“Au début, j’étais dans le déni.” Philippe Le Guillou est l’ancien proviseur du lycée Maurice-Ravel du XXe quartier de Paris. En février, après avoir demandé à une étudiante de retirer son voile, il a été la cible de menaces et d’intimidations. Le 27 mars, le rectorat annonce sa démission.
Dans une interview accordée à nos confrères de Figaro, publié mercredi 27 novembre 2024, il revient sur cette affaire, qui rappelle celle de l’assassinat de Samuel Paty, professeur de collège assassiné par un islamiste radical à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) le 16 octobre 2020 et dont le procès se déroule Tout de suite.
“Il a été reconnu coupable, c’est important”
« Tant sur les réseaux sociaux que dans la vraie vie, les étudiants sont allés très loin dans les insultes et les menaces. Je n’ai pas regardé Internet parce que ce n’est pas du tout dans ma culture, mais mes amis et ma famille m’ont alerté de tout ce qui y circulait. Ils étaient bien plus inquiets que moi. » témoigne Philippe Le Guillou, qui révèle avoir été incité à démissionner par le rectorat : « C’était une demande du rectorat. Il ne m’a pas dit explicitement que j’étais en danger mais voulait m’assurer du risque zéro. À mon avis, cette recommandation avait davantage à voir avec le décès de Dominique Bernard [professeur de lettres assassiné le 13 octobre 2023 à Arras (Pas-de-Calais)] qu’avec le réel danger de ma situation. »
Ibni-Akram Assoumani, qui a appelé les réseaux sociaux à « brûler vif » le directeur du lycée, a été condamné lundi 18 novembre par le tribunal correctionnel de Paris à 600 € d’amende, à un stage de citoyenneté et à verser 3 000 € de dommages et intérêts à Philippe Le Guillou. La peine a été jugée légère par certains, le proviseur la relativise auprès de nos confrères de Figaro : « Il a été reconnu coupable, c’est important […] mais j’ai compris que cette phrase était faible et qu’elle envoyait un message négatif aux personnels de l’Éducation nationale. »
« Les enseignants et les directeurs doivent être soutenus »
Face à ce type de situation, il appelle les enseignants, les encadrants et les directeurs à « Surtout, n’abandonnez pas. Mais pour y arriver, les enseignants et les directeurs doivent être soutenus, quelle que soit la matière, par leur hiérarchie. »
Pour l’avenir, l’ancien proviseur souhaite « conservent tout de même une certaine forme d’anonymat. J’ai même abandonné un projet de livre parce que la maison d’édition insistait pour que je montre mon visage sur la couverture. Tout cela est lourd. Je n’ai pas peur d’une fatwa mais j’ai peur de tomber sur un fou qui me reconnaît par hasard.
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