Une « sévérité » « injustifiée, gratuite » de l’accusation et des réquisitions en forme d’« arme de destruction massive du jeu démocratique ». Au dernier jour du procès du RN, la défense de Marine Le Pen tentera ce mercredi après-midi de convaincre le tribunal que la dirigeante d’extrême droite est “innocente” et ne mérite pas la “mort politique”, demandée selon elle par le poursuite.
Le dernier des avocats de la défense à prendre la parole, Me Rodolphe Bosselut, a pris la parole à 13h30. Comme les avocats de 24 autres prévenus avant lui, l’avocat prévient qu’il va “demander l’acquittement”. Mais il a d’abord « quelques observations ». Notamment sur les demandes du parquet, qui a requis cinq ans de prison pour son client, dont deux avec sursis, une amende de 300 mille euros et surtout une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire, qui entrerait en vigueur immédiatement.
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Cette demande d’inéligibilité immédiate a soudainement rendu très réelle la possibilité que Marine Le Pen ne se présente pas en 2027, et a surpris tout le monde, suscitant des critiques dans son champ politique et au-delà.
Cinq ans de prison sont requis, dont deux peines de prison
« Ces réquisitions sont une arme de destruction massive du jeu démocratique », tonne Me Bosselut. “Il ne s’agit pas seulement de Marine Le Pen, il s’agit d’au moins 13 millions d’électeurs, voire de l’ensemble de l’électorat, et même pas de la sincérité du vote, ce n’est rien”, insiste-t-il. Au-delà de « l’émotion citoyenne », nous avons besoin de « l’émotion juridique ».
Dans ce cas, « une exécution provisoire aurait des conséquences juridiques disproportionnées », a-t-il déclaré. « Irrémédiable, définitif ». Cette « sévérité » de l’accusation est « injustifiée, gratuite », une « demande d’élimination politique ». Cela « jette le doute sur les intentions mêmes de l’institution judiciaire », accuse-t-il.
Au lendemain des réquisitions, dont elle dénonçait la « violence » et les « excès », Marine Le Pen résumait : « Ce qu’ils demandent, c’est ma mort politique ». Le parquet l’avait justifié par le risque de « récidive » d’un détournement de fonds publics, qui était « récurrent » depuis 12 ans (entre 2004 et 2016) et ne s’était « interrompu » qu’en raison de la relation du Parlement européen, qui estimait son préjudice financier à 4,5 millions d’euros.
Quant aux prévenus qui ont ouvertement nié l’existence d’un « système » mis en place pour rémunérer des assistants parlementaires « fictifs » avec de l’argent européen, ils n’ont démontré aucun « interrogatoire » lors de l’audience », accuse le parquet. “Nous ne sommes pas ici dans un forum politique, mais judiciaire, et la loi, la loi s’applique à tout le monde.”
Le tribunal annoncera la date à laquelle il prononcera sa sentence
Rodolphe Bosselut a débuté sa discussion en parlant de son client. Un bon nombre d’accusés voyageaient et s’asseyaient derrière le leader d’extrême droite. “Il venait presque tous les jours avec le désir de s’expliquer, de vous convaincre de sa totale bonne foi.” Non pas « naïve » sur ce qu’elle a risqué, mais avec la « force » de « celle qui se sait innocente », invoque-t-elle son avocat.
« Elle a répondu à toutes les questions avec sérieux et sincérité, elle n’en a éludé aucune, elle est restée plusieurs heures à la barre des témoins… On peut lui reprocher beaucoup de choses, mais pas d’avoir dédaigné le tribunal ou l’institution judiciaire comme l’a dit le parquet. », affirme-t-il. « Y a-t-il une certaine arrogance à se défendre ? »
Dans cette affaire pleine de « passions », de « pressions » et de problèmes » – « Dieu sait qu’il y en a » – Me Bosselut demande au tribunal de « revenir au droit ». « Au-delà des préjugés, des idées préconçues », affirme-t-il. « Ce dont je voudrais convaincre la Cour, c’est que la pratique parlementaire du Parlement européen de 2004 à 2016 accusée par mon client et les autres accusés était non seulement banale, inoffensive, car partagée par tous les partis européens, mais exempte de tout toute intention frauduleuse car elle est considérée comme admise.”
Le tribunal annoncera la date à laquelle il rendra sa décision – au plus tôt dans plusieurs mois – à la fin de l’audience. Avant cela, la présidente Bénédicte de Perthuis donnera une dernière fois la parole aux prévenus. Marine Le Pen avait assuré la veille qu’elle n’aurait “rien d’autre à ajouter” selon son avocat.
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