entre 2017 et 2020, il tente de minimiser faits. Tout comme il nie avoir vendu de la drogue pour payer ses doses. “J’ai pu aider des amis mais je ne suis pas dealer » dit-il.

Valérie Blain, la présidente de la cour d’assises de l’Isère, lors du procès de Ludovic Bertin à Grenoble ©AFP
JEAN-PHILIPPE KSIAZEK

Le meilleur ami de l’accusé à la barre

L’après-midi a été consacrée à l’audition du directeur de l’enquête qui racontera comment le meilleur ami de l’accusé va le dénoncer car il ne supportait pas de porter le secret que lui avait confié Ludovic Bertin. “Il nous a expliqué que, comme la famille de Victorine, il était croyant et qu’elle avait droit à la vérité sur sa mort” dit le policier

Il y aura aussi un moment de forte intensité où la cour contemplera les dernières heures de la courte vie de Victorine. Tous les regards sont rivés sur l’écran où l’on peut apercevoir la silhouette de la jeune fille, ce 26 septembre 2020. Ce sont les dernières heures de sa courte vie. Le président informe la famille qu’elle peut quitter la pièce mais qu’elle choisit de rester. Grâce à plusieurs caméras de vidéosurveillance, on voit la jeune étudiante avec ses amis déjeuner au restaurant Mac Donald’s, puis se rendre au Brand Village de Villefontaine. Sa mère Sylvie ne peut retenir ses larmes et murmure dans les bras de son mari James : “Je l’ai vue, j’ai vu ma petite fille, ma petite fille.”

« Je l’ai vue, j’ai vu ma petite fille » – Sylvie, la mère de Victorine regardant les images de vidéosurveillance

Vers 18h30, le groupe s’est rendu à la gare routière et s’est séparé. Victorine, qui a raté son bus, revient à pied. C’est là qu’elle passe un appel de 57 secondes à Perrine, précise le président. Perrine, les yeux rougis, sourit gentiment à l’évocation de sa petite sœur bien-aimée. Et puis il y a le trou noir. Il n’y a pas de caméras de vidéosurveillance sur le chemin qu’emprunte Victorine pour rejoindre son domicile. Elle disparaît peu après, happée par Ludovic Bertin qui l’avait repérée alors qu’elle était soi-disant en train de faire son jogging. D’autres photos sont ensuite projetées qui montrent la reconstitution du meurtre. Ludovic Bertin ayant toujours refusé de répéter les gestes, c’est donc un enquêteur qui, de son bras, serre le cou d’un mannequin représentant Victorine. Encore un moment éprouvant pour les parties civiles.

L’autre Victorine

Jeudi, le tribunal doit examiner le « cas dans le cas », à savoir le viol d’une autre jeune femmeen 2018. Celle qui, ironiquement, s’appelle également Victorine, avait porté plainte lorsqu’elle avait découvert la photo de Ludovic Bertin dans les médias. Il nie les faits et parle d’une relation consensuelle après une soirée en discothèque sur fond d’alcool et de drogue.

Comprendre l’affaire Victorine Dartois

 
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