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pas seulement un problème de quantité d’eau, mais aussi de qualité

Publié le 27 novembre 2024par Frédéric Fortin, Communication épique pour Localtis

Nord, Pas-de-Calais, Rhône, Loire, Ardèche, Alpes-Maritimes… La liste non exhaustive des zones touchées par les inondations cette année s’allonge comme Le Gardon au milieu des pluies cévenoles. Les épisodes « sont voués à se répéter », prévenait récemment Agnès Pannier-Runacher (voir notre article du 18 octobre). D’autant que la recharge « particulièrement abondante » de certaines nappes constatée actuellement par le BRGM (voir notre article du 18 novembre) n’est pas sans inquiétude. L’occasion pour la Fédération nationale des collectivités subventionnaires et régies (FNCCR), via une conférence de presse tenue le 27 novembre, de rappeler aux collectivités leurs obligations en la matière.

Inondations : un risque à la fois ancien et émergent

Le phénomène n’est certainement pas nouveau. Chiffres du ministère à l’appui, Régis Taisne, chef du service Cycle de l’eau de la FNCCR, souligne qu’historiquement le risque inondation est de loin le plus récurrent en : 351 des 524 « événements naturels dommageables de toutes gravités », hors vagues de chaleur, enregistrés entre 1900 et 2021. 18,5 millions d’habitants y sont exposés, et notamment les 11,9 millions de personnes vivant dans les 124 « territoires à risque important » d’inondations » (2 560 communes au total).

Mais l’expert souligne que ce risque est malheureusement appelé à s’étendre géographiquement et à augmenter, tant en fréquence qu’en intensité. Reprenant les conclusions de l’étude Explore 2 (voir notre article du 28 juin), il met en avant « une augmentation de 20 % en moyenne des précipitations, notamment dans le Nord, et de 10 % en moyenne du débit des rivières, en hiver ». Et la sécheresse, qui sera plus prononcée en été, n’arrangera rien, car « les sols secs sont un facteur aggravant des ruissellements et des inondations car ils ne s’infiltrent pas ou très peu », souligne-t-il.

Les maires en première ligne

Face à cet enjeu, les maires sont « en première ligne », indique Pierre Kolditz, chargé de projet gestion communautaire – cycle de l’eau à la FNCCR. Sans doute plus « en première ligne », car on attend d’eux qu’ils soient acteurs plutôt que spectateurs. L’expert souligne ainsi qu’en leur qualité de garants de la sécurité et de la santé publique, de gestionnaires de la voirie et des eaux pluviales urbaines ou encore d’acteurs clés de l’urbanisme (liste non exhaustive de responsabilités), il leur appartient de tout mettre en œuvre pour « neutraliser » le risque, ou en tout cas le maîtriser ». Au risque, à défaut, de poursuites judiciaires (voir, suite à la tempête Xynthia, le conviction du maire de La-Faute-sur-Mer, décédé la semaine dernière).

Le défi du bon fonctionnement des systèmes d’assainissement

Alors que la directive révisée sur le traitement des eaux urbaines résiduaires vient d’être définitivement validée (voir notre article du 6 novembre), la FNCCR attire particulièrement l’attention sur « l’enjeu du bon fonctionnement des systèmes d’assainissement », une grande partie des eaux de pluie étant actuellement collectées dans les ouvrages et réseaux publics (la fédération organise celle du 3 décembre). conférence sur la gestion de ces eaux pluviales et de ruissellement). Régis Taisne vise notamment l’objectif fixé par le texte « de limiter à 2 % les volumes d’eau débordés, sans traitement, en raison de fortes pluies », tout en rappelant qu’« un arrêté du 21 juillet 2015 [plusieurs fois modifié, la dernière fois en juillet dernier] fixe un objectif de 5 % en France, mais il n’est déjà pas atteint partout ». Il s’agit d’une « tolérance, et non d’un droit », insiste-t-il, rappelant qu’il s’agit « d’une question de qualité des eaux ». Un enjeu récemment souligné par « deux événements marquants : le bassin de Tolbiac pour les épreuves de natation » [en eau libre] des Jeux Olympiques et le réseau déborde dans le bassin d’Arcachon l’hiver dernier”, avec des risques de répercussions “sur l’ostréiculture et des intoxications alimentaires”.

Un défi majeur, dont le coût est encore inconnu

Le défi est de taille. Sandrine Potier, conseillère technique Spanc et eaux pluviales à la FNCCR, observe que « sur les 400 000 km de réseaux existants, environ 100 000 sont des réseaux unitaires, qui reçoivent donc à la fois les eaux usées et les eaux pluviales ». Les modifier «va être très long et très coûteux», prévient-elle. Combien ? Un certain coût, pour paraphraser Fernand Raynaud. « Une étude a été lancée avant l’été par l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) et l’Inspection générale des finances (IGF) pour déterminer le coût de mise en œuvre de la directive. les résultats devraient être connus avant la fin de l’année, mais je pense que ce sera au premier trimestre de l’année prochaine », précise Régis Taisne. Au passage, il s’étonne qu'”on attende que la directive soit votée pour lancer l’étude”, preuve que “l’Etat français a négocié pendant deux ans à Bruxelles sans avoir une idée de ce que cela allait coûter”. Cher, à priori. Sandrine Potier constate que « certaines collectivités ont participé à l’exercice », et les calculs ne sont pas bons. Elle prend l’exemple de « Lyon, qui estime le coût des travaux à environ un milliard d’euros ».

Nager à contre-courant

« Il n’y a pas qu’une seule solution possible. Ce sera un mélange de solutions», tient-elle néanmoins à rassurer. L’expert évoque idéalement des « solutions fondées sur la nature ». Mais elle concède qu’il faudra sans doute aussi passer par « d’autres solutions un peu moins vertes, comme des revêtements plus drainants, des routes de retenue… » ou encore « des remblais ou des remblais ». Revenant sur la lutte contre les débordements des réseaux, Régis Taisne estime également qu’il faut « ne pas penser simplement en termes de volume d’eau, mais en termes de débits polluants. D’où l’intérêt de solutions telles que les bassins d’orage, qui vont [emmagasiner] les eaux de premier écoulement, celles qui captent la majorité de la pollution ». Lequel sera ensuite réinjecté « dans les réseaux d’assainissement, jusqu’à la station d’épuration, une fois ces derniers désaturés ».

Quel que soit l’outil, l’exercice semble prendre la forme d’une nage à contre-courant : « Plus on améliore les choses, plus le changement climatique avance », observe Régis Taisne. « C’est une course permanente entre des épisodes pluvieux qui s’aggravent et [la mise en œuvre de solutions] pour essayer de les contenir.

 
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