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les principaux points à suivre lors du passage du budget au Sénat

Place au Sénat. Le marathon budgétaire est à mi-parcours avec une nouvelle étape cruciale ce lundi, alors que débute l’examen du projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2025 au Sénat. Les sénateurs se lancent dans un examen de deux semaines et demie, 24 heures sur 24, avec un vote formel attendu le 12 décembre. Et contrairement aux députés, nous pouvons affirmer avec certitude que le Sénat suivra et votera le budget.

La Haute Assemblée se retrouve en position de force sur le budget, alors que les députés ont rejeté un texte remanié par la gauche, après un examen parfois chaotique. « Dans le contexte politique et après le rejet du budget par l’Assemblée nationale, le Sénat a plus que jamais une grande responsabilité », a souligné le ministre de l’Économie, Antoine Armand, lors du débat général.

Pour le gouvernement, sous la menace d’un vote de censure du Rassemblement National, dont la chef de file, Marine Le Pen, a de nouveau demandé, lors d’un entretien avec le Premier ministre ce matin, à être entendue sur le budget, le passage du texte en au Sénat, cela semble plus facile. Michel Barnier se trouve en effet désormais sur un terrain, au moins en grande partie, conquis. La majorité sénatoriale centriste de LR-Union, qui luttait jusqu’ici contre Emmanuel Macron, se retrouve à soutenir ce premier ministre depuis les rangs de LR. Sans oublier les autres groupes du socle commun, le RDPI (Renaissance), Les Indépendants et une partie des groupes RDSE, qui sont derrière Michel Barnier. L’impôt exceptionnel sur les grandes entreprises ainsi que la hausse des impôts pour les plus riches, bien que contraires à l’ADN de LR, seront donc soutenus.

Avec le rapporteur général de la commission des Finances, le sénateur LR Jean-François Husson, un travail de co-construction entre les sénateurs et le gouvernement est en cours depuis plusieurs semaines. Si le ton a changé, la majorité sénatoriale compte toujours laisser son empreinte sur le budget. Jean-François Husson réitère qu’il partage l’objectif global de 60 milliards d’euros d’économies. Mais il présentera plusieurs amendements pour modifier le texte. Il espère aller au-delà des économies annoncées, avec “un total de 4 milliards d’euros” supplémentaires, pour “permettre de réduire les hausses d’impôts”.

C’est le principal changement que le Sénat apportera au budget 2025 : la suppression de l’augmentation de la taxe sur l’électricité. Dans l’article 7 de ce PLF, le gouvernement veut augmenter la fiscalité au-dessus du niveau d’avant-crise, soit 32 euros par MWh, alors que les sénateurs s’y refusent. Ne pas augmenter cette taxe coûterait 3,4 milliards d’euros.

Si le gouvernement appliquait l’augmentation maximale des accises comme il le propose, cela signifierait, pour une maison de 100 m2 chauffée à l’électricité, une augmentation de « 350 euros par an », par rapport à la situation d’avant-crise, selon le rapport. amendement sénatorial.

…partiellement compensé par la hausse de la taxe sur l’essence de 950 millions d’euros

Pour compenser, la majorité sénatoriale vise diverses mesures d’économies (voir ci-dessous) et une augmentation des taxes sur l’essence. Un amendement prévoit d’augmenter les accises sur le gaz naturel destiné à la consommation de carburant de 4 euros par MWh. Ce qui “représente une augmentation d’environ 62 euros par an du coût du chauffage au gaz pour une famille vivant dans des logements d’une superficie de 100 m2”, précise l’objet de l’avenant. Ce qui rapporterait tout de même 950 millions d’euros aux caisses de l’Etat. Jean-François Husson présente également cette mesure comme écologique, voulant taxer davantage les énergies carbonées, pour favoriser l’électricité décarbonée.

Politiquement, inverser la hausse de l’électricité pourrait présenter un double avantage pour le gouvernement : il pourrait dire qu’il écoute le Sénat et donc faire confiance au Parlement. Surtout, cela répondrait à l’une des principales lignes rouges fixées par Marine Le Pen, qui menace la censure.

L’autre élément important pour les sénateurs sera les communautés. Rien de plus logique, pour la Chambre qui les représente, selon la Constitution. Alors que le gouvernement demande aux collectivités un effort budgétaire de 5 milliards d’euros, la majorité sénatoriale veut le limiter à 2 milliards d’euros. Encore trop pour les sénateurs écologistes, qui accusent la droite sénatoriale de « laisser partir les collectivités ».

Alors que le gouvernement ambitionne d’économiser 800 millions d’euros sur le fonds de compensation de la TVA (FCTVA), le rapporteur général entend supprimer cette mesure. Les sénateurs n’abordent cependant pas le gel des transferts de TVA, pour 1,2 million d’euros, destiné à remplacer les recettes fiscales supprimées ces dernières années.

