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Baazov au coeur d’un procès en Israël

BERLIN, Allemagne

Un colis est déposé devant une résidence berlinoise par une froide journée de février. Le paquet contient un réveil noir et il est accompagné d’un court message : Cher Ivan, il n’est jamais trop tard pour te souhaiter un joyeux anniversaire. Ce n’est que le début. Tic tac.

Le message est adressé à Ivan Montik, fondateur et PDG de SoftSwiss, une grande société de casino virtuel biélorusse.

Et c’est évidemment une menace.

À l’époque, en 2021, Montik était la cible d’une campagne de diffamation à l’échelle planétaire.

Les allégations sont graves : fraude, blanchiment d’argent… L’un de ses collaborateurs est même accusé d’avoir commandité l’assassinat d’un journaliste bulgare.

Au cours des mois suivants, des centaines de vidéos et de publications accusatrices sont apparues sur Internet à l’encontre de Montik et de ses partenaires commerciaux à la tête de SoftSwiss.

Des menaces sont également adressées à eux et à leurs familles.

Ivan, à quoi pensais-tu ? Escroquer les Juifs et s’en tirer sans problème ? Vous avez tué 350 000 Juifs en Biélorussie pendant l’Holocauste et cela ne vous a pas aidé ! Je te promets que tu pleureras pour ce que tu as fait, espèce d’idiot.

Vous savez ce que vous devez faire et qui vous devez appeler, sinon ce marathon se terminera mal pour vous et vos partenaires.indique un autre message, adressé cette fois à un partenaire commercial de Montik.

Certains messages sont étrangement signés par les services de renseignement israéliens, ce qui est impossible à corroborer mais donne une idée de la pression que l’on souhaite exercer sur ces personnes.

Cette affaire de type film d’espionnage – toujours en cours – est amplement décrite dans les documents judiciaires israéliens obtenus par Enquête.

Pour Ivan Montik et ses partenaires, il ne fait aucun doute que l’homme d’affaires québécois Ofer Josh Baazov, qui gère le casino Abénakis de Wôlinak, au Centre-du-Québec, joue un rôle central dans cette histoire.

Outre les menaces, Montik et ses partenaires affirment avoir été la cible d’une opération de piratage informatique orchestrée par M. Baazov.

Ivan Montik, fondateur de SoftSwiss

Photo : Jeux européens

DONETSK, Ukraine

Un an avant qu’Ivan Montik ne reçoive l’alarme à sa porte, une réunion a eu lieu au café Verone à Donetsk, ville ukrainienne sécessionniste et pro-russe.

Des spécialistes des télécommunications envisageaient de pirater le téléphone du directeur financier de la société SoftSwiss.

Cette opération a été réalisée à la demande d’une obscure société des îles Vierges britanniques appelée Capital WW Investment Limited. Ces derniers soupçonnaient les dirigeants de SoftSwiss de fraude importante.

Le hack a eu lieu… et a été un succès.

Début 2020, Capital WW a eu accès au matériel piraté : quelque 8’000 documents personnels appartenant au directeur financier de SoftSwiss. Entre autres documents volés : tous ses messages Telegram cryptés, photos, documents, emails, la liste de ses contacts…

Mais qui se cache derrière Capital WW ? Il s’agit du Canadien Josh Baazov et de deux partenaires commerciaux israéliens.

Baazov serait là forcer à vivre derrière la campagne de piratage informatique, selon le procès intenté par Montik. Et certaines des informations volées ont été diffusées sur Internet.

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Capture d’écran d’une vidéo de diffamation contre Ivan Montik et ses associés

Photo : Alphapo arnaque

MONTRÉAL, Québec

Les 8 000 documents volés par les pirates de Donetsk sont pour la plupart rédigés en russe et en biélorusse.

En mars 2020, le matériel volé a été envoyé au cabinet d’avocats montréalais Levy Salis pour traduction et analyse. A l’époque, Levy Salis représentait les intérêts de Capital WW.

L’enjeu est de taille : on parle de centaines de millions d’euros de bénéfices dont Josh Baazov estime avoir été privé. En effet, Baazov n’était pas un adversaire d’Ivan Montik : ils étaient partenaires dans le secteur des casinos virtuels.

En 2019, l’homme d’affaires québécois avait effectivement acheté un bloc majoritaire d’actions de SoftSwiss avec sa société Capital WW.

Mais la transaction a mal tourné.

Montik et ses associés biélorusses auraient voulu lui voler ses actions dans SoftSwiss. Des informations piratées à la demande de Capital WW prouveraient cette conspiration.

Cependant, un juge des Îles Vierges britanniques a dû en décider autrement.

ROAD TOWN, Îles Vierges britanniques

Après avoir analysé les messages Telegram du directeur financier de SoftSwiss obtenus lors du piratage, un juge des îles Vierges britanniques a déclaré qu’ils ne soutenaient pas les allégations de complot.

