Qu’est-il arrivé à notre dollar depuis lundi ? Pourquoi cette faiblesse du dollar canadien depuis plusieurs semaines ? Un dollar affaibli, pour qui est-ce nocif ? Pour qui est-ce bénéfique ? Quelles perspectives pour le huard ? Voici ce que vous devez savoir.
Que s’est-il passé avec le dollar canadien depuis lundi ?
Le dollar canadien est tombé tôt mardi matin à son plus bas niveau en quatre ans, autour de 70,5 cents américains. Cette rechute s’est produite sur le marché des devises après que le président élu des États-Unis, Donald Trump, a menacé d’imposer des droits de douane de 25 % sur les exportations canadiennes dès son retour à la Maison Blanche en janvier prochain.
Le dollar canadien s’est un peu renforcé dans la journée de mardi, mais juste au-dessus du seuil de 71 cents américains. Et toujours à sa valeur la plus basse depuis le printemps 2020, lorsque la récession économique pandémique a commencé.
Pourquoi cette faiblesse du dollar canadien ?
En fait, la menace de droits de douane s’est ajoutée aux pressions à la baisse qui pèsent sur la valeur du dollar canadien depuis septembre.
«Il s’agit d’un autre vent contraire assez fort face au dollar qui subissait déjà une pression défavorable en raison de l’affaiblissement de plusieurs indicateurs de l’économie canadienne», résume Robert Kavcic, économiste principal à BMO Marchés des capitaux, une filiale de la Banque. de Montréal.
De plus, les réductions des taux d’intérêt décidées par la Banque du Canada ont réduit l’attrait du dollar canadien auprès des investisseurs et des négociants sur le marché international des devises.
La banque centrale a abaissé son taux directeur à quatre reprises cette année, dont une baisse d’un demi-point de pourcentage en octobre, à 3,75 %.
Elle a justifié cet assouplissement de sa politique monétaire par la nécessité de promouvoir la croissance économique, maintenant que le taux d’inflation est revenu au niveau cible de 2 %.
Un dollar affaibli, pour qui est-ce nocif ?
Pour les citoyens et les entreprises du Canada, une baisse de la valeur du dollar canadien par rapport à son voisin américain augmente le coût de leurs dépenses et de leurs achats de biens et services qui doivent être payés en dollars américains.
Ce coût de change supplémentaire affecte principalement les importations de biens et services payables en dollars américains, d’où le risque « d’importer de l’inflation » dans l’économie canadienne.
Parallèlement, le coût supplémentaire du taux de change affecte également les dépenses des Canadiens lors de voyages et de séjours prolongés aux États-Unis ou ailleurs dans le monde, au cours desquels les dépenses sont payées en dollars américains.
Un exemple numérique
Au début de 2024, alors que le dollar canadien s’échangeait à 75,5 cents américains, une dépense de 100 $ US s’élevait à environ 133 $ en dollars canadiens. Onze mois plus tard, alors que le dollar canadien s’est affaibli à 71 cents américains, une dépense similaire de 100 $ US équivaut à environ 141 $ en dollars canadiens.
Pour le « les snowbirds » Canadiens en séjour hivernal dans le sud des États-Unis, cet affaiblissement du dollar canadien se traduit par une inflation d’au moins 6 % du prix de revient de leurs frais de séjour en dollars américains par rapport à l’hiver dernier.
Un dollar affaibli, à qui profite-t-il ?
Même si un dollar canadien affaibli augmente les coûts d’achat en dollars américains pour les citoyens et les entreprises du Canada, il peut également rendre les biens et services d’origine canadienne moins chers pour les acheteurs qui peuvent payer en dollars américains.
De l’avis des analystes, un affaiblissement prolongé du dollar canadien par rapport à son voisin américain pourrait compenser une partie des coûts supplémentaires liés à d’éventuels tarifs douaniers que devraient payer les acheteurs américains de biens et de services. Origine canadienne.
De même, un dollar canadien affaibli peut être avantageux pour les entreprises canadiennes qui exportent des biens et services, et qui perçoivent ces revenus en dollars américains avant de les convertir dans leur monnaie comptable : le dollar canadien.
Quand on considère que le marché américain en absorbe près de 75 %, soit les trois quarts ! – des exportations canadiennes de biens, et que ces exportations vers les États-Unis représentent environ 25 % – un quart ! – du produit intérieur brut canadien, un affaiblissement du huard peut être avantageux pour les secteurs de production et d’exportation de biens et services.
Quelles perspectives pour le dollar canadien ?
A première vue, pas très attractif !
«Les temps sont également durs pour les devises comme le dollar canadien qui sont liées aux marchés des matières premières», note Jimmy Jean, vice-président et économiste en chef chez Desjardins, dans sa plus récente analyse des « Prévisions de devises » publiée hier. il y a quelques jours.
C’était aussi avant les nouvelles menaces de droits de douane élevés contre le Canada et le Mexique annoncées lundi soir par le prochain président des États-Unis, Donald Trump.
« Compte tenu de sa forte dépendance au marché américain, l’économie canadienne pourrait être parmi les principales victimes du protectionnisme américain », prévient Jimmy Jean.
Par ailleurs, « les politiques de Trump pourraient entraîner une augmentation de la production de pétrole et de gaz naturel aux États-Unis, ce qui limiterait encore davantage la hausse des prix de ces produits » déjà très influents sur la valeur du dollar canadien.
Par ailleurs, alors que la baisse de l’inflation « permet d’anticiper plusieurs autres baisses de taux d’intérêt » à l’avantage des emprunteurs au Canada, l’économiste en chef chez Desjardins souligne que ces baisses de taux ont également accru l’écart avec les taux d’intérêt aux États-Unis.
Et tant que cet écart demeure élevé, la valeur du dollar canadien sera « pénalisée » sur le marché des devises, autour de 71 à 72 cents américains.
À la Banque Nationale, l’économiste en chef, Stéfane Marion, a même avancé l’hypothèse qu’un dollar canadien pourrait chuter entre 69 et 70 cents américains au cours des premiers mois de 2025.
Si cela s’avère vrai, une telle baisse de la valeur du dollar canadien par rapport à son voisin américain serait la plus accentuée depuis ses deux derniers passages autour de 68 cents américains, qui remontent à 2020 et 2016.
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