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Interdit d’accéder à son restaurant pendant un mois après l’incendie du Vieux-Montréal

Un restaurateur voisin de l’édifice patrimonial détruit par un incendie mortel dans le Vieux-Montréal s’est non seulement vu interdire l’accès à son commerce pendant un mois, mais il a également été abandonné par la Ville, qui l’a laissé dans le néant.

« J’ai l’impression d’être un ballon que tout le monde joue de département en département de la Ville », raconte Lénon So, propriétaire de Muru Crêpe avec sa famille.

Son restaurant de déjeuner se trouve en face du bâtiment qui a pris feu dans la nuit du 4 octobre. L’incendie, qu’il a fallu 16 heures pour maîtriser, a coûté la vie à une touriste française et à sa fille de 7 ans.

Dans les jours qui ont suivi, M. So a pu accéder brièvement à son restaurant, implanté dans le quartier depuis une décennie. Juste le temps de récupérer quelques documents et quelques fruits encore frais.

A quelques mètres

A cette époque, personne ne l’avait prévenu qu’il ne pourrait pas y retourner avant un mois. La clôture qui délimite le périmètre de sécurité s’est arrêtée à quelques mètres seulement de son entrée. « Juste un petit passage piéton… et tout ça aurait été réglé », dit-il.

De son côté, la Ville a indiqué par courriel qu’il n’était pas possible de permettre l’accès au commerce sans assurer la sécurité du public.

Lenon So, qui gère l’établissement avec son épouse Yue Zeng, n’a reçu aucune communication de la Ville de Montréal. “Pas d’appels, pas même un email. D’habitude, quand une rue ferme, on reçoit un tract pour nous avertir, mais ici, on était isolés et abandonnés», déplore-t-il vivement.

Chaque matin, il s’y rendait pour discuter avec les autorités et voir s’il pouvait enfin accéder à son restaurant. Sans nouvelles de la Ville, le couple décide de partir lui-même à la recherche d’informations. « Je ne savais même pas par où commencer, ni qui contacter », a déclaré M. So.

Toujours pas de nouvelles

Ses efforts l’ont conduit dans les dédales de la bureaucratie. Son histoire est digne de Douze travaux d’Astérix. Juste pour obtenir un numéro d’incident pour son assurance, il a été redirigé vers au moins quatre services… pour finalement être renvoyé vers le premier contacté.

Voyant que rien ne bougeait, les propriétaires ont eux-mêmes proposé à la Ville un plan, réalisé à la main, incluant l’ajout d’un passage piéton pour accéder au restaurant. « Une évaluation approfondie a dû être réalisée afin de développer un moyen alternatif d’accès au commerce », indique la municipalité. Ils ont finalement obtenu le feu vert le 6 novembre.


Photo gracieuseté de Yue Zeng

« Quand nous sommes revenus au bout d’un mois, c’était l’enfer », se souvient M. So avec découragement. Des tonnes de mouches des fruits volaient dans une odeur nauséabonde de pourriture.


Au bout d’un mois, d’innombrables mouches des fruits volaient autour de l’établissement.

PHOTO AVEC L’AUTORISATION DE YUE ZENG

Ils n’ont pris aucun risque et ont jeté toute la nourriture, remplissant deux grandes poubelles noires. Après avoir enfilé un costume blanc, ils ont nettoyé minutieusement tous les recoins de l’établissement, en plus d’embaucher des exterminateurs.


La quantité de nourriture à jeter était énorme.

PHOTO AVEC L’AUTORISATION DE YUE ZENG

Sans son insistance, le restaurateur estime que son commerce serait encore aujourd’hui inaccessible.

Des coûts exorbitants

Le propriétaire a dépensé des dizaines de milliers de dollars depuis le début de cette saga, notamment pour nettoyer et acheter de la nourriture. Il ne sait toujours pas quand ni combien les compagnies d’assurance les rembourseront.


PHOTO AVEC L’AUTORISATION DE YUE ZENG

Lénon So est attristé d’avoir perdu son patron des huit dernières années, qui ne pouvait rester sans salaire pour une durée indéterminée.

« Si au moins nous avions été tenus informés, nous aurions pu prendre des dispositions en conséquence. Mettez nos salariés au chômage. La Ville devrait travailler pour ses citoyens, n’est-ce pas ? dit-il.


Lenon Alors, j’ai mis un panneau pour diriger les clients vers le passage pour piétons.

Photo Érika Aubin

Depuis la réouverture de Muru Crêpe, les affaires vont mal, car l’imposant périmètre de sécurité autour du chantier de la rue Notre-Dame rebute les piétons et les touristes. “Aujourd’hui, nous avions trois ou quatre clients”, raconte-t-il en regardant son établissement presque vide.

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