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Katerine Savard prend sa retraite | “J’ai adoré ce sport et je l’aime toujours”

Au début de l’automne, Katerine Savard a pris le temps de renouer avec son sport. Après ses journées de remplacement comme enseignante, elle s’est rendue à la baignade libre de 21 heures à la piscine Sophie-Barat, près de chez elle à Montréal. Pas de série, pas de temps, juste pour le plaisir de nager en continu.

« J’avais l’impression que je ne pourrais jamais aimer nager si personne ne me disait quoi faire. J’avais besoin de me rassurer, de savoir que j’allais toujours aimer ce sport. »

Certains nageurs l’ont reconnue. D’autres ont trouvé cette petite bombe de 1,67 m inquiétante pour qui évoluer dans l’eau chlorée est une seconde nature. « Il y en a qui m’ont dit : « Il me semble que tu es rapide, où as-tu appris ta technique ? »

Après sa tentative ratée de se qualifier pour ses quatrièmes Jeux olympiques au printemps, Savard avait lentement accepté l’idée de prendre sa retraite. A 31 ans, c’était « tout naturel » pour la médaillée de bronze olympique de raccrocher son maillot.

«Par la force des choses, la vie a décidé qu’il en était ainsi», a-t-elle expliqué lors d’une pause dîner de son travail d’enseignante dans une école maternelle de Québec, où elle bénéficie d’un contrat de remplacement à durée indéterminée.

Cette fatalité ne rend pas la transition moins douloureuse ou effrayante, surtout quand on a passé près de la moitié de sa vie au plus haut niveau de compétition.

«J’aurai encore du deuil à faire», a noté Savard, partagé entre le sourire et les larmes lors de l’entrevue, à l’image de sa carrière.

« J’ai commencé à faire mon deuil, évidemment, et je suis de plus en plus serein. Pourtant, j’adorais ce style de vie, j’adorais être un athlète. »

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PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE ARCHIVES

Katerine Savard

Un parcours atypique

Concrètement, la plus grande réussite de Katerine Savard est sa médaille de bronze au relais 4 x 200 mètres aux Jeux olympiques de Rio en 2016. Elle a assuré la première partie de la finale.

Cependant, ce n’est pas le souvenir qu’elle chérit le plus. Au lieu de cela, c’était quatre mois plus tôt, lorsqu’elle avait raté sa sélection pour le 100 m papillon, son épreuve préférée. L’été précédent, elle s’était classée cinquième aux Championnats du monde. Elle se voyait lutter pour un podium au Brésil. Démolie, elle se recompose pour se qualifier le lendemain au relais 4 x 200 m crawl.

«Ce genre de force mentale que j’ai retrouvé dans ces 24 heures, je crois que c’est le moment de ma carrière dont je suis le plus fier», a expliqué celui qui jouait alors pour le club montréalais CAMO avec l’entraîneur Claude St-Pierre. Jean. « J’ai essayé de recommencer cette année, et ça n’a pas marché. Je ne sais pas comment j’ai trouvé cette force en 2016. »

Inscrite aux cours par sa mère, qui ne voulait pas transmettre sa peur de l’eau, Katerine Savard a connu des débuts timides au club Unik de Pont-Rouge, sa ville natale, à l’âge de 10 ans. Elle a grandi au club CSQ au Québec, sous la direction de l’entraîneur Marc-André Pelletier, un mentor qu’elle a trouvé à la fin de sa carrière. En tant que remplaçante, elle a remporté une médaille de chaque couleur aux Jeux du Canada 2009. Quelques mois plus tard, elle représente pour la première fois l’équipe nationale lors d’une Coupe du monde à l’âge de 16 ans.

En 2011, elle a participé au premier des sept Championnats du monde en grand bassin, terminant neuvième et établissant le record canadien au 100 m papillon. À sa grande surprise, elle a participé à ses premiers Jeux olympiques à Londres en 2012, même si elle ne se croyait pas prédestinée.

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PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE ARCHIVES

Katerine Savard aux Jeux olympiques de Londres 2012

S’il y a une chose que j’aimerais transmettre aux jeunes, c’est qu’il n’est pas nécessaire de suivre un parcours linéaire pour réussir. Je viens d’une petite ville, j’ai commencé à nager tard et je n’étais pas vraiment bon au début. On m’a même refusé les études sportives. Je ne mesure que 5’5″ et je ne gagnais aucune médaille à 14 ans.

Katerine Savard

La pression, « une arme à double tranchant »

Botteuse hors pair, la joueuse de papillon a fait preuve d’une constance remarquable au cours de ses 15 années de carrière au sein de l’équipe nationale, dont elle était parfois la seule représentante du Québec.

En plus de trois participations aux Jeux olympiques, elle a participé à trois reprises aux Jeux panaméricains et à deux reprises aux Jeux du Commonwealth, remportant l’or au 100 m papillon à Glasgow en 2014. Quelques mois après sa déception olympique de 2016, elle a terminé quatrième au 100 m papillon à Glasgow en 2014. 100 m papillon aux Mondiaux en petit bassin à Windsor, en Ontario, où elle a également remporté l’or au relais 4×200 m.

