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En Israël, les volontaires du 7 octobre pansent leurs bleus

Entre chaque chanson, les rires et les blagues affluent. Puis la musique s’arrête et chacun reçoit un crayon et un morceau de papier sur lequel le psychologue Vered Atzmon Meshulam leur demande d’écrire leurs pensées noires, une pensée qui les pèse, avant de les jeter au feu.

Ce cérémonial, tradition généralement observée avant la fête juive de Yom Kippour, s’inscrit dans le cadre d’une retraite thérapeutique de deux jours réservée aux bénévoles de Zaka, une organisation unique en son genre, chargée de secourir mais aussi de collecter les dépouilles des morts.

Tout, y compris le sang, doit être collecté pour un enterrement afin de se conformer aux rites religieux juifs.

Le 7 octobre 2023, ces hommes, pour la plupart juifs ultra-orthodoxes, étaient parmi les premiers arrivés sur les lieux d’attaques perpétrées par des commandos du mouvement islamiste palestinien Hamas dans le sud d’Israël.

L’ampleur du massacre et sa brutalité sans précédent ont laissé des cicatrices durables. Aujourd’hui, c’est à leur tour d’être aidés.

Même si leur vie continue, les scènes d’horreur restent gravées dans leurs esprits.

Des volontaires de Zaka, une organisation israélienne chargée de secourir et de collecter les dépouilles des morts, participent à une session d’activités visant à traiter les traumatismes, à Nes Harim, près de Jérusalem, le 17 novembre 2024. PHOTO AFP / Menahem KAHANA

“J’étais dans un très mauvais état mental, je n’arrivais pas à dormir la nuit, j’étais allongé par terre et j’avais toutes sortes de symptômes étranges”, a déclaré Oz Avizov, bénévole de Zaka depuis plus de 15 ans.

Après plusieurs jours passés dans le sud d’Israël au lendemain du 7 octobre, il lui a fallu des mois pour se rendre compte que son comportement n’était pas normal.

Une visite chez le psychologue pour discuter de ses expériences, notamment des heures angoissantes passées à se cacher dans un tuyau d’égout pendant que les hommes du Hamas semaient la terreur à proximité, « m’a aidée à me réveiller et à sortir de ma torpeur ».

C’est à ce moment-là que cet homme de 48 ans a réalisé que d’autres bénévoles pourraient également avoir besoin d’aide. Et il a poussé à la création du premier programme thérapeutique au sein de l’organisation.

Spécialisée en traumatologie, Mme Atzmon Meshulam anime ces séances cathartiques pour le corps et l’esprit, utilisant, par exemple, des exercices vocaux et des bains de glace pour réduire le niveau de stress et renforcer la résilience.

Des volontaires de Zaka se plongent dans des baignoires métalliques remplies d’eau froide et de glace, lors d’une séance d’activités visant à traiter les traumatismes, à Nes Harim, près de Jérusalem, le 17 novembre 2024. PHOTO AFP / Menahem KAHANA

En simples maillots de bain, les volontaires s’immergent dans des baignoires métalliques remplies d’eau froide et de blocs de glace, grimaçant de douleur. Les bons Samaritains se tiennent la main et chuchotent à leurs oreilles.

Créée en 1995, au lendemain des premiers attentats-suicides palestiniens en Israël, Zaka – acronyme hébreu de « identification des victimes de catastrophes » – s’appuie sur des dons et compte plus de 3 000 volontaires civils prêts à intervenir dans tout le pays en cas de catastrophe ou de catastrophe. accident.

Depuis plus de 30 ans, explique son leader Dubi Weissenstern, la question de l’aide aux bénévoles, témoins des scènes les plus horribles, est restée largement inaperçue.

Un volontaire Zaka immergé dans une baignoire métallique remplie d’eau froide et de glace, est guidé par un thérapeute (d) lors d’une séance d’activités visant à traiter les traumatismes, à Nes Harim, près de Jérusalem, le 17 novembre 2024. PHOTO AFP / Menahem KAHANA

« Avant, j’étais opposé à ces ateliers, je pensais qu’ils faisaient mal aux âmes », raconte-t-il.

Mais il dit trouver lui-même du réconfort dans la camaraderie de ces séances débutées en début d’année.

D’autres suivront en 2025, selon lui.

« Je ne peux pas expliquer ce qui s’est passé ici, mais quand je viens, je pars et je suis une personne différente », confie-t-il. “Je suis content d’être venu, cela a guéri mon âme.”

– Souvenirs ineffaçables –

Chef d’une nouvelle unité axée sur la résilience, Atzmon Meshulam admet que faire face à de tels traumatismes est un processus à long terme.

Des volontaires de Zaka, une organisation israélienne chargée de secourir et de collecter les dépouilles des morts, participent à une session d’activités visant à traiter les traumatismes, à Nes Harim, près de Jérusalem, le 17 novembre 2024. PHOTO AFP / Menahem KAHANA

« Les événements auxquels (les volontaires) ont été exposés étaient d’une ampleur sans précédent. Je ne pense pas qu’il soit possible de se préparer à une telle cruauté massive », a-t-elle déclaré.

Ils « ont été exposés à des corps maltraités et agressés sexuellement », ajoute-t-elle. “Il y a des souvenirs qui ne pourront jamais être effacés.”

Zaka considère sa tâche comme l’une des plus belles « mitsvot » (prescriptions religieuses juives) qui soient, car ses bénéficiaires ne pourront jamais lui rendre la pareille.

Pour Mme Atzmon Meshulam, qui est entrée en contact avec Zaka alors qu’elle travaillait auprès de familles endeuillées le 7 octobre, cette retraite thérapeutique est une forme de remerciement.

Il « leur dit : +vous pouvez veiller sur le peuple d’Israël, et nous veillerons sur vous pour que vous puissiez continuer cette œuvre importante et sacrée+ ».

 
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