Mais le principal changement qui touche les collectivités concerne le fonds de précaution de 3 milliards d’euros, destiné à aider les collectivités, financé par les 450 collectivités les plus riches. Les sénateurs, sous l’impulsion notamment du sénateur LR Stéphane Sautarel, préfèrent supprimer totalement ce fonds de précaution pour le remplacer par un “système de compensation temporaire des recettes fiscales des collectivités locales”, doté de trois fois moins d’argent, avec 1 milliard d’euros. De plus, l’effort sera mieux réparti : environ 3 000 communes seront concernées au lieu de 450. Le nouveau système éliminerait également 50 départements du système. Jean-François Husson s’est notamment rendu à Laon, dans l’Aisne (voir notre reportage), à ​​l’écoute de ces départements en difficulté face à la forte augmentation des dépenses sociales.

“En matière de collectivité, nous avons écouté les alarmes”, a rappelé lors de la séance de lundi le ministre des comptes publics, Laurent Saint-Martin. Le gouvernement est prêt à “réduire sensiblement la contribution attendue” au fonds de précaution, “et les fonds collectés seront restitués aux collectivités contributrices”, comme le prévoit le système sénatorial. Concernant les mesures liées à la FVTVA, le ministre a confirmé qu'”elles n’auront pas d’effet rétroactif”.

C’est l’une des mesures d’économies budgétaires les plus connues : la suppression de 4 000 places dans l’Éducation nationale l’année prochaine. Une baisse jugée trop forte par les sénateurs, qui diviseront par deux le nombre de postes supprimés. Et c’est la droite qui porte la mesure. Le sénateur (LR) de l’Oise, Olivier Paccaud, défendra un amendement qui « passe de 4 000 à 2 000 suppressions de postes ». Il a déjà été adopté en commission jeudi, à l’unanimité, avec le soutien de la gauche.

Le rapporteur spécial de la commission des finances sur l’éducation défend « une position responsable ». S’il ne veut pas de réductions nulles, en raison du déclin de la population scolaire, il entend « s’adapter, avec une réduction plus faible ». Cela nous semble beaucoup plus raisonnable sur le plan éducatif. Cela nous permet de continuer à améliorer le taux d’encadrement. Et cela nous semble beaucoup plus raisonnable également sur le plan territorial”, alors qu’avec les 4 000 suppressions d’emplois, “trois fermetures de classes sur quatre se produiraient dans les zones rurales. C’est pour limiter les dégâts.”

Le sénateur de l’Oise finance la mesure en récupérant « 74 millions d’euros » sur le pacte pédagogique, qui voit son budget augmenter de 100 millions d’euros. Avec la création de 2.000 places d’accompagnement des étudiants en situation de handicap (AESH), envisagée par le gouvernement, “cela se traduirait par un budget nul dans l’éducation nationale”, défend Olivier Paccaud. Si la mesure plaira peut-être aux ministres de la rue de Grenelle, il n’est pas sûr qu’elle plaise à Matignon.

Concernant les nouvelles économies que les sénateurs mettent sur la table pour financer la suppression de la hausse de la taxe sur l’électricité, Jean-François Husson se concentre notamment sur la lutte contre la fraude et les abus.

Les sénateurs défendront un système de lutte contre les systèmes frauduleux d’arbitrage de dividendes, les fameux « CumCum » ou autres « CumEx ». Un dossier sur lequel se battent depuis plusieurs années la sénatrice centriste Nathalie Goulet, mais aussi les communistes ou les socialistes, qui présentent eux aussi des amendements. Le rapporteur a salué ce lundi une “approche collégiale, très largement partagée”. En 2018, le Sénat avait déjà adopté un amendement sur le sujet, avant qu’il ne soit vidé de sa substance à l’Assemblée.

Le rapporteur LR propose également de « mieux encadrer le crédit d’impôt recherche » en mettant en œuvre certaines recommandations de l’examen des dépenses de l’Inspection générale des finances en matière d’aide aux entreprises. De quoi économiser “un peu plus de 400 millions d’euros”, a-t-il expliqué en présentant ses amendements.

Toujours sur le thème des économies, Jean-François Husson a lancé ces dernières semaines une « revue des dépenses », mission par mission budgétaire. Il s’agit notamment d’économiser 150 millions d’euros sur l’apprentissage, de réduire le budget excessif de l’Éducation nationale consacré à la formation, la suppression du service national universel ou encore la trésorerie « excessive » des opérateurs. La majorité sénatoriale veut aussi « durcir » l’Assistance maladie de l’État (AME) pour une économie de « 200 millions d’euros » ou encore abaisser le plafond des différents impôts, faisant à chaque fois économiser à l’État plusieurs millions d’euros.

 
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