De retour de Rio, elle s’est cherchée pendant un an, prenant une pause en 2018 pour redéfinir ses objectifs. « La pression est une arme à double tranchant », a-t-elle souligné. Quand j’étais plus jeune, j’avais une petite naïveté fonceuse que j’ai perdue avec le temps. Je me mets la pression pour performer. Cela m’a fait mal parce que j’ai eu du mal à apprendre à y faire face. »

Sa vie prend un tournant inattendu lorsque le réalisateur Pascal Plante lui confie le rôle-titre du film. Nadia, papillonsélectionné dans la sélection officielle du Festival de Cannes en 2020, limité à un événement virtuel en raison de la pandémie. Comme son personnage, qui envisageait sa retraite après avoir participé aux Jeux olympiques fictifs de Tokyo, Savard s’habitue à composer avec les « petits deuils » d’une athlète en fin de carrière.

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PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE ARCHIVES

Katerine Savard à la première du film Nadia, papillon en 2020

« C’est des détails, mais il y a des petits deuils de tout ce qui englobe la natation, le deuil de mon corps, le deuil de tout, finalement. »

Départ de CAMO

Au total, Savard a remporté 34 médailles lors de Jeux et championnats majeurs. Gregory Arkhurst, son entraîneur de 2021 à 2024, la qualifiait de « plus grande nageuse québécoise de l’histoire ».

Je suis beaucoup reconnu par ma médaille olympique, et oui, c’est un sommet et ma plus grande réussite sur le papier. Mais je ne veux pas me définir comme ça. Je suis beaucoup plus fier de l’ampleur et de la longévité de ma carrière.

Katerine Savard

Elle a remporté le bronze au 4 x 100 m nage libre lors de sa dernière compétition internationale, les Championnats du monde à Doha en février. À son retour, elle crée la surprise en quittant CAMO pour retrouver Pelletier au club de natation de la Région de Québec (CNQ). Elle souhaitait se rapprocher des siens et s’éloigner d’un climat qui ne lui convenait plus avec sa coéquipière Mary-Sophie Harvey, rivale directe.

« Cela faisait du bien de vivre autre chose que la simple pression de comparer mes performances. […] Je ne pense pas que quiconque aime se comparer quotidiennement à son meilleur ami. Je voulais être amie avec Mary et ne pas nécessairement être une compétitrice tous les jours. J’ai trouvé ça difficile. Je ne voulais pas être malheureuse et je voulais qu’elle soit toujours mon amie dans la vie. »

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PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE ARCHIVES

Katerine Savard aux JO de Tokyo en 2021

Les deux athlètes se sont parlé récemment. Savard a suivi les performances d’Harvey aux Jeux olympiques de Paris et aux récentes Coupes du monde, où elle a remporté neuf médailles. « Je l’ai vue s’entraîner, j’ai été témoin de son évolution de carrière et c’était écrit dans le ciel qu’elle ferait de grandes choses. »

Enseignant et formateur

Même si Savard est maintenant à la retraite, la natation n’est jamais loin. Depuis le début de la saison, elle occupe un poste d’entraîneure au CSQ auprès de neuf jeunes âgés de 8 à 12 ans. « Ils me regardent encore avec de grands yeux ! Je suis assez exigeant, dans le sens où je veux vraiment qu’ils apprécient le processus. J’essaie de les faire rêver un peu. »

Avec son double métier d’enseignante, elle ne s’ennuie pas dans sa transition. « J’ai 18 personnalités différentes dans ma classe et 9 préadolescents dans la piscine ! J’apprends à gérer cela et j’essaie de répondre à leurs besoins de manière un peu plus individualisée. C’est un grand défi, mais en tant que nageuse, j’ai l’impression de ne pas toujours avoir été capable de communiquer correctement mes besoins. »

Elle donne des conférences dans des clubs et aimerait rester impliquée auprès du Comité olympique canadien. En juin, elle a participé au programme des jeunes ambassadeurs de l’Académie internationale olympique en Grèce.

Les Jeux Olympiques ne visent pas à remporter des médailles. C’est la détermination, la résilience, toutes ces valeurs qui englobent le sport, peu importe le niveau. Cela me touche. Cela et l’importance d’être proche des jeunes.

Katerine Savard

Savard a participé à sa dernière compétition aux Championnats canadiens l’été dernier à Toronto. Elle a obtenu trois médailles, dont une d’argent dans la même poule où elle avait renoncé à son rêve de quatrièmes JO. « Je ne voulais pas être amer et garder une sorte de cicatrice sur mon cœur. »

Comme elle manque de temps, elle a troqué la piscine pour le running et la salle de sport. Sa douleur est toujours forte, mais elle est désormais sûre d’une chose concernant la natation : « J’ai adoré ce sport et je l’aime toujours. »

 
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