Au passage, le juge a dénoncé des tactiques dignes d’un roman d’espionnage. Pirater un ordinateur ou un serveur est « inapproprié »a-t-il écrit dans une décision datée de novembre 2020. Toute personne utilisant son propre ordinateur et stockant des informations confidentielles sur un disque dur ou sur un serveur a une attente raisonnable en matière de confidentialité.

Et une chose était claire pour le juge : Capital WW savait très bien ce que faisaient les pirates.

Malgré cette décision, Josh Baazov a écrit ceci à Enquête : Il n’y a eu aucun piratage, ni de la part de mes associés ni de la part du tiers [les pirates de Donestk, NDLR]et de toute façon, les allégations n’ont rien à voir avec moi.

TEL AVIV, Israël

Après un premier procès dans les îles Vierges britanniques, le conflit entre Josh Baazov et ses anciens partenaires commerciaux s’est déplacé vers Israël.

Baazov a été le moteur de la décision tordue et criminelle d’entreprendre une campagne de diffamation.soutient une action civile déposée devant un tribunal de Tel Aviv en 2022 par Montik et ses associés biélorusses.

La conduite de Baazov est décrite comme typiquement mafieux.

Pourquoi un procès en Israël ? Car la publication des vidéos diffamatoires aurait été orchestrée depuis ce pays. De plus, Josh Baazov, en plus d’être citoyen canadien, est également israélien.

Les Biélorusses réclament quatre millions de dollars à Baazov et à ses associés.

De plus, cette campagne de diffamation se poursuit. Enquête remarqué que des vidéos sont constamment mises en ligne.

Le procès n’a pas encore eu lieu dans cette affaire, mais le juge israélien Jacob Shaked a déjà entendu des témoins qui affirment que Josh Baazov est à l’origine de cette campagne de diffamation.

L’un de ces témoins est un rabbin israélien basé à Moscou.

MOSCOU, Russie

Shmuel Kuperman est un rabbin qui dirige un centre communautaire juif à Moscou.

Il a contacté Josh Baazov à plusieurs reprises pour arbitrer le différend sur le contrôle de SoftSwiss, la société de casino virtuel.

Cette médiation a échoué.

En 2023, le rabbin Kuperman a témoigné devant le tribunal israélien et un affidavit a été produit.

Ses propos sont incriminants. Baazov lui aurait avoué être à l’origine de la campagne de menaces contre Montik et les autres Biélorusses.

Josh [Baazov] m’a dit que je verrais bientôt des publications supplémentaires […]des publications les accusant de crimes qu’ils n’avaient pas commis, par exemple le meurtre d’un journaliste bulgare, le blanchiment d’argent, etc., afin de faire pression sur euxécrit le rabbin dans son affidavit, ajoutant que M. Baazov se vantait de cette opération d’intimidation.

De temps en temps, Josh m’informait de nouvelles vidéos qui allaient être publiées à des fins de diffamation. […]. Ces messages contenaient des conversations privées obtenues grâce au piratage de leurs appareils, y compris des photos des épouses. […]qui ont été distribués aux salariés de l’entreprise.

Un proche collaborateur de M. Baazov a même déclaré au rabbin Kuperman que C’était le style de Josh. […] et qu’il n’a pas hésité à recourir à des moyens illégitimes lorsque d’autres solutions n’étaient pas disponibles.

Selon un autre témoin, expert israélien en cybersécurité, Baazov est à l’origine de cette campagne de diffamation et il la finance notamment en cryptomonnaie.

Ces témoignages ont convaincu le juge Shaked qu’il s’agissait d’une affaire sérieuse.

Ils se sont tous deux parjurés devant le tribunala réagi Josh Baazov dans un email envoyé à Enquête.

Josh Baazov nie toute implication dans le piratage informatique et dans cette campagne de diffamation. Selon sa défense déposée en Israël, la plainte est absurde et sans fondement.

Il s’agit d’une tactique d’intimidation, affirment ses avocats israéliens.

Il préfèrerait être la victime. UN bande de criminels russes volé son entreprise, ajoute-t-il dans son email envoyé à Enquêteajoutant que ce dernier ont publié tout ce qui était négatif sur [lui].

Certains sites Internet, dont Radio-Canada a eu connaissance, diffusent en effet des informations négatives à l’égard de Josh Baazov.

Ces sites contiennent mensonges sérieuxdénonce l’homme d’affaires impliqué dans le casino de Wôlinak.

Il est décrit comme une personne faim d’argent facile OMS effectue des transactions obscures, un menteur qui agit comme un chef de la mafia et qui est impliqué dans des activités frauduleuses en Russie et en Israëlun homme à la tête d’une organisation criminelle OMS blanchir de l’argent et qui pratique la corruption» énumère entre autres Baazov dans sa contre-action contre les Biélorusses.

Baazov poursuit à son tour ses anciens partenaires commerciaux en Israël. Il réclame 35 millions de dollars de dommages et intérêts.

Cette affaire pourrait encore réserver bien des surprises, car Josh Baazov n’aurait pas pas de limitesselon le procès intenté par le fondateur de SoftSwiss, Ivan Montik.

La prochaine audience du tribunal en Israël est prévue pour mars 2025.


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