« Il n’y a eu qu’une seule fois où je n’ai pas participé au concours du Salon de l’agriculture et les gens pensaient que je n’avais pas gagné de prix. »
La chèvrerie Jousseaume, basée à Roullet-Saint-Estèphe, vient de remporter deux nouveaux « Oscars » pour le fromage lors des « World Cheese Awards » qui se sont déroulés au Portugal. L’occasion pour CL de rencontrer son patron Alain Jousseaume qui lui explique l’histoire de l’entreprise familiale mais aussi comment et pourquoi il parvient à remporter autant de prix.
1. Une histoire unique
« Tout a commencé dans les années 1950 lorsque mon père Gilles est tombé gravement malade », rembobine Alain Jousseaume, 52 ans. « Il y avait alors des vaches, huit hectares de vignes pour faire du pineau – qu’on a fini par arracher en 2005 même si on continue à le produire avec des assemblages anciens qui ont entre 15 et 30 ans – et une seule chèvre qui lui faisait son petit-déjeuner car il était branlant pendant que ma grand-mère fabriquait du fromage frais qu’elle allait vendre dans les rues de Châteauneuf. »
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La famille, d’origine vendéenne, se rend vite compte que les chèvres sont rentables et choisit d’en acquérir une vingtaine regroupées dans le chai actuel avant de passer à 300 puis de créer la taupinière charentaise dans les années 1970. « Ils ont choisi de l’appeler ainsi parce qu’elle a la forme d’un dôme comme les tas de terre laissés par les taupes dans le jardin », s’amuse Alain Jousseaume, qui a repris l’entreprise en 1998 après des études à l’école laitière de Surgères et commercialise aujourd’hui plus de dix différents produits.
2. Rivalisez comme un athlète de haut niveau
C’est la formule picturale qu’utilise Alain Jousseaume pour expliquer pourquoi il participe chaque année à des concours de renom dont les « World Cheese Awards », sorte de championnats du monde du fromage, où il vient de remporter en plus deux « Oscars ». des dix salons qu’il visite dans toute la France pour promouvoir ses fromages (la chèvrerie sera également présente ce week-end aux Gastronomades à Carat).
La taupinière est venue à Paris en 1973 pour disputer son premier concours général au Salon de l’agriculture et depuis, « nous avons récolté 130 médailles, dont 80 d’or. Je pourrais totalement retaper mes toilettes, et c’est gros, avec toutes les récompenses gagnées, mais ça nous oblige parce que c’est un peu le label « vu à la télé ». Aujourd’hui, le client achète avec ses yeux et cela le rassure. Il n’y a eu qu’une seule fois où je n’ai pas participé au concours du Salon de l’agriculture et où les gens pensaient que je n’avais pas gagné de prix. »
3. Savoir-faire local
Lorsqu’on lui demande pourquoi ses fromages connaissent un tel succès, Alain Jousseaume répond malicieusement « qu’il aimerait que ses fromages soient encore plus appréciés », lui qui produit, avec près de 400 chèvres, 200 000 litres de lait par an pour autant de taupinières. bien que certains fromages soient beaucoup plus gros.
« Il y a d’abord l’esthétique du fromage qui n’est pas toujours de forme régulière. Le fait que nous soyons également très attachés au confort des animaux et à leur alimentation puisque sur les 100 hectares de terrain nous nous autoproduisons avec du foin, du foin de luzerne, du maïs, de l’orge ou du tournesol. Nous n’utilisons pas de ferment commercial mais un ferment sauvage. Et puis il y a l’aide de mes trois fromagers (NDLR : 8 salariés au total) et le fait qu’on présurise le lait deux fois par jour après la traite. Et cela tous les jours de l’année », souligne le patron qui, après avoir lancé la taupinette à la truffe il y a quelques années pendant la période des fêtes, vient de mettre en vente deux nouveaux produits : la taupinette à la truffe. aneth et estragon. Rendez-vous l’année prochaine pour savoir s’ils remporteront leurs premiers prix…
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